LAPIN, -INE, subst.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1450 « petit mammifère rongeur très prolifique » (
Myst. Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 12202); spéc. loc.
a) 1611
mémoire de lapin (
Cotgr.);
b) 1809
courir comme un lapin (P.
Leclair,
Médit. hussard, p. 125);
c) 1850
le coup du lapin « coup derrière la nuque » (
Dumas père,
Chasse au chastre, II, 4, p. 216);
2. 1649
lapine (
Scarron,
Virgile travesti, III, 128b ds
Richardson : Nos femelles vagabondes Autant que
lapines fécondes).
B. P. métaph.
1. 1718
brave comme un lapin (d'un homme bien habillé) (
Le Roux, p. 292);
2. 1790 « homme gaillard » (
Restif de La Bretonne,
Le Palais-Royal d'apr. R.
Dagneaud,
Les él. pop. ds le lexique de la Comédie humaine d'H. de Balzac, p. 95); spéc. arg. milit. 1809 (P.
Leclair,
op. cit., VIII : Moi dans un hôpital! [...] Ils sont bons là, les
lapins [les camarades hussards] Je ne suis pas malade);
3. a) 1858 (L.
Larchey,
Les excentricités du lang. fr. ds
Revue anecdotique, t. 7, p. 566 : Dans l'argot du collège, on appelle aussi
lapins des libertins en herbe);
b) 1928
chaud lapin (M.
Stéphane,
Ceux du trimard, p. 204).
C. 1. 1783 « voyageur pris en surnombre dans les voitures publiques » (d'apr.
Esn.); 1876 « voyageur non sonné au compteur et dont le conducteur empoche les six sous »
(ibid.); d'où prob.
2. 1878-79
faire cadeau d'un lapin (à une fille) « ne pas payer ses faveurs » (
Gill,
La Petite lune, n
o13, p. 3); 1881
poser un lapin « id. » (
Rigaud,
Dict. arg. mod., p. 308); 1888
id. (A.
Daudet,
Immortel, p. 46 : lui [d'Athis] n'attend que le décret de l'Officiel pour filer à l'anglaise et, après quinze ans d'un bonheur sans mélange, poser à la duchesse un de ces
lapins!). Issu de
lapereau* par changement de suff.; a remplacé
connin*, qui se prêtait, dès le
xiies., à des jeux de mots obscènes (
Bl.-W.
1-5). La création de l'expr.
chaud lapin (B 3 b) a été favorisée par
chaud de la pince, attesté dans le même sens dep. 1866,
Delvau : v. G.
Roques ds
Mél. Baldinger, p. 588.