CRAINDRE, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. Fin
xes. emploi abs. « avoir peur de »
crement subj. prés. 2
epers. du plur. (
cf. introd. de l'éd. p. 76) (
Passion, ms. Clermont, éd. D'A. S. Avalle, 403);
ca 1050 suivi de
que + subj. et
ne discordantiel
criem ind. prés. 1
repers. du sing. (
Alexis, éd. Chr. Storey, 60 : mult
criem que ne t'em perde);
ca 1100 trans.
crendrez ind. fut. 2
epers. du plur. (
Roland, éd. J. Bédier, 791); 1120-50 suivi de
que + subj.
criem (
Grand mal fit Adam, I, 129 ds T.-L.), en concurrence avec les formes pronom. jusqu'au
xvies.;
ca 1175 avec
de + inf.
crient (
Chr. de Troyes,
Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 1512), en concurrence avec les formes pronom. jusqu'au
xvies.;
xiiecriendre (
Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, 48, 16);
2. ca 1120 « révérer, éprouver un grand respect pour (Dieu) »
crendrez (
St Brendan, éd. E.G.R. Waters, 477);
ca 1275
creindre (
J. de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 11500);
3. ca 1530
ne pas craindre sa peine « ne pas ménager sa peine » (
Marguerite de Navarre,
Nativité, 9, éd. Schneegans ds
IGLF);
4. 1580 « être sensible à l'action de, ne pas supporter » (
B. Palissy,
Discours admirables, éd. A. France, p. 413,
ibid.). Issu du lat. class.
trĕmĕre « trembler » d'où « trembler de peur devant quelque chose, redouter, craindre », altéré en gallo-roman sous une forme *
cremere par croisement avec un rad. celtique *
crit- postulé par le bret.
kridien, le cymrique
crit et le gaélique
crith « frisson, tremblement » (
cf. Henry (V.), p. 82;
FEW t. 13, 2, p. 240 a;
REW3, n
o8877). Pour les changements dans la conjugaison et en partic. le passage de
cr(i)embre à
criendre puis à
craindre, v.
Fouché Morphol., § 69.