LUI1, LEUR1, pron. pers.
Étymol. et Hist. LUI. I. Pron. pers. de la 3
epers. masc. sing. tonique.
A. Cas régime
1. ca 881 à la place du pron. réfl. pour renvoyer au suj. de la prop. (
Ste Eulalie, éd.
Henry Chrestomathie, 28 : ... et a
lui nos laist venir [Christus]);
cf. ca 1100 (
Roland, éd. J. Bédier, 2382 : Mais
lui meïsme ne volt mettre en ubli);
2. ca 881 après une prép. (
Ste Eulalie, éd. citée,
loc. cit.); fin
xes. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 211 :
De lui [Jesus] long temps mult a audit [Herodes]); mil.
xies. (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 535 :
Par lui [St Alexis] avrum, se Deu plaist, bone aiude); 1174-76 terme d'appel déterminé par une prop. rel. (
Guernes de Pont-Ste-Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 1733 : Deus est en
lui, fait il,
ki aime verité);
3. fonction de pron. régime dir. atone [=
le]
a) 2
emoitié
xes. le pron. est séparé du verbe qu'il précède; v. note de l'éd. (
St Léger, éd. J. Linskill, 12 : Que [Ewruins]
lui a grand torment occist);
b) fin
xes. le pron. est placé en fin de prop. (
Passion. éd. citée, 354 : La soa madre virgo fu Et sen peched si portet
lui);
c) ca 1100 en coordination avec un pron. [ou un nom] (
Roland, éd. citée. 380 : Mult grant mal funt e cil duc e cil cunte A lur seignur, ki tel cunseill li dunent :
Lui e altrui travaillent e cunfundent).
B. Fonction de suj.
a) 1160-74 en coordination (
Wace,
Rou, éd. J. Holden, App., 420);
b) ca 1393 en prop. ell. (
Ménagier, II, 289 ds T.-L. : qu'ils le voient [l'oiseau dressé à la chasse, en parlant des chiens] et
luy eulx).
II. Remplace le pron. pers. atone masc. correspondant, cas régime indir.,
li [Li : 842 (
Serments, éd.
Henry Chrestomathie, 22, p. 2 : in nulla aiudha contra Lodhuuuig nun
li [Karlo] iu er); 1
remoitié
xes. (
Jonas, éd. G. de Poerck, 146; 149 : por qe Deus cel edre
li donat a sun souev : 2
emoitié
xes. (
Jonas, éd. G. de Poerck, 146; 149 : por qe Deus cel edre
li donat a sun souev); 2
emoitié
xes. (
St Léger, éd. citée, 46 : Sa gratia
li perdonat)]
1. 1
remoitié
xes. après une conj. (
Jonas, éd. citée, 218 : e tels
eleemosynas ent
possumus facere qe
lui ent
possumus placere); mil.
xies. (
St. Alexis, éd. citée, 65 : Mais
lui est tart quet il s'en seit turnet);
2. 2
emoitié
xes. par recherche d'expressivité (
St Léger, éd. citée, 20 : Didun, l'ebisque de Peitieus,
Lui l comandat ciel reis Lothiers); mil.
xies.
id. (
St Alexis, éd. citée, 373 :
Lui le consent ki de Rome esteit pape),
cf. G. Moignet,
Gramm. a. fr., p. 134;
3. fin
xes. au début d'une prop., spéc. d'une indép. interr. (
Passion, éd. citée, 497 :
Lui [Satanas] que aiude?);
4. mil.
xies. devant un inf. régi par une prép. (
St Alexis, éd. citée, 383 : E que l'imagine Deus fist pur lui parler);
5. ca 1100 régime des verbes unipersonnels (
Roland, éd. citée, 519 : ... se
lui plaist). À partir du
xiiies.,
lui remplace de plus en plus souvent, et dans tous les emplois.
li masc. atone et finit par le supplanter en m. fr. (
G. Moignet,
op. cit., p. 39;
F. de La Chaussée,
Morphol. hist. a. fr., § 62).
III. Remplace le pron. pers. fém. atone, cas régime indir.,
li [
Li :
ca 881 (
Ste Eulalie, éd. citée, 13 : Il
li enortet... Qued elle fuiet lo nom christiien); mil.
xies. (
St Alexis, éd. citée, 63; 64; 71 : Quant sa raison
li [sa spuse] a tute mustrethe)] 1318-22
lui (
Renart le Contrefait, éd. H. Lemaître et G. Raynaud, 1
rebranche, 1762 : De jour le tient comme sa femme, et de nuit
lui [à Cardionet] fait tel diffame).
LEUR. Pron. pers. de la 3
epers. du plur., masc. et fém., atone, cas régime indir. 1
remoitié
xes. (
Jonas, éd. G. de Poerck, 125 : lor peccatum
lor dimisit).
Lui est issu d'un lat. vulg.
illúī
(
TLL signale une forme
illui, peu sûre,
s.v. ille, 341, 10), réfection de
illi, datif sing. du dém. lat.
ille (v.
il et
le art. déf. d'apr.
cuī, datif sing. du rel.
qui, v.
qui; [
ellυi] ne portant pas l'accent sur la 1
resyll. a subi l'aphérèse, fait prob. ant. à 271, le corresp. roum. étant
lui (
F. de La Chaussée,
op. cit., § 53). L'a. fr.
li pron. atone masc. et fém. régime indir. est issu, avec aphérèse, de
illi, datif sing. de
ille [
cf. le pron. roum. corresp.
li]; v. aussi
Vään., § 276.
Leur est issu du lat.
illorum, v.
leur3.