ORDINAIRE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. I. Subst.
A. 1. 1260
ordenaire «autorité ecclésiastique diocésaine» (
Liv. de Jost. et de plet, p.62 ds
Gdf. Compl.); 1335
ordinaire (
Girart de Roussilon, éd. E. B. Ham, 318);
2. 1328 «Livre contenant l'ordinaire de la messe» (
Inv. de Clémence de Hongrie; N. C. de l'Arg. 62 ds
La Curne); 1718
ordinaire de la Messe (
Ac.);
3. xve-
xvies. «ce qu'on fait habituellement» (
L'Am. ressusc., p.299 ds
La Curne); 1643
c'est l'ordinaire de (
Corneille, Le Menteur, I, 6);
4. 1559 «ce qui est normal» (
Amyot, Publ., 9).
B. 1. 1489 «ensemble des mets constituant l'alimentation quotidienne» ici «viatique» (
Rep. fr. [faussement attribué à Villon], p.20 ds
La Curne);
2. 1690 «portion de grains donnée quotidiennement aux chevaux» (
Fur.);
3. 1766 «prestation nécessaire à la subsistance d'un effectif» (
Ordonnance d'apr.
Lar. 19e).
C. 1. a) 1636 «courrier partant et arrivant à date fixe» (
Monet];
b) 1671 «jour où parvenait ce courrier» (
Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, II, p.245);
2. 1690 «prélat exercant la juridiction ordinaire» (
Fur.).
II. Adj.
1. 1348 «conforme à l'ordre normal» (
Affranch. de Gy, A. de Gy ds
Gdf. Compl.: Exactions
ordenaires et extraordenaires);
2. 1355 «se dit d'une personne qui remplit régulièrement une fonction»
juges ordinaires (
Ordonnance du 8 déc. ds
Rec. gén. des anc. lois fr., éd. Decrusy, Isambert et Jourdan, IV, p.752);
3. a) 1553 «dont on use habituellement»
portion ordinaire «qui constitue l'alimentation quotidienne» (
La Bible, s. l., impr. J. Gérard,
Jérémie, 52, 33);
b) 1580 «conforme à l'usage habituel» (
Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, V, p.26);
4. av. 1615 «commun à un grand nombre de personnes»
droit commun et ordinaire (
Pasq., Rech., III, 242 ds
La Curne);
5.a)1675 «qui ne dépasse pas le niveau commun, moyen»
hommes ordinaires (
Fléch[
ier],
Turenne ds
Littré);
b) 1864 «de condition sociale modeste»
des gens ordinaires (
Erckm.-
Chatr., loc. cit.);
6. 1804
les coupes ordinaires des bois (
Code civil, art.521, p.96).
III. Loc.
1. a) xves. [ms.]
à l'ordinaire «habituellement» (
Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 79, 35 var.);
b) 1607
à l'ordinaire de (
Hulsius);
c) 1792
comme à son ordinaire (
Collin d'Harl., Vieux célib., IV, 9, p.108); 1795
comme à l'ordinaire (
Genlis, Chev. cygne, t.2, p.203);
2. 1601
d'ordinaire (
Rec. des coutumes de l'évéché de Metz, titre II, §X ds
Nouv. coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, II, 415);
3. 1678
contre l'ordinaire (
La Fontaine, Fables, XI, IV, 7 ds
OEuvres, éd. H. Régnier, III, 118);
4. 1678
selon l'ordinaire (
Id., ibid., XI, VI, 27,
ibid., III, 134). Empr. au lat. d'époque impériale
ordinarius «rangé par ordre; conforme à la règle, à l'usage» lui-même dér. de
ordo, -inis, v.
ordre; au sens II 2,
cf. dès
ca 1140 a. prov.
jutge ordinaris (
Trad. du Code de Justinien, fol. 10 ds
Rayn.).