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ORAISON, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 oraisun «prière» (Alexis, éd. Chr. Storey, 308); 2. ca 1210 orison «assemblage des mots dont est composé le langage» (Dolopathos, éd. Ch. Brunet et A. de Montaiglon, p.48, 1348); fin xives. oroison «discours, propos» (ds Roques t.2, B.N. Lat. 13032, 8525); spéc. 1511 «discours d'un orateur» (Jean Lemaire de Belges, De la différence des Schismes et des Conciles, éd. J. Stecher, t.3, p.280); 1569 oraison funèbre (Fr. Richardot, Oraison funebre de Madame Elisabeth de France). Empr. au lat. eccl. oratio, -onis «prière» (début iiies. ds Blaise Lat. chrét.), att. dès la période class. au sens de «discours» qui apparaît en fr. plus tardivement; le lat. oratio est formé sur le supin oratum de orare «parler, dire» d'où «parler comme un orateur» et «implorer, solliciter» et en lat. eccl. «prier» (début iiies. ds Blaise Lat. chrét.), sens le plus fréq. dans la latinité et celui qui s'est maintenu dans les lang. rom., v. Ern.-Meillet.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1. oraison subst. fém. « prière ». Attesté depuis fin 11e siècle (AlexisS2, vers 308 : E tut le pople par commune oraisun Depreient Deu que conseil lur an duins[t]). - 
A. 2. oraison subst. fém. « invocation collective qui termine les heures canoniales ou qui ponctue une célébration liturgique ». Attesté depuis 1389 (ChRethelS, volume 2, page 359 : que nous soyons participans aux orisons et prieres qui seront fais en ladite eglise). - 
B. 1. a. oraison subst. fém. « discours parlé ou écrit formé par une suite de mots organisés suivant les règles grammaticales » (grammaire). Attesté de 1164 (CommPsia1/2G2, volume 1, page 112, ligne 199 [psaume VI, vers 6] : li pechires est tant [usez en ses pecchez ke il tent a fable et a nient quantk'il ot] dire de Deu et des sainz, ne ja ne l'en menbera qu'il le reconoisse ne par bone orison, ne par bone ovre) à 1932 (Larousse3 : oraison […]. Gramm. Assemblage de mots, offrant un sens complet, et construit selon les règles de la grammaire : Le solécisme est un vice d'oraison, un des vices de l'oraison. [On dit plutôt discours]). Dernière attestation non marquée : 1874 (Larousse1 : […]. On dit aussi discours). - 
B. 1. b. partie d'oraison loc. nom. fém « partie du discours ». Attesté de la 2e moitié 13e siècle (DonatbS, page 86 : Quantes parties d'orison sont ?) à 1963 (Larousse encyclopédique1 s.v. partie : Gramm. Partie d'oraison (vieilli), partie du discours, chacune des espèces de mots dont le discours est composé). Dernière attestation dépourvue de marque diachronique (l'attestation de 1951 citée supra est marquée, cf. ci‑dessous) : 1932 (Larousse3 s.v. partie). - 
B. 2. a. oraison subst. fém. « discours prononcé en public ». Attesté depuis 1495 (Lettres Ch. VIII P., volume 4, page 141 : nous vous tenons assez records de la belle et singuliere oraison que nous fist nostre chere et bien amée Françoyse). - 
B. 2. b. oraison funèbre loc. nom. fém « discours louant les mérites d'un défunt illustre, éloge funèbre ». Attesté depuis ca 1514 (Lemaire de Belges, Œuvres, volume 4, page 280 [titre de chapitre] : De la tonsure des gens et des chevaulx et de l'oraison funebre). - 

Origine :
A./B. 1. a. Continuateur régulier du protoroman */orati'one/ subst. fém. « prière ; discours », qui se recommande comme ancêtre commun, en plus du lexème français, de francoprovençal oraison subst. fém. « prière » (dp. ca 1220/1230 [ms. 2e m. 13e s.], Hafner, Grundzüge 137‑138 ; Chenal, Dictionnaire ; FEW 7, 386a) et ancien occitan orazon (attesté de 1174 [orados pl.] à ca 1315 [oracion] ; Brunel, Chartes Supplément 53 ; Raynouard ; AppelChrestomathie ; FEW 7, 385b). Le latin classique oratio subst. fém. « discours formé par une suite de mots » (attesté depuis Cicéron, TLL 9/2, 879), latin ecclésiastique « prière méditative » (attesté depuis Itala, TLL 9/2, 888), « invocation collective qui ponctue une célébration liturgique » (attesté depuis Tertullien, TLL 9/2, 890‑891) constitue le corrélat exact du lexème protoroman reconstruit. Cf. von Wartburg in FEW 7, 385b‑386a, oratio I et StefenelliSchicksal 45 (Ø REW3). Pour ce qui est d'italien orazione subst. fém. « prière » (dp. 12e siècle, alors que le verbe orare ne date que du 14e siècle, DELI2), catalan oració (dp. Homilies d'Organyà, “molt més popularitzat en la llengua que orar”, DECat), espagnol oración (dp. Cid, “mucho más popularizado que orar”, DCECH) et portugais oração (dp. 13e s., DELP3), leur phonétisme les dénonce comme des emprunts savants. — Dans le sens grammatical (B. 1. a.), le latinisme a été évincé dès le début du 20e siècle par discours*.
B. 2. a. Transfert linguistique : calque du latin oratio subst. fém. « discours prononcé en public » (attesté depuis Cicéron, TLL 9/2, 881)..
B. 1. b. Transfert linguistique : calque du latin pars orationis loc. nom. fém. « partie du discours » (attesté depuis Rhétorique à Hérennius [85 av. J.‑Chr.], TLL 9/2, 880) ; cf. Städtler, Grammatiksprache 252‑253. Ce composé a été évincé durant le premier tiers du 20e siècle par partie du discours, cf. discours* et ce témoignage de 1933 : Marouzeau, Lexique : oraison [parties de l']. Expression traduite littéralement du lat. partes orationis pour désigner ce qu'on appelle plus communément les parties du discours.
B. 2. b. Formation française : composé du substantif oraison (ci‑dessus B. 2. a.) et de l'adjectif funèbre*.


Rédaction TLF 1986 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2008 : Rembert Eufe ; Éva Buchi.. - Relecture mise à jour 2008 : Jean-Pierre Chambon ; Nadine Steinfeld ; Gilles Petrequin.