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BALAI, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1170 balain « faisceau de genêts » (Rois, éd. Le Roux de Lincy, 282 dans T.-L. : mis peres vus batid de verges delïees, mais jo vus baterai de grandimes balains ki serunt dures e espinus) − Vie de S. Thomas, ibid.; xiiies. balai « ustensile ménager servant à enlever la poussière, les détritus [fig.] » (Rutebeuf, Œuvres, éd. A. Jubinal, II, 14, ibid. : Balaiz de nostre vanitei, Cribles de nostre concïence). Orig. celtique. Deux hyp. pour l'emprunt du mot : a) balai serait emprunté au bret. balazn « genêt » d'où par vocalisation balain, balaen (cf. la forme balain de la première attest., provenant d'un texte anglo-norm.); ces formes métathétiques issues de *banatlo > *balatno seraient originaires du bret. du Nord, Léonois, Trégorrois et sud du Vannetais (v. Dauzat dans Fr. mod., t. 7, pp. 343-346; EWFS2. Lebel dans Mém. Commission Antiq. Côte d'Or 1938-39, pp. 512-516). L'évolution sém. « genêt » > « balai » est évidente. Les Bretons ont prob. été les premiers à fabriquer ces objets, puis le mot se serait étendu à toute la France, tandis que les balais auraient été fabriqués avec d'autres matières suivant les ressources des régions (noter l'emploi de balai au sens de « bouleau, tête des jeunes bouleaux » dans Rougé, Le Parler tourangeau, 1912, les branches de cet arbre servant à la confection de balais dans certaines régions); à l'appui de cette hyp. un texte du xiiies. le privilège aux Bretons, cité par Dauzat Ling. fr., pp. 206-207, atteste que le métier de fabricants de balais était si fréquent chez les Bretons qu'ils le considéraient comme un de leurs privilèges de fait sinon de droit. Brüch (ds Neuphilol. Mitt., 1922, t. 23, pp. 90-94) soulève une objection contre cette hyp. : la présence de balai au sens de « genêt » en Berry, Lyonnais, Auvergne et dans le domaine méridional, qui semble exclure un emprunt au bret. (Puitspelu; Jaub. t. 1; Lalanne; F. Brunet, Dict. du parler bourbonnais, Paris, Klincksieck, 1964; v. aussi Roll. Flore pop. t. 4, pp. 91-102); b) balai serait issu du gaul. *banatlo, devenu par métathèse *balatno puis subissant une adaptation de la finale d'apr. les mots lat. en -aium (Brüch, loc. cit., FEW t. 1, p. 233); cette hyp. fait difficulté, la finale n'étant pas clairement expliquée du point de vue phonét. L'explication de la métathèse à l'intérieur du fr. par l'infl. de l'a. fr. baloier « s'agiter, aller çà et là » (Brüch, loc. cit.; v. aussi baller) suppose le sens de « balai » antérieur à celui de « genêt », ce qui infirme l'ancienneté de balai « genêt » dans les dial., qui était justement l'argument le plus solide en faveur de l'orig. gauloise.