ART, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST.
A.− 1. a) Ca 1100
males arz « arts maléfiques, sciences occultes » (
Roland, 886, éd. J. Bédier, p. 76 : Reis Corsalis, il est de l'altre part. Barbarins est e mult de
males arz) − 1493
maulvaiz arts « sorcellerie » (
Cri du prevost de Paris, ap. Laborde ds
Gdf. Compl.);
cf. début
xvies.
art magique (
Lemaire de Belges,
Illustr., I, 19 ds
Hug. : Au temps jadis, cestoit chose fort honnorable aux Princes de savoir
lart Magique, laquelle comprenoit trois sciences principales : Cestasavoir, Religion, Medicine, et Astronomie);
b) 1165-70 surtout au plur. « disciplines des études libérales (au Moyen-Âge) » (
B. de Ste-Maure,
Troie, éd. L. Constans, 8 ds T.-L. : les granz livres des set
arz);
c) début
xiiies. « activité, métier, discipline manuelle » (
Jourdain de Blaye, éd. K. Hofmann, 1299 ds T.-L. : quiert poissons, c'est li
ars dont il vit);
2. a) 1165-70 « moyen de parvenir à quelque chose, adresse » (
B. de Ste-Maure,
Troie, 13349 ds
Gdf. Compl. : Cil les prennent, mes c'est a tart, Et si vos dirai par quelle
art);
b) xvies. « manière de bien pratiquer une activité, méthode, règles propres à une discipline » (
Amyot,
Aristide, 27 ds
Hug. : Par certaines tables, ou estoit escrite l'
art d'exposer les signifiances des songes);
3. 1580 « ce qui est le produit de l'activité humaine, ce qui est artificiel (p. oppos. au naturel) » (
Montaigne, III, 355 ds
Littré : Si j'estois du mestier, je naturaliserois l'
art, autant comme ils artialisent la nature). Rem. : encore employé au fém. au
xvies.
B.− 1. 1740 « mode d'expr. partic. de la beauté, activité dont le résultat est la création d'un objet ou d'une œuvre esthétique »
(Trév.);
2. 1752
Beaux Arts « ensemble des activités et des œuvres où se manifeste la recherche d'une expression esthétique (
La Combe,
Dict. des Beaux Arts :
Arts (Beaux); ils sont distingués des
Arts simplement dits, en ce que ceux-ci sont pour l'utilité, ceux-là pour l'agrément. Les
Beaux Arts sont Enfants du génie; ils ont la nature pour modèle, le goût pour maître, le plaisir pour but).
Empr. au lat.
ars, attesté dans les différents emplois de A : 1 a dep.
Apulée (
Apol., 25 ds
OLD 175 § 5), « disciplines d'études libérales » −
cf. 1 b dep.
Cicéron (
De Orat., I, 158,
ibid., 175, § 6); 1 c dep.
Pacuvius (
Trag., 108,
ibid., 175, § 7); 2 a dep.
C. Lucilius (85,
ibid., 175, § 1); 2 b au
iers. av. J.-C. (
Rhet. Her., I, 3,
ibid., 175, § 9); 3 (
Rhet. Her., 3, 28,
ibid., 175, § 2); attesté dep.
Cicéron au sens B 1 (
N.D. 2, 82,
ibid., 175, § 8) et au sens corresp. à B 2 (
Leg., 2, 4,
ibid., 175, § 8).