ADOUBER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. 1100 « équiper, armer (un homme de guerre) » (
Roland, éd. Bédier, 1797 :
adubent lor cors D'osbercs e de helmes);
2. id. « préparer (des armes) » (
Ibid., 713 : escuz as cols e lances
adubees);
xiies. « orner, rehausser » (une arme) (
Pèler. de Charlemagne, éd. Koschwitz, 458 ds T.-L. : s'espee al poign d'or
adobet);
3. av. 1150 « armer chevalier » (
Charroi de Nismes, éd. Jonckbloet, 25 ds T.-L. : Chevalier
furent de novel
adoubé), fréq. au
xiies.
Prob. de l'a. b. frq. *
dubban, que Brüch (
Z. fr. Spr. lit., XLIX, p. 290 et
J. Brüch,
Einfluss der germ. Sprachen auf das Vulgärlatein, 1913, pp. 37-38) déduit de l'a. fris.
dubba «
frapper » (
Wiarda,
Gesch. der ausgestorbenen altfries. Sprache, p. 94 ds
J. Brüch,
Einfluss der germ. Sprachen auf das Vulgärlatein, 1913),
cf. fris. oriental
dubben « frapper », m. néerl.
dubben « secouer »), peut-être à rattacher à l'i.-e.
dheubh-, dhubh « frapper »,
IEW, p. 268. Attesté d'abord en fr. comme terme milit. et spécialisé comme terme de chevalerie (on frappait le futur chevalier du plat de l'épée); empr. comme tel par l'a. nord.
dubba « armer chevalier, préparer » (
De Vries Anord. 1962), l'a. angl.
dubban «
id. » (
NED dep. 1085,
s.v. dub). Le fait qu'il s'agit d'un terme de chevalerie rend improbable l'hyp. d'un empr. du fr. à l'angl. sax.
dubban, a. nord.
dubba « frapper » (
Diez5;
Berger,
Lehnwörter, p. 315;
Hopfgarten,
Altfrz. Wörter., p. 34) et celle d'un empr. de l'a. nord. à l'ags. (
Falk-Torp 1960
s.v. Andøve). L'aire géogr. des formes germ. suggère une orig. « ingwaeone ». Fr. empr. comme terme féod. par prov., ital., esp., cat., port. Du sens « armer chevalier » est issu celui de « préparer », terme gén. et terme techn. −
Gam. Rom2. t. 1, 1970, pp. 289-290 et p. 337.