ON, pron. pers. indéf.
Étymol. et Hist. Pron. de la pers. suj. indéterminée
A. 1. Employé sans art. 842 (
Serments de Strasbourg ds
Henry Chrestomathie, p.2, 5: Si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum
om per dreit son fradra salvar dift;
cf. E. Koschwitz, Commentar zu den ältesten franz. Denkmälern, p.41;
Moignet, Gramm. de l'a. fr., p.146 note ,,peut encore s'interpréter comme un subst.``);
ca 1050 (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 235: Par nule guise ne l'em puet
hom blasmer), [
cf. 1647,
Vaug., p.10: Si le verbe finit par une voyelle devant
on, comme
prie-on, alla-on, il faut prononcer et escrire un
t entre deux:
prie-t-on, alla-t-on pour oster la cacophonie];
ca 1100 (
Roland, éd. J. Bédier, 2949: En un carner cumandez qu'
hom les port);
2. employé avec l'art. déf.
ca 1050 disjoint, précède le verbe dont il est le suj. (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 566: Sainz Boneface, que
l'um martir apelet); 1119 conjoint, suit le verbe (
Philippe de Thaun, Comput, éd. E. Mall, 2612: E s'ele la lune est en esclem, Saciez, dunc pruvet
l'em Qu'en cele lunaisun Avrum bele saisun). Vestige de
hom subst., cet emploi n'a plus cours que dans la langue littér. pour des raisons euphoniques,
cf. 1647,
Vaug.: ,,
on dit et
l'on dit sont bons, mais
on dit est meilleur au commencement de la période``, ainsi que la critique de cette remarque par A.
Goosse ds
Z. rom. Philol. t.75, 1959, pp.291-299.
B. 1. On étymologiquement masc. est suivi d'un part. passé adj. masc. sing.
ca 1179 (
Renart, éd. M. Roques, 1943: ...puis que
hom est antrepris Et par force lïez et pris, Bien puet savoir a cel besoing Qui l'aime et qui de lui ait soing);
cf. l'attribut accordé en genre et en nombre avec la ou les personnes qu'il représente; 1643
on suivi d'un masc. plur. (
Corneille, Polyeucte, I
, 3:
On n'a tous deux qu'un coeur qui sent mêmes traverses); 1659
on suivi d'un attribut fém. (
Molière, Précieuses, 9: Quelque spirituelle qu'
on puisse être);
2. xves. [ms.] le verbe dont
on est le suj. peut être au plur. (
Voyage d'Anglure, éd. F. Bonnardot et A. Longnon, § 168, var. M : ...aultre rue, par oult
on vont... toute maniere de gent); 1426 (
Ballade d'un pélerin au retour de Terre Sainte ds
Voyage d'Anglure, p.112, 14: Quant
on sont a tauble essis).
C. On employé stylistiquement pour représenter une ou plusieurs personnes déterminées
1. dans le discours direct, est substitué à un pron. pers. de la 2
epers. pour exprimer la distance entre le locuteur et autrui 1198-1202 substitué à
tu (
Jean Bodel, St Nicolas, éd. A. Henry, 256: Que vent
on chaiens? [dit Auberon au tavernier]);
2. substitué à un pron. pers. de la 3
epers. [emploi prédicatif] 1253 (
Recueil gén. des jeux-partis éd. A. Långfors, XCIII, Sire Audefroy à J. Bretel, 1: J'aim par amours et
on moi ensement [
on: elle, ma dame]);
3. substitué à un pron. de la 1
repers.
a) ca 1340 représente
je (
Bastard de Bouillon, éd. R. Fr. Cook, 4760: ,,Biaus niés``, dist l'amulainne, ,,oies c'
on vous dira``);
b) représente
nous; le verbe est au plur.
ca 1445 Rouen (
Farce joyeuse des galans et du monde ds
Recueil gén. des sotties, éd. E. Picot, II, 88:
On ne debvons pas grand amende; v. ex. analogues
xvies. Normandie au gloss.,
s.v. on;
cf. Hug.). Du lat.
homo, cas suj. du subst. signifiant «homme», développé en position proclitique, et qui, à basse époque, est relevé dans qq. ex. comme suj. indéterm., emploi aboutissant à sa fonction de pron. indéf.:
Peregr. Aether. 13, 1:
ubi homo desiderium suum compleri videt;
Diosc. 4, 76:
unde si homo gustaverit, solutionem ventris panditur; Vitae patrum, 7, 26, I:
Quomodo potest se homo mortificare; v.
Lat. Gramm., 2
epartie,
Syntax und Stilistik, §107 f γ), p.198;
Vään., §297; v. aussi
TLL, s.v. 2882, 58.