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PRAGMATIQUE, adj.
Étymol. et Hist.I. 1440 pragmatique sanction «acte solennel par lequel le souverain règle certaines affaires» ici spéc. l'acte (rédigé en latin) par lequel Charles VII statua le 7 juillet 1438 sur différents points concernant l'Église catholique et les ecclésiastiques à la suite du Concile de Bâle (Déclaration de Charles VII, 2 sept. 1440 ds Ordonnances des rois de France, t.13, 1782, p.320); 1561 subst. fém. la Pragmatique «pragmatique sanction» (Concordat entre Léon X et François Ier, 1517 ds La Pragmatique Sanction, Paris, R. Le Margnier, p.41). II. 1842 adj. «directement orienté vers le réel, la vie pratique» (histoire) pragmatique «dont on peut tirer des conclusions pratiques immédiates» (Ac. Compl.); 1946 subst. masc. «personne qui a l'esprit tourné vers le concret, le sens pratique» (Mounier, Traité caract., p.637). III. 1956 (E. Benveniste, La nature des pronoms ds For Roman Jakobson, Mouton & Co, La Haye, 1956, p.34: ce niveau ou type de langage que Charles Morris appelle pragmatique, qui inclut, avec les signes, ceux qui en font usage); 1968 subst. fém. sémiot. «étude des relations entre les signes et les usagers» (Lal. Suppl., p.1274). I empr. au lat. pragmaticus, -a, -um «relatif aux affaires politiques, intéressant la politique, habile ou expérimenté en droit» dans l'expr. du lat. de basse époque pragmatica sanctio désignant un rescrit de l'empereur. II du gr. π ρ α γ μ α τ ι κ ο ́ ς «qui concerne l'action, qui concerne les affaires» (d'où le lat. pragmaticus, -a, -um), dér. de π ρ α γ μ α «action», par l'intermédiaire de l'all. pragmatisch, notamment l'histoire dans l'expr. pragmatische Geschichte «histoire pragmatique» transcrivant, dans un empl. partic., l'expr. ι ̔ σ τ ο ρ ι ́ α π ρ α γ μ α τ ι κ η ́ de l'historien gr. Polybe (v. Lal. et Lal. Suppl., en partic. pour l'empl. de pragmatisch chez Kant). III subst. de II d'apr. l'angl. pragmatics (1937 Ch. W. Morris ds NED Suppl.2et ds International Encyclopedia of Unified Science, I, 2, Chicago, 1938, p.29), l'empl. du terme par E. Benveniste corresp. à l'angl. pragmatic (1935 ds NED Suppl.2) ou pragmatical (1939 ibid.) au sens de «qui relève de la pragmatique».

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1. pragmatique sanction subst. fém. « édit d'un souverain statuant de façon définitive sur certaines affaires très importantes du pays ». Attesté depuis 1440 [dans une ordonnance de Charles VII du 2 septembre] (Ord, volume 13, page 320 : observez & gardez & faites observer & garder entierement, chacun en droit soy, nostre Pragmatique Sanction, selon sa forme & teneur). - 
A. 2. pragmatique subst. fém. « édit d'un souverain statuant de façon définitive sur certaines affaires très importantes du pays ». Attesté depuis 1460/1483 (Roye, Chron. scand. M., volume 2, page 77, in DMF 2009 : En icelluy temps, le roy fist faire grant assemblée de prelatz, gens d'eglise, de grans clers, tant des universitez de Paris, Montpelier que d'autres lieux, pour eulx trouver et assembler en la ville d'Orleans pour subtillier et trouver moyen de ravoir la Pragmatique, et que l'argent des vaccans des benefices ne feust plus porté à Romme ne tyré hors de ce royaume). - 
B. 1. a./B. 3. pragmatique adj. « (entité, construction intellectuelle) qui concerne l'action, les faits réels ». Attesté depuis 1834 [dans une traduction de l'allemand] (Hahnemann, Exposition, page 523, note 1, in Google, Recherche de Livres : On est frappé de la prolixité je dirais presque pragmatique, avec laquelle Brown traite de la goutte, tandis qu'à peine sait‑il donner quelques phrases superficielles sur les plus importantes des autres maladies spéciales). - 
B. 1. b. pragmatique adj. « (être, surtout humain) porté à l'action ». Attesté depuis 1835 [dans une traduction de l'allemand] (Creuzer, Religions, volume 2, page 583, in Google, Recherche de Livres : C'était donc tout‑à‑fait dans l'esprit de la haute antiquité que l'analyse logique des derniers temps distingua un Jupiter élémentaire, un Jupiter intellectuel, et un Jupiter pragmatique ou politique). - 
B. 2. b. pragmatique adj. « ordonné à un but, correctement mené et productif de résultats » (psychologie). Attesté depuis 1951 (ACIC 2, volume 3, page 10 : lorsque l'activité pragmatique est perturbée, elle les conduit généralement au délit naturel ou mauvaise vie de Garófalo). - 
B. 2. a. pragmatique adj. « relatif au pragmatisme, doctrine selon laquelle n'est vrai que ce qui fonctionne réellement » (philosophie). Attesté depuis 1907 (Hamelin, Essai, page 18 : nous nous avouons phénoméniste, pourvu qu'on n'attache à ce mot aucune idée d'empirisme ; ou, si l'on aime mieux, nous sommes idéaliste au sens où le furent les Pythagoriciens quand, renonçant aux supports physiques sur lesquels leurs précédesseurs avaient fait reposer ces déterminations, ils prirent comme l'étoffe même des êtres, le fini, l'infini, l'unité. Les plus profonds parmi les philosophes les ont suivis en cela et on ne donnerait pas une idée fausse de la philosophie en disant qu'elle est l'élimination de la chose en soi. Un tel idéalisme est d'ailleurs ce qu'on peut imaginer de plus réaliste : c'est, pour employer un mot que les Péripatéticiens opposent volontiers à celui de logique, une doctrine pragmatique). - 
B. 2. c. α. pragmatique adj. « relatif à l'utilisation du langage en situation de communication » (linguistique). Attesté depuis 1956 (Benveniste, Mél. Jakobson, page 34 : L'énoncé contenant je appartient à ce niveau ou type de langage que Charles Morris appelle pragmatique, qui inclut, avec les signes, ceux qui en font usage). - 
B. 2. c. β. pragmatique subst. fém. « domaine de la linguistique qui a pour objet l'utilisation du langage en situation de communication ». Attesté depuis 1967 (Perelman in Benveniste, ACSPLF 13, page 43 : Le philosophe recherche toujours le contact avec les spécialistes des disciplines où il pourrait apprendre quelque chose ; c'est le cas de la linguistique. Mais il y a toujours un danger, quand les personnes de disciplines différentes s'entretiennent, c'est que leurs classifications et leur vision, leurs problèmes soient à tel point différents qu'ils peuvent être à la base d'un grand nombre de malentendus, chacun continuant sa propre discipline. Par exemple, quand vous prolongez de Saussure, un philosophe qui vous écoute pense, lui, à l'histoire de sa propre discipline, qui a élaboré progressivement une distinction entre syntaxe, sémantique et pragmatique, l'ensemble étant appelé sémiotique ; les mêmes mots ayant un sens tout autre pour vous et pour lui). - 

Origine :
A. Transfert linguistique : emprunt au latin pragmatica sanctio subst. fém. « rescrit de l'empereur » (attesté depuis le Code de Justinien [528/529], TLL 10/2, 1121) (A. 1.). Le syntagme nominal figé s'est presque immédiatement simplifié par ellipse (A. 2.). Cf. Kuhn in FEW 9, 327ab, pragmaticus.
B. 1. a.‑b./B. 2. b./B. 3. Transfert linguistique : emprunt à l'allemand pragmatisch adj. « qui concerne les faits réels, l'action » (attesté depuis 1663, Schulz, Fremdwörterbuch1) (ci‑dessus B. 1. a.‑b./B. 3.). Au 20e siècle, l'adjectif s'est fixé dans la terminologie de la psychologie (B. 2. b.).
B. 2. a. Transfert linguistique : calque de l'anglais pragmatic adj. « relatif au pragmatisme philosophique » (attesté depuis 1902 [W. James], OED2). L'intégration du calque a été facilitée par le sentiment d'une dérivation interne à partir du substantif pragmatisme*.
B. 2. c. α.-β. Transfert linguistique : calque de l'anglais pragmatics subst. « domaine de la linguistique qui a pour objet l'utilisation du langage en situation de communication » (attesté depuis 1937 [Ch. Morris : Analysis reveals that linguistic signs sustain three types of relations (to other signs of the language, to objects that are signified, to persons by whom they are used and understood) which define three dimensions of meaning. These dimensions in turn are objects of investigation by syntactics, semantics, and pragmatics], OED2), pragmatic adj. « relatif à l'utilisation du langage en situation de communication » (attesté depuis 1935 [B. Malinowski : Since it is the function, the active and effective influence of a word within a given context which constitutes its meaning, let us examine such pragmatic utterances], OED2).


Rédaction TLF 1988 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2009 : Solène Bresson.. - Relecture mise à jour 2009 : François Recanati ; Denis Apothéloz ; Thomas Städtler ; André Thibault ; Éva Buchi ; Nadine Steinfeld.