ABBÉ, subst. masc.
ÉTYMOL. − Corresp. rom. : a. prov.
ábas; n. prov.
abát; ital. roum.
abate; esp.
abad; port.
abade; cat.
abat.
1100 « supérieur d'une abbaye » (
Roland, éd. Bédier, 2955 : Asez i ad evesques et
abéz);
ca 1130 «
id. » (
Couronnement de Louis, éd. Langlois, 1762 : Iluec trova et evesques et
abes).
Empr. au lat. chrét.
abbātem (acc. de
abbás, d'où la forme
ábes) empr. lui-même à l'araméen par l'intermédiaire du grec eccl. α
́
ϐ
ϐ
α
̃ « père » (en s'adressant à Dieu) »,
Nouv. Test., passim. Lat. d'abord sous la forme
abba, fréquente jusqu'au
ixes., de même sens que le gr. (
cf. St Jérôme, ds
epist. ad Gal. 4, 6 ds
Blaise : cum abba pater Hebraeo Syroque dicatur); attest. continues en lat. chrét. et médiév. au sens de « supérieur d'une abbaye ».
HIST. − Attesté pour la 1
refois en 1100 (
cf. étymol.),
abbé est encore empl. dans la lang. contemp. dans son accept. primitive en usage dep. St Benoît. Pour ses accept. extensives (
cf. sém. I B et C) ce mot subsiste aux
xixeet
xxes. par all. au passé. La distinction établie sous l'Anc. Régime entre l'
abbé régulier et l'
abbé commendataire est encore explicite dans la lang. contemp. et se retrouve implicitement dans les expr. :
abbé commendataire, abbé de cour, abbé du XVIIIes. et
abbé connétable. Le développement de la commende et l'habitude de voir des abbés vivre dans le monde − tels les abbés de cour − amenèrent la coutume d'appeler aux
xviieet
xviiies. tout ecclésiastique du nom d'
abbé même s'il n'exerçait pas le sacerdoce,
cf. Marion,
Dict. des institutions de la France. De là la nouv. déf. donnée par la plupart des dict. au terme
abbé : « tout homme revêtu de l'habit ecclésiastique » (
Besch., Littré,
DG, Dub.). Cet usage semble auj. périmé,
abbé désignant plus précisément et sans considération vestimentaire le titre attaché à la fonction sacerdotale (sém. II).
− Rem. Dans certains emplois région.
abbé désignait au Moy. Âge le chef de certaines confréries de jeunes gens organisant les fêtes du village (
cf. Ac. Compl., Lar. 20e) ou « le chef de certaines confréries d'artisans dans le Midi » (
cf. Littré).
Cf. aussi
Du Cange s.v. abbas : abbé des cornards (Rouen, Evreux),
abbé de liesse (Arras).