BROUHAHA, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1548 loc. interjective attribuée au diable, destinée à inspirer la terreur (
Farce du Savetier, Ancien Théâtre fr., p. p. M. Viollet le Duc 1854, t. 2, p. 137 : Audin : Je prie à Dieu que le grant dyable Te puisse emporter. Le curé, habillé en dyable :
Brou, brou, brou, ha, ha, Brou, ha, ha. Audin : Jésus, Notre-Dame! Le Grant dyable emporte ma femme);
2. 1552 subst. (Ch.
Estienne,
Dictionarium latinogallicum, s.v. tragoedias agere : faire d'ung neant une grande chose, faire ung grand
brouhaha pour un rien); 1659 « bruit confus marquant l'approbation des spectateurs dans un théâtre » (
Molière,
Les Précieuses ridicules, éd. du Seuil, 1962, p. 107, scène IX); qualifié de ,,fam.`` par l'
Ac. 1718-1932; av. 1755 « bruit confus » (
Saint-Simon,
Mémoires, 64, 65 dans
Littré : Ce
brouhaha de passer dans la pièce d'audience était toujours assez long).
Orig. discutée. L'hyp. la plus probable semble être celle d'une altération onomatopéique de l'hébr. (
FEW t. 20, p. 24;
EWFS2;
Bl.-W.5; Lok., n
o256;
REW68, n
o968)
bārūkh habbā
« béni soit celui qui vient » (formule complète :
bārūkh habbā beshēm adonāï « béni soit celui qui vient au nom du Seigneur »,
Psaume 118, 26, par laquelle les Lévites accueillaient le peuple se dirigeant vers le Temple) : ces paroles, fréquemment empl. dans les prières juives, auraient été déformées par ceux qui ignorent l'hébreu. Pour la formule attribuée au diable et le sens péj.,
cf. sabbat « jour de repos des juifs » et « assemblée nocturne de sorciers et de sorcières ». L'hyp. d'une orig. purement onomatopéique est soutenue par
Mén. 1750,
DG, Dauzat 1968,
Sain. Sources t. 3, pp. 150-151; le texte de Rabelais cité par ce dernier (
Le Quart Livre, 1552, XIII, 61-67, éd. R. Marichal, 1947, p. 84 : tous sortirent on chemin au davant de luy [...] sonnans de leurs cymbales et hurlans en diable : «
Hho, hho, hho, hho, brrrourrrourrrs, rrrourrrs, rrrourrrs. Hou, hou, hou. Hho, hho, hho. Frere Estienne, faisons nous pas bien les Diables? ») pourrait n'être qu'une autre adaptation burlesque du psaume 118 (dans les deux cas il s'agit d'une formule d'accueil) par imitation de la
Farce du Savetier.