CHARNIÈRE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. xiies.
carnière [Nord-Est, v. G. Paris ds
Romania, t. 19, p. 331] « attache articulée » (
Naissance chevalier au cygne, éd. H. A. Todd, 842), spéc. attesté en pic. et wallon, v.
Gdf. Compl.;
2. fin
xvies. « articulation (d'un membre artificiel) » (
A. Paré, XVII, 12, éd. Malgaigne, t. 2, p. 620); 1611
la charniere des genoux (
Cotgr.);
3. 1676 « outil de graveur en pierre » (
Félibien Dict., 362-63 ds
IGLF);
4. 1752 conchyliologie
(Trév.);
5. 1936 fig. en apposition (
Thibaudet,
Hist. de la litt. fr. de 1789 à nos jours, p. 524 : époques-
charnières). Prob. dér. de l'a. fr.
charne attesté au début du
xiies. sous la forme agn.
carne au sens de « pivot, pilier » (
Psautier Oxford, éd. Fr. Michel,
Cantium Annae, p. 235;
cf. charniere, même cont.
xves.
Psautier xves., ms. B.N. 15370, f
o182 ds
Gdf. Compl.) issu du lat. class.
cardo, -inis « gond, point cardinal, pôle » au sens fig. « point essentiel, élément capital » (
FEW t. 1, p. 366b;
Bl.-W51
rehyp.). Cette hyp. semble préférable à celle d'un étymon lat. vulg. *
cardinaria dér. de
cardo (
Bl.-W.52
ehyp.), qu'aucune autre forme romane ne confirme.