MANIÈRE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. a) 1119 «façon d'être, de se comporter» (
Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 438); 1395
a la maniere de + subst. «à la façon de» (
Voyage de Jérusalem du Seigneur d'Anglure, éd. Fr. Bonnardot et A. Longnon, 240);
α) 1370-72
manière de + inf. «façon de» (
Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 113, note 5:
maniere de parler); spéc. 1549
comme par maniere de parler «parler sans conséquence» (
Est.);
β) loc. adv.
ca 1145
en nulle maniere «en aucune façon» (
Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 251); 1540
en aulcune maniere (
Herberay des Essarts, Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, livre I, chap. 2, p. 18); 1155
en quel maniere «de quelle façon» (
Wace, Brut, éd. I. Arnold, 104);
ca 1170
de queil maniere «
id.» (
Marie de France, Lais, Eliduc, éd. J. Rychner, 207);
ca 1260
en toutes manieres «en toutes façons» (
Ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, 300); 1538
en toutes manieres «dans tous les cas» (
Est., s.v. modus); 1835
de toute maniere (
Ac.); loc. conj.
ca 1145
en la maniere que + ind. «de la façon que» (
Wace, Conception ND, 1729);
ca 1165
en tel maniere... que + subj. «de telle sorte que» (
Benoît de Ste-
Maure, Troie, éd. L. Constans, 17064); 1547
de maniere que + ind. «de façon que, de sorte que» (
Du Fail, Propos rustiques, éd. J. Assézat, t. 1, p. 123); 1671
de maniere, de telle maniere que «
id.» (
Pomey); loc. prép. 1679
d'une manière à + inf. «si bien que» (
Sévigné, Lettre 13 décembre, éd. M. Monmerqué, t. 6, p. 142); 1792
de manière à + inf. «
id.» (
Staël, Lettr. L. de Narbonne, p. 28);
b) 1260 «façon de bâtir, style» (
Villard de Honnecourt, Album, éd. H. R. Hahnloser, planche 28, c); 1501 (
Livre de conduite du Régisseur... pour le Mystère de la Passion joué à Mons, éd. G. Cohen, p. 472: toile peinte à
maniere de pierre d'Escussines); 1641 «façon de peindre d'un peintre» (
Poussin, Lett. à M. de Chantelou, 11 juin, éd. Ch. Jouany ds
Arch. de l'Art fr., t. 5, p. 71); 1699 péj. «affectation, recherche» (
Roger de Piles, Abrégé de la Vie des peintres, p. 205);
c) 1751 gramm. (
Encyclop. t. 1,
s.v. adverbe);
2. ca 1150
une manere de + subst. «une espèce de, une apparence de» (
Wace, Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1386); fin
xives.
par maniere de + subst. (
Froissart, Chron., éd. S. Luce, t. 2, p. 42);
ca 1480
en maniére de + subst. (
Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 43488);
id. en maniére de + inf. (
ibid., 42491).
B. 1170
meniere «comportement, apparence d'une personne en société» (
Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1487), le plus souvent au plur. 1174-78
meneires «habitudes, genre de vie» (
Étienne de Fougères, Manières, éd. R. Lodge, 1339); 1662
belles manières «habitudes de la haute société, du monde élégant» (
Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, p. 109a); 1798 iron.
avoir les belles manières «affecter les manières d'un état au-dessus du sien» (
Ac.); 1862 fam.
faire des manières (
Larch. qui cite d'Héricault). Fém. substantivé de l'anc. adj.
manier «qu'on fait fonctionner à la main» (
ca 1140
Geoffroi Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 2906: arcs
manners), d'où «habile» (
ca 1155
Wace, Brut, éd. I. Arnold, 4055), du lat.
manuarius «de main, qu'on tient à la main», dér. de
manus «main».