COMPTE, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. A. 1. Ca 1100
cunte « calcul d'une quantité » (
Roland, éd. J. Bédier, 3078); 1165-70 p. méton.
conte « quantité dénombrée » (
Chr. de Troyes,
Erec, éd. W. Foerster, 6950); 1220-25
à hicest conte « de ce point de vue » (
G. de Cambrai,
Barlaam et Josaphat, éd. H. Zotenberg et P. Meyer, p. 34, 16);
ca 1350
fin de conte « finalement » (
Gilles Li Muisit,
Li Maintiens, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 27 4) − av. 1615 (
Pasquier,
Recherches, 439 ds
IGLF), puis 1690
en fin de compte (
Fur.); fin
xves.
à bon compte « à un prix relativement bas » (
Coquillart,
Poésies, éd. Ch. d'Héricault, I, 82); 1549
compte rond (
Est.); 1572 fig.
être loin de son compte « être éloigné de son calcul » (
Font. perill., f
o6 v
ods
Gdf. Compl.); 1595
au bout du compte (
Montaigne,
Essais, livre 2, chap. 12, éd. A. Thibaudet, p. 571);
2. 1549
trouver son compte (
Est.); 1634
trouver son compte « trouver son profit dans » (
Corneille,
La Veuve, acte 5, scène 2); 1634
avoir son compte « avoir sa part, ce que l'on désire » (
Corneille,
op. cit., acte 5, scène 3); 1675
id., se dit de quelqu'un à qui il arrive malheur (
Widerhold,
Dict. all.-fr. d'apr.
FEW t. 2, p. 997a); 1680 (
Rich.); av. 1704
régler ses comptes avec « mettre au net une situation » (
Boss.,
Sulp., 2 ds
Littré); 1798
faire le compte à un domestique « lui payer ce qui lui est dû en le renvoyant »
(Ac.); 1798
donner son compte à qqn « lui infliger la punition méritée »
(Ac.); 1835
son compte est bon, son compte sera réglé (Ac.). B. « État détaillé des recettes et des dépenses »
1. au fig. 1155
cunte rendre de « rendre raison de » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 6626); fin
xiiies. absol.
rendre conte (
J. de Meung,
Testament, éd. M. Méon, p. 14, vers 258); 1283
demander conte (à qqn de qqc.) (
Ph. de Beaumanoir,
Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, chap. XII, § 395); av 1710 pronom.
se rendre compte de « trouver l'explication de » (Fléch. ds
Lar. 19e); 1220-25
tenir conte de « faire cas de » (
G. de Cambrai,
Barlaam et Josaphat, p. 138, 14);
2. au propre 1231
apeler de compe « appeler à rendre compte des recettes et des dépenses » (A.N. J 197 ds
Gdf. Compl.); 1247
compe « état contenant le calcul du crédit et débit »
(Règl. de la drap. de Châl.-s.-M. ds
Gdf. Compl.); 1262
rendre compte (à nos Gens, de leur recette et de leur dépense) (Instruction de St Louis ds
Du Cange t. 2, p. 473c); 1602
passer et allouer une somme ès comptes de (Henri IV ds Sully, IV, 208 ds
Kuhn, p. 172, note 55); 1309
chambre des comptes (
Ordonnance ds
Isambert,
Recueil général des anc. lois fr., t. 3, p. 40); 1663
prendre sur son compte « en assumer la responsabilité » (
Molière,
Critique de l'École des femmes, scène 6); 1678
pour leur propre compte « pour eux » (
La Fontaine,
Fables, livre 8, fable 13, éd. H. Régnier, t. 2, p. 278); 1740
à compte « à valoir, en déduction d'une somme »
(Ac.). II. 1675
compte courant (
J. Savary,
Le parfait négociant, p. 355). I du b. lat.
computus attesté au sens de « calcul », « quantité dénombrée »; « estimation, considération ». La graphie étymol.
compte (3
etiers
xiiies.
J. Le Teinturier,
Mariage sept Arts ds T.-L.) s'est spécialisée au sens de « calcul », la graphie
conte étant réservée au sens de « récit », v.
conte. II, calque de l'ital.
conto corrente, attesté dep. 1447-64 (
Corrispondenza di una filiale dei Medici ds
Batt.).