CAMAÏEU, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Fin
xiies.
camaü « pierre fine » (
Simon de Freine,
Le Roman de philosophie, 455 ds Œuvres de Simund de Freine, éd. J. E. Matzke, Paris, 1909, p. 17); fin
xiie-début
xiiies.
cachmahief (
Lapidaires agn., éd. P. Studer et J. Evans, Paris, 1924, p. 225, 649 :
Cachmahief est de pere nom [lu
camahief par P. Meyer ds
Romania, t. 38, p. 526]); milieu du
xiiies.
kamaheu (
Lapidaires agn., op. cit., p. 88 : Sardoine [
kamaheu] est de deus perres traites, De sardoine e d'onicle faites [
kamaheu est une glose introduite dans le texte par le copiste, selon P. Meyer ds
Romania, t. 38, p. 67; var.
camau dans un ms. de la fin du
xiiie-début
xives.]); 1275
kamahieu (
Adenet Le Roi,
Beuve de Commercy, éd. Scheler, 1437 ds T.-L.,
s.v. camaieu);
2. 1676
camayeu « genre de peinture » (
A. Félibien,
Des Principes de l'archit., ..., Paris, pp. 509-510). Étymol. obsc.; à rapprocher des premières attest. agn., le lat. médiév. relevé dans le domaine angl. en 1222 sous la forme
cameu (NED). La chronol. du mot dans les lang. rom. (ital.
cameo 1295, v.
camée; port.
camafeu 1297 ds
Mach.; cat.
camafeu 1358 ds
Alc.-Moll; esp.
camafeo 1375 ds
Cor.) suggère à
Cor. l'hyp. d'un empr. du mot fr. par les autres lang. rom. (v. aussi
Devoto,
s.v. cammeo) et d'une orig. germ. du fr.; cependant aucun étymon germ. valable ne peut être avancé et le corresp. m. h. all.
gâmahiu (
Lexer) est empr. au fr. L'hyp. d'un étymon lat. *
chamaephaeus [
lapis], « pierre précieuse à fond sombre », composé de
chamae- (gr. χ
α
μ
α
ι- « à terre, au sol ») et
phaeus (gr. φ
α
ι
ο
́
ς « gris, sombre »), proposée par
DEI, s.v. cammeo, que viendraient confirmer les formes hispaniques en
-f-, manque de fondement. L'hyp. d'un étymon ar.
qamā'īl, plur. de
qum'ūl(a) « bourgeon » (Brüch ds
Z. fr. Spr. Lit., t. 49, 1927, pp. 314-315, hyp. reprise par
Dauzat 1973), avec développement sém. « bourgeon » > « pierre précieuse » parallèle à celui du lat.
gemma (gemme*
), est mise en doute par
FEW t. 2, p. 110b et
Bl.-W.5(l'ar. ne semblant attesté que dans les dict.) et par
EWFS2et
Cor. pour des raisons phonétiques.