MACHINE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. 1377
machine corporelle «ensemble d'éléments ayant la complexité d'une machine» (
Oresme,
Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut, p. 520, 55);
2. 1637
machine «combinaison d'organes (du corps d'un être animé)» (
Descartes,
Discours de la méthode, 5
epartie ds
Œuvres philos., éd. F. Alquié, t. 1, p. 628);
3. 1658 «ce qui en l'homme procède d'un automatisme et non de la réflexion» (
Pascal,
Pensées, éd. L. Lafuma, section I, Ordre, 5-247);
4. 1566 fig. «oeuvre de grande dimension» (A.
de Rivaudeau,
Aman, vers 498, 74 ds
Quem. DDL t. 10).
B. Techn.
1. 1559 «ensemble de mécanismes combinés de manière à produire certains effets» (
Amyot,
Vies Demetrius, 25 ds
Gdf. Compl.); 1671 au propre
machine de guerre (
Pomey); 1664 théâtre (
Molière,
Princesse d'Élide, Intermède 6); 1690
machines hydrauliques (
Fur.); 1704
machine infernale «bâtiment chargé de poudre, utilisé dans les combats navals» (
Trév.); 1801 «dispositif meurtrier pour perpétrer un attentat» (
Procès des prévenus de conspiration contre la personne du Premier Consul, t. 1, 36); 1899
machine «machine à écrire» (
Mercure de France, n
o114, juin, in fine, Annonce ds
Quem. DDL t. 15); 1903
machine à écrire (
Huysmans,
Oblat, t. 2, p. 57);
machine à + inf. désigne l'utilisation de l'instrument: 1801
machine à carder (
Crèvecoeur,
Voyage, t. 1, p. 174);
2. 1770
machine à feu «appareil locomoteur dont la source d'énergie est la vapeur» (
Bachaumont,
Mémoires secrètes, 20. X., 447 ds
Wexler, p. 97 et note 7); puis 1818
machine à vapeur (
Gallois,
Rapport ds
Annales des mines 3, 132,
ibid., p. 101 et note 30); 1867
faire machine en arrière «faire marcher un train en arrière» (
Littré); 1890
faire machine arrière «
id.» (
Zola,
Bête hum., p. 151); 1920 fig.
faire machine en arrière (
Proust,
Guermantes 1, p. 306);
3. 1867
machine-outil (
Littré);
4. 1654 fig. «ce qui fait progresser l'action dans une pièce de théâtre» (
La Fontaine,
L'Eunuque, Avertissement au lecteur, éd. H. Régnier, t. 7, p. 5); 1656 «ensemble de moyens combinés pour donner une certaine direction aux affaires» (
Pascal,
Provinciales, éd. L. Lafuma, 3, p. 382a).
C. 1639 «intrigue, procédé ingénieux» (
Mairet,
Le Grand et dernier Solyman, III, 3).
D. 1807
machine pour désigner quelqu'un ou quelque chose dont le nom échappe, v.
machin. Empr. au lat.
machina «invention, machination» et au sens concr. (qu'il aurait plutôt fixé en raison de l'existence de
dolus «ruse, adresse») de «machine, engin» spécialisé dans les lang. techn. «machine de guerre», «machine à soulever ou remuer des objets pesants»,
cf. Ern.-
Meillet, également attesté au sens de «structure de l'univers» et «ouvrage composé avec art»; empr. anc. au gr. μ
α
χ
α
ν
α
́, forme dorienne de μ
η
χ
α
ν
η
́ «moyen (en général)» d'où le sens matériel «machine» notamment «machine de guerre» «machinerie de théâtre» mais aussi toute espèce de combinaison, d'invention, parfois pris en mauvaise part, le mot se superposant quelquefois au champ sém. de δ
ο
́
λ
ο
ς «tout objet servant à tromper», d'où «ruse, artifice», v.
Chantraine.