POUCE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1 a) Ca 1130
pouz « le plus fort des doigts » (
Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 10, § 1);
b) loc. 1718
y mettre les quatre doigts et le pouce « se servir avidement et malproprement d'un plat »
(Ac.); 1790
coucher les pouces « s'avouer vaincu, céder » (
Jugement de M. Necker in
Braesch,
Le Père Duchesne d'Hébert, p. 205 ds
Quem. DDL t. 19); 1790
mettre les pouces «
id. » (
Jean Bart, numéro 80, p. 5,
ibid.); 1829
prendre un petit verre sur le pouce (
Vidocq,
Mém., t. 3, p. 244); 1834
tourner ses pouces (
Balzac,
E. Grandet, p. 11); 1893
se tourner les pouces (
Courteline,
Boubouroche, p. 277); 1847
donner le coup de pouce « étrangler » (
Balzac,
Cous. Pons, p. 232); 1872
donner le coup de pouce à balance (
Larch., p. 104); 1862
donner le coup de pouce « arranger, forcer, exagérer légèrement la réalité » (
Flaub.,
Corresp., p. 66); 1853
coup de pouce dans la balance (
Goncourt,
loc. cit.); 1874
donner le coup de pouce à un roman, à un dessin « donner la dernière main à un ouvrage, le finir, le parachever » (
Lar. 19e); 1883
pouce! interj. (empl. par les enfants) servant à se mettre momentanément hors du jeu (
Delvau Suppl.);
2. a) fin
xiiies.
peuce « premier orteil du faucon » (trad. du
Traité de fauconnerie de l'emp. Frédéric II ds
Z. rom. Philol. t. 46, p. 276); 1845 « doigt postérieur des oiseaux » (
Besch.);
b) 1549
le poulce du pied (
Est.);
3. a) ca 1140
pouz « mesure de longueur, 1/12 du pied » (
Pèlerinage Charlemagne, éd. Favati, 811);
b) loc. av. 1654
pas un pouce de terre « pas la moindre propriété territoriale » (
Guez de Balzac,
Le Romain ds
Littré); 1831
ne pas céder un pouce de terre (
Michelet,
Hist. romaine, t. 2, p. 192); 1836
ne pas reculer d'un pouce (
Stendhal,
L. Leuwen, t. 1, p. 248);
c) 1842
et le pouce! (
Balzac,
Début vie, p. 314). Du lat.
pollicem, acc. de
pollex « pouce »; les formes sans
e final en 1 a et 3 a étant dues à une syncope précoce de la pénultième atone.
Coucher (var.
mettre)
les pouces, peut-être p. allus. à la coutume antique de diriger le pouce vers le bas pour signaler la défaite acceptée ou la sanction de la défaite par la mise à mort.
Sur le pouce, l'expr. fait sans doute réf. au rôle des pouces dans le maniement du couteau et du pain tranché ainsi qu'à la nourriture rapidement « poussée ».
Tourner ses pouces, cf. 1611
les poulces à la ceinture « oisif » (
Cotgr.); 1862
malade du pouce « fainéant qui refuse le travail sous prétexte de maladie » (
Larch., p. 259).
Donner le coup de pouce, par suite de l'infl. homon. du verbe
pousser. 3 c en raison de son domaine d'application (prix, commerce en partic.), doit peut-être être rapproché de certaines expr. de l'anc. lang. du commerce telles que
poulce sur aune (1606,
Nicot,
s.v. fust)
, pouce et aune (1723,
Savary,
s.v. bon d'aunage), (marché fait)
au pouce de la chandeille « vente aux enchères limitée en durée par une marque faite sur une chandelle, qui devait se consumer jusqu'à une pouce de sa base » (1450
a un poch de candeille alumée, Cartulaire de l'Abbaye de Flines, f
o504 r
o).