GRAAL, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Mil.
xiies. « plat large et creux » (
Roman d'Alexandre, ms. de Venise ds
Elliott Monographs, t. 1, p. 33, 618); en partic. 1181-90 (
Chr. de Troyes,
Conte du Graal, éd. F. Lecoy, 6207);
2. ca 1200 « plat de la Cène » (
Robert de Boron,
Graal, éd. W.A. Nitze, 2659). Issu sous une forme fr.-prov. ou occitane d'un lat.
gradalis « plat large et creux » (1010 ds
Du Cange) d'orig. très discutée; l'étymol. la mieux établie est celle qui y voit un dér. *
cratalis de
cratis « claie » substantivé au sens de « récipient » apr. ell. d'un subst. tel que
vas « vase » (
FEW t. 2, p. 1293), mais qui fait difficulté du point de vue sém.; on a proposé d'autres étymons moins vraisemblables ou insuffisamment étayés : − un rattachement au lat.
crater « cratère » (
Diez5, p. 602; v. aussi
Gossen ds
Vox rom. t. 18, pp. 207-209), − un dér. de
gradus « degré », soit parce que dans ce récipient les morceaux sont disposés l'un après l'autre (
REW3, n
o3830a), soit parce qu'il s'agit d'un récipient à pied (M.
Roques ds
Les Romans du Graal aux xiieet xiiies., 1956, p. 12 et 13). En tout cas, il est établi dep. l'art. de M.
Roques,
loc. cit., que le mot est lié à une réalité domestique et rurale et que l'aire des formes
gré, greau, grial dans la région Est et Nord-Est du domaine d'oïl représente une aire en régression à laquelle correspond, dans les domaines francoprovençal et occitan, celle du type
graal, grazal.