GROTESQUE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. 1. 1532 subst.
crotesque « ornement capricieux » (
Invent. de Florimond Robertet, p. 31 ds
Gay : Une grande cuvette [...] où sont de ces gentilles
crotesques nouvellement inventées, qui jettent miles fleurons à petits jambages tortus); 1540-50
grotesque « figure caricaturale ou fantastique » (L.
de Laborde,
Comptes des bâtiments du roi, t. I, p. 191 : pourtraits en façon de
grotesque);
2. 1566 adj.
(peinture) grotesque « (peinture) qui présente des ornements capricieux, des figures fantastiques » (
Id.,
ibid., t. II, p. 127); d'où au fig. 1636 « qui provoque le rire par son extravagance » (
Corneille,
L'illusion comique, III, 3 ds
Œuvres, éd. ch. Marty-Laveaux, t. 2, p. 471 : Je ne suis pas d'humeur à rire tant de fois Du
crotesque récit de vos rares exploits). Empr. à l'ital.
grottesca, qui désigne une décoration murale très riche et fantaisiste née en Italie vers le milieu du
xves., proprement « fresque de grotte », dér. de
grotta (grotte*
) parce qu'elle s'inspirait des décorations de la Domus Aurea de Néron qui fut découverte par des fouilles archéologiques à l'époque de la Renaissance italienne (v.
Batt.;
cf. B.
Cellini,
ibid. : Queste grottesche hanno acquistato questo nome dai moderni, per essersi trovate in certe caverne delle terra in Roma dagli studiosi); le subst. ital. prit au
xvies. le sens de « peinture licencieuse et ridicule » (
cf. Vasari,
ibid.), d'où le sens péj. de l'adj. fr. La forme
crotesque est due à l'infl. de
cro(u)te (grotte*
). V.
Bl.-W.
5;
FEW t. 2, pp. 1384b-1385a;
Hope, pp. 200-201.