IRONIE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Fin
xiiies. « raillerie qui consiste à dire le contraire de ce qu'on veut faire entendre » (
Chron. de S. Den., ms. Ste Gen. [782], fol. 58d ds
Gdf.
Compl. : Il li dist tels paroles ausi come par
yronie);
2. 1656 « parole ironique » (
Pascal,
Provinciale XI ds
Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 781);
3. av. 1680 (
Cost. [P.
Costar
✝ 1660?] ds
Rich. : l'
ironie étoit la figure favorite de Socrate); 1840
ironie socratique (
Ac. Compl. 1842);
4. 1807 (
Staël,
Corinne, t. 4, p. 73 : cette amère
ironie du malheur [en parlant du rire du désespoir]). Empr. au lat. class.
ironia, gr. ε
ι
̓
ρ
ω
ν
ε
ι
́
α « ironie socratique; réticence, ironie ».
Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :
Histoire :
A. « figure de rhétorique par laquelle on dit le contraire de ce qu'on veut faire comprendre ». Attesté depuis 2e quart 13e siècle (Marshall, Miroir in AND1 = DEAF : Ceste demande est ironie, Ço est eschar [« moquerie, raillerie »] u gaberie [« plaisanterie »]). -
B. « ignorance simulée, s'exprimant en des interrogations naïves ». Attesté depuis 1654 (Guez De Balzac, Dissertations critiques, page 668, dissertation 23, in Frantext : et s'il avoit pris, à parler sans embarras, la peine qu'on prend, à debarrasser ses paroles, il n'y auroit point eu de proces. On n'auroit recours, ni à l'interrogation, ni à l'ironie : son attention nous eust espargné la nostre, et nous nous fussions bien passez du soin que nous donne sa negligence). -
Origine :
Transfert linguistique : emprunt au latin ironia subst. fém. « sens philosophique, méthode interrogative qu'employait Socrate pour confondre les sophistes », « trope » (attestés depuis Cicéron, < grec εἰρωνεία, TLL 7/2, 381‑382). Cf. von Wartburg in FEW 4, 814a, ironia ; Städtler in DEAF I, 443.
Rédaction TLF 1983 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2006 : Aurore Koehl. - Relecture mise à jour 2006 : Nadine Steinfeld ; Thomas Städtler ; Éva Buchi.