AUNE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1100
alne « longueur d'une aune » (
Roland, 2399, ms. Oxf. ds
Gdf. Compl. : Il nen i ad ne veie ne sentier, Ne voide terre ne
alne ne plein pied Que il n'i ait o Franceis o paien); 1
remoitié
xiies.
id. « la longueur d'une aune » (
Pèlerinage Charlemagne, 606, éd. E. Koschwitz-G. Thurau ds T.-L. : de fer i ait une
alne);
ca 1180
aune « bâton long d'une aune servant à mesurer » (
Renart, éd. M. Roques, branche I, vers 2298 : Si estoit alez querre une
aune Dont il voloit un drap auner);
ca 1260
savoir ce que vaut l'aune « savoir évaluer les difficultés » (
Ménestrel de Reims, éd. Wailly, 222 ds T.-L. : Ils savoient bien combien c'estoit l'
aune);
xives.
au bout de l'aulne fault le drap « toutes choses ont une fin » (
Bonum spatium, ms. B.N. lat., 10360 ds
J. Morawski,
Proverbes français antérieurs au xves., Paris, 1925, p. 7); 1669
tout du long de l'aune « excessivement » (
Molière,
Tart., I, 1 ds
Littré : C'est véritablement la tour de Babylone, Car chacun y babille, et
tout du long de l'aune).
Empr. à une lang. germ. anc. prob. l'a. b.frq. *
alina « aune » que l'on peut déduire du got.
aleina, a. nord.
o????ln, ags.
oln, a.h.all.
elina, m.néerl.
elne, mots qui du sens de « avant-bras » ont développé celui de « aune » (
Kluge20s.v. Elle). La forme germ. a été latinisée au Moy. Âge en
alnus (
xies.
Polyptique d'Irminon ds
EWFS2). Cette hyp. proposée par Gamillscheg ds
Z. rom. Philol., t. 43, p. 422 et de
Gam. Rom.2, t. 1, p. 293, semble préférable à celle d'un empr. au germ. (
FEW, XV
1, 1
repart., 13 b), étant donné − d'une part la répartition limitée des représentants du mot dans la Romania : aire gallo-rom. (d'où l'ital. mod.; il n'est pas impossible que, de son côté, l'a.prov.,
xiies. ds
Rayn., ait été directement empr. au got.) et cat. − d'autre part l'existence possible en frq. (Gamillscheg ds
Z. rom. Philol., loc. cit.) de formes du type *
alina, n'ayant pas subi la métaphonie.