FEU1, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. Matières en combustion
1. moyen de destruction
ca 881 « bûcher » (
Eulalie, 19 ds
Henry Chrestomathie, p. 3 : Enz enl
fou la [Eulalia] getterent); 2
emoitié
xes. (
St Léger, éd. J. Linskill, 133 : A
foc, a flamma vai ardant);
2. 2
emoitié
xes. désigne les flammes figurant l'Esprit de la Pentecôte (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 476);
3. ca 1100 « étincelle » (
Roland, éd. J. Bédier, 3912);
4. 1120-50 désigne le feu de l'enfer (
Grant mal fist Adam, I, 6 ds T.-L.);
5. ca 1160 source de chaleur : cuisson des aliments (
Eneas, 289,
ibid.);
6. ca 1200 désigne la foudre (
Dial. Grég., éd. W. Foerster, 352, 34);
7. 1228 « lieu où l'on fait le feu, foyer » (
J. Renart,
G. de Dole, éd. F. Lecoy, 43); 1260 « famille, foyer » (
E. Boileau,
Métiers, 69 ds T.-L. : se il ne tient chief d'ostel, c'est a savoir
feu et leu).
B. P. métaph.
1. 2
emoitié
xes. exprime l'ardeur, l'éclat du regard (
Passion, 395 : tal a regard cum
focs ardenz);
2. 1174-77 « chaleur, température du corps » (
Renart, V, 56 ds T.-L.);
ca 1223 désigne une maladie rongeant les chairs (
G. de Coinci, éd. F. Koenig, 2 Mir 22, 31 : Qui maladie avoit si grant Que
feuz d'enfer ses piez ardoit);
3. exprime l'ardeur des sentiments
ca 1150 la colère (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 7838); 1174-76 l'amour (
G. de Pont-Ste-Maxence,
St Thomas, 306 ds T.-L.).
C. Ca 1188 désigne une source de lumière (
Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, 4536 : Li
feus de la lanterne estaint).
D. 1572 « décharge de matières fulminantes » (
Yver, p. 540 ds
Littré : un canon qui fait faux
feu). Du lat. class.
fŏcus « foyer où brûle un feu; famille, foyer; bûcher; réchaud » employé à l'époque imp. comme synon. de
ignis qu'il finit par supplanter.