POISSON1, subst. masc.
Étymol. et Hist.1. Zool.
a) ca 980
pescion (
Jonas, éd. G. de Poerck, 36); fin
xes.
peison (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 441);
ca 1160
poisson (
Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, I, 720);
b) ca 1245
poisons roiaus «poissons dignes de la table du roi» (
Henri d'Andeli,
Bataille des VII arts, 40, éd. A. Héron, p.44); 1265
blanch pisson (hapax) «blanchaille, fretin» (doc. ds
Du Cange,
s.v. anwilla); 1701
poisson blanc (
Nouv. maison rustique t.1, p.260); 1690
poisson-volant (
Fur.); 1762
poisson-coffre (
Valm.); 1764
poisson-rouge, poison d'or (
ibid.);
c) 1466
poisson d'avril «entremetteur, intermédiaire, jeune garçon chargé de porter les lettres d'amour de son maître» (
Pierre Michault,
Doctrinal du temps présent, éd. T. Walton, X, 399); 1507-08
poisson d'apvril «
id.» (
Eloy d'Amerval,
Livre de la Deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, 176); 1509
poisson d'apvril «maquereau» (
Resurrection de Jenin Landore ds
Anc. Théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t.2, p.31; ici jeu de mots fondé sur les deux sens qu'avait
maquereau); 1827
poisson «souteneur» (d'apr.
Chautard Vie étrange Argot, p.140); 1691
poisson d'avril «tromperie, mystification traditionnelle du 1
eravril» (J.
de La Brune,
La Vie de Charles V, duc de Lorraine, p.13); 1718
donner un poisson d'avril à qqn «obliger quelqu'un à faire quelque démarche inutile pour avoir lieu de se moquer de lui»(
Ac.); 1740
donner un poisson d'avril à qqn «faire accroire à quelqu'un le premier jour d'avril une fausse nouvelle, ou l'obliger à faire quelque démarche inutile pour avoir lieu de se moquer de lui» (
ibid.);
2. collectivement 1155
peissun (
Wace,
Brut, 5923 ds T.-L.);
3. loc. fig.
a) 1476
les grans poissons mengüent les petis (
Jean Molinet,
Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t.1, p.72, 216); 1611
les gros poissons mangent les petis (
Cotgr.);
b) 1560
n'estre ne chair ne poisson (
Calvin,
Institution de la religion chrétienne, éd. J.-D. Benoît, II, 3, t.2, p.70);
c) 1611
muet comme un poisson (
Cotgr.);
d) 1640
heureux comme le poisson dans l'eau (
Oudin Curiositez); 1679
estre comme un poisson dans l'eau (
Rich.);
e) 1640
ne savoir à quelle sauce manger ce poisson (
Oudin Curiositez); 1640
la sauce vaut mieux que le poisson (
ibid.); 1694
la sauce fait manger le poisson (
Ac.); 1903
la sauce fait passer le poisson (
Nouv. Lar. ill.);
f) 1688
il avalerait la mer et les poissons (
Miège);
g) 1833
finir en queue de poisson (
Balzac,
Ferragus, p.14); 1926
queue de poisson (en parlant d'un cycliste) (d'apr.
Esn.);
h) 1920
engueuler qqn comme du poisson pourri (
Bauche);
4. a) 1679 astron.
les poissons (
Rich.); 1691
poisson austral, poisson volant (
Ozanam);
b) 1869 iconogr. «symbole du Christ dans l'art chrétien primitif» (
Littré);
c) 1903
poisson artificiel (servant d'appât) (
Nouv. Lar. ill.). Dér. très anc. de
peis/pois att. en a. fr. par les comp.
graspeis «baleine» (
ca 1140,
Geffrei Gaimar,
Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 444), proprement «gras poisson» et
porpais «marsouin» (1036 [original perdu de 1170; copie du
xvies.], doc. ds
Fagniez t.1, p.57).
Peis/pois est issu du lat.
piscis «poisson» et au plur.
Pisces «les Poissons (signe du zodiaque)». À la différence des autres lang. rom. qui ont toutes le simple (roum.
pe,ste, ital.
pesce, esp.
pez, port.
peixe), le fr. a développé le dér.
poisson, sans doute pour éviter la confusion entre les homon.
peis «poisson» et
peis «plante dont certaines variétés potagères sont cultivées pour leurs graines» (lat.
pisum). 1 c
Avril est la saison privilégiée de la pêche au maquereau et le déb. du printemps est propice aux amours illégitimes. Le rapport entre
poisson d'avril «maquereau» et
poisson d'avril «farce faite le premier avril» reste difficile à expliquer. 3 b, l'ambiguïté entre
chair (viande) et
poisson a été entretenue par la classification adoptée par l'Église pour les aliments considérés comme maigres; 3 d
cf. ca 1274 «Je ne suis pas si aise com li
poissons qui noe» (
Adenet le Roi,
Berte, éd. A. Henry, 859); 3 g trad. du
Desinit in piscem d'Horace, p.allus. aux sirènes dont la tête est belle mais dont le corps se termine «en poisson».
Queue de poisson (en parlant d'un véhicule) p.compar. avec le mouvement ondoyant du coup de queue d'un poisson; 3 h sans doute p.allus. aux injures des harengères, des poissardes, v.
Rey-
Chantr. Expr.; 4 b le mot gr. ι
̓
χ
θ
υ
́
ς «poisson» corresp. aux init. de Ι
η
σ
ο
υ
̃
ς
Χ
ρ
ι
σ
τ
ο
ς
θ
ε
ο
υ
̃
υ
ι
̔
ο
́
ς
σ
ω
τ
η
́
ρ, «Jésus-Christ, de Dieu Fils, Sauveur».