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ABEILLE, subst. fém.
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov., port. abelha; ital. pecchia; esp. abeja; cat. abella. 1remoitié xives. « insecte qui produit le miel et la cire » (Établ. de St Louis, appendice, éd. P. Viollet, t. II, 488, n. 36, ms. I : de mouchees. I. [id est] abueilles pardues et de leur sorte, sete, sans perdre; local. : centre de la France); 1352 (Gloss. lat.-gall. ex. cod. reg. 4120 ds Du Cange s.v. abeilla : alveolus [ruche] = abeles). Empr. de l'a. prov. abelha « id. » dep. 1268 (Livre de Sydrac, fol. 117 ds Rayn.), du lat. apicula, cf. sup. ital. et lang. hisp. (lat. apicula « abeille », du domaine prov., continuation du lat. apicula, Plaute, ou, strate rom. superposée à un sous-sol apis, voir Meyer-L. ds Lit. Blatt, XL, no11-12, pp. 371-386 et Jud ds Arch. St. n. Spr., CXXVII, 1911, 419-421). La répartition des types dans le domaine gallo-rom., établie par Gilliéron (Généalogie des mots qui désignent l'abeille et Pathologie et thérapeutique verbales) reflète les réactions opposées aux collisions homon. subies par les représentants du lat. apis, du type a. fr. ef (puis é), plur. es (dep. début xiies. Ps. d'Oxford, éd. Fr. Michel, 117, 12 ds T.-L.) s.v. es : Avirunerent mei sicume es, [circumdederunt me sicut apes] (cf. vegl. guop, ital. ape, log. abe, frioul. af, gröd. eva). S'étendant d'abord à toute la France septentr., l'emploi de ef se limite à la Flandre fr. (Corblet : ès « abeille ») et à une partie des îles anglo-norm. (plus l'estuaire de la Gironde dans domaine d'oc). Ef est remplacé en fr. par mouchette (demeuré en lorr. cf. Zéliqzon, Dict. pat. rom. Moselle, mohhate « abeille ouvrière », et en fr.-comtois, cf. Monnier, Vocab. ... Séquanie, Mouchetè, s. f. « Abeilles, petites mouches » Montagnes du Doubs et Contejean, Gloss. Montbéliard, Môtchotte « abeille »), attesté en Lorraine dep. févr. 1291 (Coll. de Lorr., Not. des mss., XXVIII, 224 ds Gdf. s.v. troigh : troigh de mouxates « essaim d'abeilles »). Mouchette serait issu de mouche-ep (Gilliéron) (ep par influence de guêpe sur é, FEW; par latinisation de é d'apr. apis, E. Gamillscheg, Z. rom. Philol., XLIII, 529), hyp. controversée par Jaberg (Rom. 46, 121 : mouchette, dimin. de mouche). Mouchette aurait eu ensuite pour successeurs mouche à miel (attesté dep. 1422, dans la lang. litt. : Alain Chartier, Quadrilogue invectif ds Littré s.v. essaim : Les mouches à miel, qui chascune en leur exain ... et dominant encore dans les dial. septentr., cf. Corblet : mouches « mouches à miel ») puis abeille par l'intermédiaire de mouche-abeille (Gilliéron; contesté par Meyer-L., op cit.). − Abeille l'emporte sur son concurrent momentané avette (dimin. de af, ef), formé en Anjou. (Cf. Ronsard, Odes, II, 7 ds Hug. : Et du miel tel qu'en Hymette, La desrobe-fleur avette Remplit ses douces maisons). Forme rég. représentée par fr.-prov. aveille (dep. xives. ds Du Cange s.v. avillarium; voir Terracher ds Mél. Thomas, 1927, pp. 445-446). Répartition types apis, apiarium, apicula dans la Romania, voir Jud., Op. cit. HISTORIQUE I.− Pas de sens disparus av. 1789. II.− Hist. des sens attestés apr. 1789. − A.− Sém. A I − 1. Accept. 1, grande stab. dep. la 1remoitié du xives. cf. étymol. et aussi : 2emoitié du xives. : Que toutes les aboilles qui seront trouvees en la forest de Nichier seront a madame. Tit. de la mais. de Sully [1369], (Gdf.). xves. : Le suppliant et Colin Vallee trouverent une bezanne d'abeulles, la leverent, et en prirent tout le couppeau et miel de dedans. A. N. JJ 190, pièce 69 [1460], (Gdf.). xvies. : Dessus cest arbre par moult grandes merveilles se posa lors une turbe d'abeilles. Oct. de Sainct-Gelays, VIIeliv. de l'Énéide [1540], 60 vo., (Quem). xviies. : Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille? Boil., Sat., Le départ du poète, 1966, (Rob.). xviiies. : Qu'importe au genre humain que quelques frelons pillent le miel de quelques abeilles Volt., Lett. 30/8/1755, (DG). 2. Accept. 2, le 1ersens fig., ,,par allusion à la douceur du miel``, est mentionné pour la 1refois ds Fur. 1701 : Abeille, se dit quelquefois figurément de ceux qui parlent, ou qui écrivent élégamment. Xénophon a été la Muse et l'Abeille Athénienne, à cause de la douceur de son stile. Mle Sc. Les ex. de l'art. sém. montrent que le mot d'abord devenu nom propre qualificatif (« surnom ») est devenu ensuite chez qq. auteurs un nom commun à valeur symbolique désignant une catégorie d'écrivains. Le sens fig., terme d'affection, n'est apparu qu'au xxes. (cf. sém. B 2). B.− Sém. B (technol.). − A partir du xviiies. apparaît une série de sens techn. (les uns p. anal. avec la forme de l'insecte ou de son alvéole, les autres par référence aux diverses qualités de l'abeille); ils sont cités ci-dessous dans l'ordre chronol. de leur apparition. 1. Astronomie : Abeille est l'une des douze constellations australes qui ont été observées par les modernes depuis les grandes navigations. Oz. Fur. 1701. 2. Héraldique : Abeille, symbole de l'autorité impériale. Ac. Compl. 1842. − Rem. On sait que l'abeille, symbole du travail, fut adoptée comme emblème par Napoléon Ier(qui voulait aussi rattacher par là la dynastie qu'il venait de fonder à la première qui eut régné sur la France, l'abeille ayant déjà été l'emblème des Mérovingiens). 3. Titre de sociétés et de périodiques : Mich., Journal, 1857, (cf. sém.). 4. Joaillerie : épingle-abeille, attesté en 1858 (cf. sém.); abeille continue à s'employer au xxes. (Ph. Hériat, Les enfants gâtés, 1939, IV, 3). 5. Danse : Pas de l'abeille, danse lascive de l'Égypte. La Châtre 1865. 6. Text. dans l'expr. tissu ou serviette nid(s)-d'abeilles que le DG définit ainsi : ,,Travail d'un tissu qui ressemble aux cellules d'une ruche.`` 7. Autom., aviat., abeille appliqué à ces techniques (début du xxes.?) n'est empl. que dans l'expr. radiateur en nids d'abeilles (cf. sém.). 8. Arg., « fille galante » (Bruant 1901). 9. Milit. « petit éclat d'obus », Esn. Poilu 1919. 11. Ébénisterie, apparaît ds Lar. 20e: Bois d'abeille, nom donné à un bois dur, très apprécié en ébénisterie, et qui provient de la Guyane, des Indes et des Iles de la Sonde. − Rem. Pour la répartition géogr. des appellations de l'abeille, cf. les travaux de Gilliéron et FEW s.v. apicula et musca.