BONNET, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − A.− 1. Mil.
xiies. « étoffe servant à faire des coiffes » (
Charroi de Nîmes, éd. D. Mc Millan, 1046 : Un chapel ot de
bonet en sa teste) − 1435,
Est. de S.-J. de Jer., Arch. H.-Gar., f
o19
adans
Gdf.; 1184
boneta « coiffure » dans un texte lat. (
Geoffroi de Vigeois,
Chron., I, 74 dans
DG); 1401
bonnet (
Argenterie de la reine, 9eCpte d'Hemon Raguier, f
o10 v
odans
Gay); spéc.
a) 1534 symbole d'une profession, d'une catégorie (
Rabelais,
Gargantua, éd. Marty-Laveaux, chap. 44, t. 1, p. 163); 1611
prendre le bonnet (
Cotgr.); p. ext. 1623
gros bonnet (Recueil gén. des
Caquets de l'accouchée, 2
ejournée, Paris, p. 65);
b) fin
xviiies.
bonnet phrygien (cité sans réf. par
Brunot t. 9, p. 625); 1838 (
Ac. Compl. 1842);
2. 1459
mettre la main au bonnet « saluer » (
Lettre de rémission dans
Reg. 190 dans
Du Cange); 1545 (faire quelque chose)
soubs son bonnet (
J. Bouchet,
Ep. mor., VIII dans
Gdf. Compl.); 1558 [éd. 1561]
avoir la teste pres du bonnet (
B. Desper.,
Nouv. recreat., p. 18,
ibid.); 1623
jeter son bonnet par dessus les moulins (Ch.
Sorel,
Francion, 289 dans
IGLF Litt.); 1640
C'est bonnet blanc blanc bonnet (
Oudin Curiositez); 1654
opiner du bonnet (Scarron, 90 dans
Richardson, p. 26).
B.− P. anal. de forme
a) 1678 fortif.
bonnet à Prestre (
Guillet,
Les Arts de l'Homme d'Épée, Paris);
b) 1690 zool. (
Fur.);
c) 1751 technol. (
Encyclop. t. 2).
Orig. douteuse. Peut-être issu du lat. médiév.
abonnis « bandeau servant de coiffure » (
vies.,
Pactus legis salicae, éd. Eckhardt, t. 2, 2, p. 420 :
obbonis, var.
abonnis), d'orig. obsc. À la suite de Van
Helten,
Beiträge zur Geschichte der deutschen Sprache und Literatur, 25, 295, J. Brüch dans
Die Neueren Sprachen, t. 32, p. 426 voit dans la forme
obboinis (d'où p. dissimilation
abonnis) un frq. *
obbunni composé de
ob (corresp. au m. h. all.
obe « en haut ») et de *
bundi « ce qui est lié » (all.
binden « lier »), avec passage de
-nd- à
-nn-; *
obbunni « ce qui est lié sur » correspondrait au m. h. all.
gebünde « ouvrage fait de bandes, de rubans », d'où le sens « bandeau servant de coiffure »; en effet, bien qu'attesté un peu postérieurement en fr., le sens premier du mot est « coiffe » (« tissu » n'étant qu'un sens dér.), comme le montre la glose du
xies.
h[
u]
ba :
bonitum (Gloss. lat.-all., extrait du ms Vatic. Reg. 1701, éd. Louis Duvau dans
Mémoires Soc. ling. Paris, t. 6, 1885-1888, p. 365); l'hyp. de Van Helten est aussi reprise par
Gam. Rom.2, I, p. 318.