COCAGNE, subst. fém.
Étymol. et Hist. Mil.
xiiies., nom d'un pays imaginaire où tout est en abondance,
seignor de Cocagne (
Joufroi de Poitiers, éd. P.-B. Fay et J.-L. Grisby, 1373); 1533
pays de Cocaigne (
Des Villains... ds
Rec. poésies fr. xve-
xvies., VII, 72). Orig. discutée. Les rapports du mot (qui est à l'orig. de l'ital.
cuccagna, xives.,
Dei, de l'esp.
cucaña xviies.,
Cor., de l'angl.
cokaygne, cockaigne début
xives.,
NED) avec le m. fr.
cocagne « pastel en pâte » (1463
quoquaigne Tarif de l'équivalent en Languedoc ds
A. Midi, t. III, 1891, p. 246), empr. au prov.
cocanha coucagno « id. » (
Mistral; la culture du pastel engendra une grande prospérité dans le Haut-Languedoc) sont obscurs, la chronologie s'opposant, dans l'état actuel de la docum., à un rapport de filiation. Le prov. est lui-même d'orig. peu claire, le mot ayant été rapproché du prov.
coca « coque » (
DG; mil.
xives. [ms.] ds
Romania, t. 35, p. 361) ou du prov. de même forme « gâteau » (1391
coga ds
FEW t. 21, p. 476
b), d'orig. inconnue, peut être préromane (v.
FEW t. 16, p. 343
a). L'étymon germ. *
kōka (d'orig. onomatopéique [all.
Kuchen « gâteau », le pays de Cocagne étant proprement le pays des friandises] par l'intermédiaire soit du m. b. all.
kokenje (Gamillscheg ds
Z. rom. Philol., t. 40, p. 173 et ds
EWFS2;
REW3, n
o4374
a) soit d'un *
kokania formé sur le modèle de
Germania (
Kluge20,
s.v. Kuchen;
cf. m. néerl.
cockaenge [de
coek « gâteau »] « pays des merveilles, de Cocagne »,
Verdam,
s.v. cockaenge, v. aussi
de Vries Nederl., s.v. koek) n'est pas convaincante.