CREUX, EUSE, adj. et subst. masc.
Étymol. et Hist. I. Adj.
1. ca 1180
cruose « qui est vide, creusé à l'intérieur » (
Marie de France,
Lais, éd. J. Rychner,
Bisclavret, 93); p. ext.
a) 1474 « qui a été vidé de sa substance » ici « qui ne possède rien » (G. Chastellain ds
Heilemann Chastellain, p. 223); 1611
viande creuse « peu substantielle » (
Cotgr.); 1669
drap creux « imparfait dans son tissage » (
Règlement sur les manufactures, art. 41 ds
Littré);
b) xves. adv.
songer creux (J. Coquillart, éd. M. J. Freeman,
Blason des armes et des dames, 315); 1611
teste creuse (
Cotgr.);
c) 1669 « vide » (
Pascal,
Pensées, IV, 1 d'apr.
DG : Que le cœur de l'homme est
creux);
2. 1174-77 « qui présente une concavité » (
Renart, éd. M. Roques, VII a, 5925 : jusqu'a l'entree d'un val
crues); p. ext. 1269-78 « creusé par la maigreur » (
J. de Meun,
Rose, éd. Lecoy, 10136), exemple isolé; av. 1613 (
Regnier,
Epit. 3 ds
DG : En mon lit malade, les yeux
creux).
II. Subst.
1. ca 1121 « cavité creusée, plus ou moins profonde » (
Benoit,
Voyage de St Brendan, éd. E. G. Waters, 637); fig.
a) 1690 mus. (
Fur. : avoir un beau
creux de voix);
b) av. 1697 au fig. « vide » (
Bossuet,
Lettre à M. Santeul ds
DG : Je trouve un grand
creux dans ces fictions de l'esprit humain);
2. 1549
le creux de l'œil (
Est.); 1559
le creux de la main (
Amyot,
Crassus, 35 ds
Littré); 1611
le creux de l'estomac (
Cotgr.); 1690 mar. (
Fur.). L'aire du mot en gallo-roman dans les parlers de l'Italie septentrionale et en rhétorom. rend vraisemblable l'orig. celtique d'un lat. *
crosus.