ORANGE, subst. et adj.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 [ms. du
xiiies.] agn.
pume orenge désigne l'orange amère ou bigarade (
A. Neckam,
Comment. sur le Cantique des cantiques, ms. Brit. Mus. ms. Royal 4 D XI, f
o83 r
ocol. a d'apr.
R. Loewe ds
Arch. ling. t.6, 1954, p.124); 1314
pomme d'orenge (
Henri de Mondeville,
Chirurgie, éd. A. Bos, 1824);
ca 1393 p.ell.
orenge (
Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p.279, 12);
b) 1515
orange «fruit de l'oranger» (
M. Du Redouer,
S'ensuyt le Nouveau monde et navigations [trad. de l'ital., lui-même trad. du port.], f
o36 r
ods
Arv., p.370);
2. 1553 adj. «de couleur d'orange» (doc. ds
A. Joubert,
Hist. de la baronnie de Craon, p.486). L'a. fr.
pome (d') orenge serait un calque de l'a. ital.
melarancio, -a (dep. le
xives.,
Boccace d'apr.
DEI) comp. de
mela «pomme» et de
arancio «oranger» et «orange», ce dernier étant empr., avec déglutination, à l'ar.
nārang(a), lui-même empr. au persan
narang; le
o- du fr. mod. s'explique prob. par l'infl. du nom de la ville d'
Orange, a. fr.
Orenge (
Bl.-
W.2-5; v. aussi
FEW t.19, p.139b), tandis que le
-a- s'explique par celle de l'ital.
arancia,
orange étant d'abord att. dans une trad. de l'ital. (
supra 1515;
Arv., p.370). Au Moy. Âge, le mot désignait l'orange amère, transmise par les Perses aux Arabes, qui l'importèrent en Sicile d'où elle passa au reste de l'Europe méditerranéenne. L'orange douce, apportée de Chine par les Portugais au
xvies., a évincé, en héritant de son nom, la variété amère. V.
FEW,
loc. cit.