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NÉGATION, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1174 negatiun «action de nier» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 3343 ds T.-L.); 2. 1370-72 gramm. (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p.332, note 2); 3.1395 «reniement» (Voyage de Jerusalem du seigneur d'Anglure, 108 ds T.-L.); 4. 1694 «absence d'une qualité dans un sujet qui n'en est pas capable» (Ac.); 5. 1907 log. supra ex. 4; 6. 1912 psychiatrie délire de négation (Garnier et Delamare, Dict. des termes techn. de méd. ds Quem. DDL t.18). Empr. au lat. negatio «négation, dénégation», «particule négative».

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
I. 1. a. « action de nier ; résultat de cette action ». Attesté depuis ca 1174 (SThomGuernT, page 204, vers 3343 = TL : Obedïence offristes ainz e subjectïun : En refui de ço faites puis appellatïun ; Tost turnastes vostre est en la negatïun. ‘N'est od mei, fait l'apostles Pols, est est e nun nun ?’ [« Alors que vous aviez d'abord fait acte d'obédience et de sujétion, vous faites maintenant appel pour y échapper ! Votre oui, vous l'avez vite transformé en refus. ‘Chez moi, dit l'apôtre Paul, le oui n'est‑il pas oui, et le non, non ?’»]). Cette première attestation absolue témoigne du passage métonymique déjà accompli, à la fin du 12e siècle, du sens « action de nier » à celui de « résultat de l'action de nier » (cf. la traduction refus de Thomas in SThomGuernT). - 
II. 2. « mot qui sert à nier » (linguistique). Attesté depuis début 14e siècle [précédé de l'article un (erreur ou genre masculin ?)] (GramdH, page 15 = AND1 : Se(y) il heit nul mot entre le relatif e le verbe, dunkis sera le relatif nominatif case, ut Homo qui curit a me diligitur. Mes si je hei une ke en ma matere e je ei un negatiun taunt tot enaprés, dunkis sera une adverbe .s. prohibendi, ut ne, verbi gratia : Faciam docte ne vidiam esse stultus). - 
II. 1. « ensemble des mécanismes linguistiques qui servent à nier » (linguistique). Attesté depuis ca 1325 (Donatm2S, page 123, § 96 : En quantes manieres est la construction empeechiee ? En .iij. Par relation, si comme patrem sequitur sua paroles. [?] Par negation, si comme neminem irriseris. Par interrogation, si comme quem vidisti ? Unde versus : Constructum turbo referendo, rogando, negando). - 
I. 1. b. « opération logique par laquelle une proposition devient fausse si elle était vraie, ou vraie si elle était fausse » (logique). Attesté depuis 1713 (Fénelon, Existence, page 177, in Frantext = Gallica : La négation redoublée vaut une affirmation ; d'où il s'ensuit que la négation absolue de toute négation est l'expression la plus positive qu'on puisse concevoir, et la suprême affirmation). - 
III. 2. « chose qui ne se conçoit que par des indices négatifs » (philosophie). Attesté depuis 1907 (Bergson, Évolution, cf. supra). - 
III. 1. « raisonnement qui consiste à affirmer que l'existence de Dieu ne peut être prouvée qu'à l'aide de preuves négatives » (théologie). Attesté depuis 1957 (Berger, Philosophie, page 3411 = Frantext : Mais le Dieu de l'au‑delà, pour les Gnostiques, n'est‑il pas défini par des négations ?). En revanche, la citation de 1914 supra sous III. renvoie au sens général (I. 1. a.). - 
I. 2. délire de négation loc. nom. masc. « état d'un malade qui nie l'existence de ses organes et de son corps et auquel peut s'associer un certain nombre d'idées morbides » (psychiatrie). Attesté depuis 1882 [sous la forme d'une variante] (Cotard, Archives de neurologie 4, 153, in Gallica : Je hasarde le nom de délire de négations pour désigner l'état des malades auxquels Griesinger fait allusion dans ces dernières lignes et chez lesquels la disposition négative est portée au plus haut degré. Leur demande‑t‑on leur nom ? ils n'ont pas de nom ; leur âge ? ils n'ont pas d'âge ; où ils sont nés ? ils ne sont pas nés). Première attestation lexicographique : 1912 (Garnier, Médecine5 = DDL 18 : délire des négations : Syndrome vésanique caractérisé par un état mélancolique anxieux, avec idées de culpabilité et d'indignité, servant de point de départ aux idées de négation souvent systématisées, particulièrement tenaces et aboutissant fréquemment à la démence). Première attestation présentant la syntaxe moderne : 1963 (Larousse encyclopédique1 s.v. négation : Psychiatr. Délire de négation, délire dans lequel le sujet refuse la réalité à la personne physique ou morale et au monde. (A ce sens général se substitue souvent, en pratique psychiatrique, le sens limité de négation du corps, de ses fonctions, de ses organes). - 

Origine :
Transfert linguistique : emprunt au latin negatio subst. fém. « action de nier » (attesté depuis Cicéron, OLD ; cf. Ernout‑Meillet4 s.v. negō), « dénégation, refus » (attesté depuis Cicéron, OLD), « particule négative » (attesté depuis pseudo‑Apulée, Gaffiot), latin médiéval « négation » (attesté depuis le 14e siècle, Buridanus, Summulae 1.5.1. ; Ø Niermeyer2 ; Ø Blaise, Lexicon ; Ø Du Cange). La création du composé délire de négation (I. 2.) remonte au neurologue français Jules Cotard (1840—1889) ; cette maladie est d'ailleurs aussi appelée syndrome de Cotard (cf. supra). Cf. von Wartburg in FEW 7, 84b, nĕgare II 4 ; Städtler, Grammatiksprache 238.


Rédaction TLF 1986 : Marthe Paquant. - Mise à jour 2007 : Éva Buchi.. - Relecture mise à jour 2007 : Franz Rainer ; Thomas Städtler.