TRIVIAL, -ALE, -AUX, adj.
Étymol. et Hist. I. A. Adj.
1. 1545 « commun, sans distinction, simple, pas très élevé » (J.
Bouchet,
Épitres familières, II, CCXXI ds
Gdf. Compl.);
2. 1549 « banal, sans originalité, courant » (
Rabelais,
Sciomachie ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 412);
cf. aussi 1552
musique triviale et commune (
Id.,
Quart Livre, éd. R. Marichal, LXII, 112, p. 252); 1564 « commun, usé, rebattu » (
Id.,
Cinquième Livre, XIX ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 73);
3. a) 1623 « qui traite de choses communes; vulgaire » (
Caquets de l'accouchée, Vers de l'autheur, éd. E. Fournier, p. 5);
cf. Girard,
La Justesse de la lang. fr., ou les différentes significations des mots qui passent pour Synonimes, Paris, 1718, p. 205: Le mot de
Trivial renferme une idée de mépris que n'a pas le mot de
Commun. Ce qui est Trivial a quelque chose de bas: Et ce qui est Commun n'a rien d'extraordinaire. Les gens d'esprit ne goûtent point de pensées Triviales, et n'admirent point de pensées Communes;
b) 1828 « choquant par sa vulgarité »
calembourg obscène ou trivial (
Sainte-
Beuve,
Tabl. poés. fr., p. 122).
B. Subst. 1788 (
Fér. Crit. t. 3).
II. Adj. 1571 « à la croisée de trois voies »
carrefour [...]
trivial (
La Porte,
Les Epithètes, p. 48a); 1846
dieux triviaux (
Besch. t. 2).
III. Adj. 1960 math. (
Bourbaki,
loc. cit.). I empr. au lat. d'époque impériale
trivialis, -e « de la croisée de chemin, de place publique, grossier, vulgaire », dér. de
trivium « carrefour (de trois voies) », avec recours au sens premier pour III (sens du lat.
trivius, -a, -um) et infl. de l'empl. de
trivialis en lat. scolast. pour qualifier les arts mineurs du
trivium* (v.
Du Cange,
s.v. trivium et
Blaise Latin. Med. Aev.). En angl. le lat.
trivialis a donné également un adj.
trivial au sens de « commun, banal, familier », puis, plus partic., « négligeable, peu important », d'où son empl. en math. pour qualifier des données sans importance ni intérêt (1915 ds
NED Suppl.2), p. ex. si elles sont égales à zéro ou présentent des caractéristiques de relation ou d'identité qui les rendent non conséquentes.