PRÉCIPITER, verbe trans.
Étymol. et Hist. I. Verbe [1386 (
Bl.-W.
3-5, s. réf.)]
A. 1. a) av. 1442 fig. «faire tomber d'une position élevée, faire déchoir» (
Pierre de Nesson, Paraphrase des IX Leçons de Job, éd. A. Piaget et E. Droz, p.81 ds
IGLF: pour [...] moy tellement
precipiter);
b) 1661 fig. «faire passer d'un sentiment d'exaltation à un sentiment d'abattement» (
Molière, Dom Garcie, III, 2, vers 894);
2. mil.
xves. fig. «faire tomber dans une situation dangereuse, pénible, inférieure» (
Internele consolacion, éd. A. Pereire, p.184: aucun impourveü
precipiter ou laz de deception);
3. 1466 pronom. «se jeter d'un lieu élevé» (
Pierre Michault, Doctrinal, LXVII, éd. Th. Walton, p.173, 54); 1495 trans. «jeter d'un lieu élevé» (
Jean de Vignay, Miroir historial, XXXI, 71, éd. 1531 ds
Delb. Notes mss: monta sur ung cheval [...] cheut et
fut precipité en une fosse);
4. a) 1555 chim. part. passé adj. «réduire le mercure en poudre rouge en le cuisant» (
B. Aneau, trad.
Trésor de Evonime Philiatre, Lyon, p.261: argent vif
precipité); 1636 trans. et pronom. (
Monet);
b) 1663 chim. trans. «faire déposer un corps en solution dans un liquide» (Chr.
Glaser, Traité de la chim., Paris, l. 1, p.25:
precipiter est separer le mixte dissout); 1680 pronom. (
Rich.,
s.v. precipitation); 1690 intrans. (
Fur.).
B. 1. 1442 trans. «presser, hâter (quelqu'un)» (Arch. Nat. P. 1361
1, pièce 950 ds
Gdf. Compl.);
2. 1552 trans. «accélérer, hâter» (
J. Du Bellay, Énéide, 4
el., 1048 ds
OEuvres poét., éd. H. Chamard, t.6, p.298: chacun [...] la fuyte
precipite); 1557 pronom. «devenir plus rapide, s'accélérer» (
R. Belleau, Reconnue, III, 5 ds
OEuvres poét., éd. Ch. Marty-Laveaux, t.2, p.410);
3. 1556 trans. «faire, décider avec hâte» (
P. Saliat, trad. des
Neuf Livres des Histoires de Hérodote, III, 71, ds
Hug.: vous ne
precepiterez telle entreprise);
4. 1559 trans. «rendre plus prochain (un événement)» (
O. de Magny, Odes, éd. E. Courbet, t.1, p.140:
precipitant sa mort);
5. 1559 pronom. «se hâter (de)» (
Amyot, Vies, Fabius, éd. L. Clément, p.82: se
precipitast et hastast de faire quelque grand mal); 1559 absol. «agir avec hâte» (
Id., ibid., p.84, 28: en se
precipitant par trop);
6. 1559 pronom. fig. «se livrer impétueusement à» (
Id, ibid., p.84, 22: Minutius s'est allé
precipiter luy mesme en sa ruine);
7. a) 1665 pronom. «s'élancer vers une personne, un lieu» (
Racine, Alexandre, 746); 1671 absol. «accourir en hâte» (
Molière, Psyché, 187);
b) 1677 trans. «jeter, pousser vivement» (
Racine, Phèdre, V, 6, vers 1541).
II. Part. passé adj.
1. 1534 «hâtif, brusque, accompli ou décidé dans la précipitation» (
Rabelais, Gargantua, chap. XXIX, éd. R. Calder, p.185: par conseil
precipité);
2. 1579 «(d'une personne) qui agit avec précipitation» (
E. Charrière, Négociations de la France ds le Levant, t.3, p.833: ledit bassa [...]
précipité, et non doué des vertus de la prudence politique);
3. 1580 «d'allure ou de rythme rapide» (
Montaigne, Essais, II, 6, éd. Villey-Saulnier, p.372);
4. 1594 «escarpé, à pic» (
J. B. Chassignet, Mespris de la vie, sonn. 380 ds
Hug.: un roc
precipité). Empr. au lat.
praecipitare trans. «jeter d'un lieu élevé; fig. abaisser, faire déchoir, ruiner; hâter, accomplir dans la hâte; presser, pousser vivement à», intrans. «tomber, se précipiter; tirer à sa fin; déchoir, aller à sa ruine», dér. de
praeceps, praecipitis adj. «la tête en avant, la tête la première; rapide, impétueux; escarpé; qui agit avec précipitation, inconsidérément», subst. «précipice, abîme», mot formé de
prae «en avant» et
-ceps, de
caput «tête». Au sens I A 4 b,
cf. l'angl.
to precipitate (1644 ds
NED).