Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

notices corrigéescatégorie :
CARAVELLE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1438 caruelle (Invent. du Duc de Bourgogne, 1215, Laborde ds Gdf.); 1462 carvelle (Lettres de Louis XI t. 2, p. 71 ds IGLF Litt.); 1495-96 caravelle (Commynes, Mém., t. 7, p. 4 ds Gdf. Compl.). La date de 1433 donnée par Kemna, p. 203 et reprise par tous les étymologistes, comme étant celle de la 1reattest., correspond au texte suivant : En mil quatre cens trente trois il [le gouverneur port. de l'île S. Thomé] envoya des caravelles, qui s'avancerent jusques à la Mine (Villaut de Bellefond, Relation des cotes d'Afrique appellées Guinée, Paris, 1669 [voyage fait en 1666-67], p. 428). Empr. au port. caravela « bateau léger à quatre mâts » attesté dep. 1255 au sens de « bateau de pêche » (D. Affonso III d'apr. Vidos ds Z. fr. Spr. Lit., t. 58, p. 458), également « bateau équipé pour les voyages d'outre-mer » (1447 ds Jal1, s.v. caravela), Philippe le Bon ayant fait construire la 1recaravelle fr. par des constructeurs port. à Sluis (à l'ouest de la Hollande) en 1438-40 (v. Vidos, loc. cit., pp. 457-462). Le port. caravela est dér. de cáravo « sorte de bateau », empr. au lat. tardif carabus « barque recouverte de peaux » (vies.), transposition de carabus « crabe » (v. FEW t. 2, s.v. carabus).

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1. « navire rapide, à voiles latines, conçu par les Portugais et utilisé d'abord, aux 15e et 16e siècles, pour les voyages de découverte ». Attesté depuis 1439 (Comptes Lille L., volume 1, page 356, in DMF2 = Jal2 = Gdf s.v. caruelle : À Jehan Perhouse et ses compaignons, maistre de faire vaisseaulx de mer des pays de Portugal, pour don à eulx faits par MS [Philippe III le Bon, duc de Bourgogne] quant ils ont eu parfait une caruelle, qu'ils ont faite par l'ordonnance d'icellui S, […] et au maistre des escluses de Brouxelles, pour avoir tenu l'eaue de la rivière haulte durant ce que ladite caruelle y a esté). Cette forme est probablement une forme populaire, avec syncope du /ə/ (cf. querevelles en 1489 : Comm., Mémoires C., volume 3, page 134 = GdfC = Jal2 : Le roy d'Espaigne avoit envoyé et envoyoit quelques querevelles en Cecille, mais poy de gens dessus). Première attestation de la forme moderne : 1479 (Comptes roi René A., volume 2, page 488 = DMF2 : ung sauf‑conduit que le roy lui [un corsaire] a donné pour tirer sa caravelle hors du port de Masseille). Pour ce qui est de la date de 1433, proposée comme première attestation par Kemna, Schiff, page 203 et reprise par FEW 2, 353a, elle se réfère à un événement décrit et ne correspond pas à une attestation textuelle : 1669 (Villault, Relation, page 428 : En mil quatre cens trente‑trois il [le gouverneur portugais de l'île de Saint‑Thomas] envoya des caravelles, qui s'avancerent jusques à la Mine [comptoir portugais]). Pour l'histoire de la toute première caravelle, commandée par Philippe III le Bon, cf. Base des mots fantômes s.v. caravelle1. - 
A. 2. « vaisseau de guerre (et de transport) turc utilisé en Méditerranée orientale ». Attesté de ca 1740/1744 (Ollivier, Traité, page 81 = Jal2 : caravelles. Se dit aussi dans la Méditerranée des vaisseaux ou frégates de guerre d'Alger et de Tripoli) à 1965 (Quillet4 : caravelle […] Nom que l'on donnait dans la Méditerranée à de gros vaisseaux de guerre turcs fort mal construits). Contrairement à ce qu'affirme GdfC s.v. caravelle, le mot ne signifie pas « vaisseau turc » chez Wavrin, Chron. H., volume 5, page 282 : Or advint, ainsi comme ilz se devisoient de ceste matiere, que a Callaix arriva une petite caruele, non sachans ceulz de dedens que le comte de Warewic y feust), cf. Base des mots fantômes s.v. caravelle2. Première attestation textuelle, dans un contexte se référant explicitement aux Ottomans et à la Méditerranée orientale : 1787 (Volney, Voyage, volume 1, page 149, in Frantext : On trompe sur le degré de l'inondation des terres : la crainte seule des caravelles qui, chaque année, viennent à Damiette et à Alexandrie, fait acquitter la contribution des riz et des bleds). On trouve ce sémantisme sous la plume de Bonaparte, lors de la campagne d’Égypte : 1798 (Bonaparte, Correspondance, volume 2, page 161 : A bord de l'Orient, le 13 messidor an VI [1er juillet 1798]. Au commandant de la Caravelle. Les beys [« gouverneurs »] ont couverts nos commercants d'avanies ; je viens en demander réparation. Je serai demain dans Alexandrie. Vous ne devez avoir aucune inquietude ; vous appartenez à notre grand ami le Sultan : conduisez‑vous en conséquence ; cf. aussi Bonaparte, Correspondance, volume 2, page 638), ainsi qu'en 1855 (Du Camp, Suicidé, page 204 = Frantext = Jal2 : - et l' esclave ? Lui dis‑je. - le saïs [« palefrenier »] l'a emmenée de force en Égypte sur une caravelle de Damiette, il va la conduire à Korosco). - 
B. « premier avion à réaction commercial moyen‑courrier ». Attesté depuis 1956 (Chenot, Entreprises, page 76 = Frantext : L'amélioration des conditions de gestion s'est traduite par une meilleure productivité et surtout par le succès technique des plus récentes fabrications, moteurs à réaction, Caravelle et autres prototypes, qui rehaussent singulièrement le prestige des constructions françaises). Première attestation montrant un début de lexicalisation (présence de l'article) : 1961 (Mauriac, Nouveau bloc‑notes, page 306 = Robert2 : la Caravelle met Rome aux portes de Paris. Je suis le dernier Français à user encore du train). Dans ce sens, le mot porte une majuscule et s'apparente à un nom propre. - 

Origine :
Transfert linguistique : emprunt au portugais caravela subst. fém. « embarcation à voiles latines munies de un à quatre mâts, utilisée aux 15e/16e siècles, particulièrement par les Portugais, dans les voyages de découverte » (attesté depuis 1255 [dans le sens « barque de pêche »], Vidos, ZFSL 58, 458). Cette étymologie est validée par le fait que les Portugais furent les premiers à fabriquer ce type de bateau (cf. ci‑dessus A. 1. la première attestation, relevée dans la comptabilité des ducs de Bourgogne). À partir de ce sens étymologique, le français a créé, par analogie, un sens propre à l'aéronautique (cf. ci‑dessus B.). Cf. von Wartburg in FEW 2, 353ab, carabus II 2 et Jal2 s.v.


Rédaction TLF 1977 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2006 : Myriam Benarroch. - Relecture mise à jour 2006 : Nadine Steinfeld ; Jean-Pierre Chambon ; Françoise Henry ; Gilles Petrequin ; Enrico Arcaini ; Éva Buchi.