BAN1, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Ca 1130 dr. féod. « convocation que le suzerain fait de ses vassaux dans sa juridiction pour le servir à la guerre » (
Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 1503 dans T.-L. : Vait s'en Guillelmes li nobiles guerriers; Ensemble o lui doze cent chevalier, Par sa maisnie a fait un
ban huchier); d'où 1573 (
Est., éd. J. Dupuys : [...]
Ban aussi et
arriereban signifie la cõuocation assẽblee et trouppe des nobles d'une Seneschaulcee ou Bailliaige tenãs fiefs ou arrierefiefs au dedãs des enclaves desdits Seneschaulcee ou Bailliaige [...]
Crier le ban et arriereban); d'où 1835 fig. et fam. (
Ac. :
Convoquer le ban et l'arrière-ban. S'adresser à tous ceux dont on peut espérer du secours, quelque appui, pour le succès d'une affaire. Il signifie aussi, Faire une convocation générale de certaines personnes);
b) ca 1165 p. ext. dr. féod. « proclamation du suzerain dans sa juridiction pour ordonner ou défendre qqc. » (
Chr. de Troyes,
G. d'Angleterre, éd. W. Foerster, 3041 : Lors est par tot crïez li
bans, Qu'il n'i remaingne sers ne frans, si chier com il a lui mëisme, Qui n'et einçois ore de prime Le gué de la marche passé);
c) 2
equart
xiiies. spéc.
ban (de mariage) « proclamation publique des promesses de mariage, faite à l'église » (
Gerbert de Montreuil,
Continuation de Perceval, 1922, 2066 : Et li prestres crie le
ban : « s'il i a nului qui seüst Par coi assambler ne deüst Cis mariages, qu'il le die »);
2. 1257 dr. féod. « territoire soumis à la juridiction d'un suzerain » (
Cart. de S. Médart, f
o9 r
o, Arch. Aisne dans
Gdf. : Entre mes
bans et mes terroirs et les
bans et les terroirs l'abbé...); d'où 1273 spéc.
(four, moulin) par ban « à l'usage duquel un seigneur a droit d'assujettir par proclamation ceux qui sont dans l'étendue de sa seigneurerie » (
Establ. de S. Louis, I, 144 rubr. dans
Gdf. Compl. : De moudre a moulin
par ban);
3. 1547 « exil, bannissement » (
Amyot,
Hist. Aethiopique, L. I, 9 r
odans
Hug. : Il employoit tous ses familiers et amys, pour voir s'il pourroit faire tant que vostre
ban fust revoqué); d'où 1694
mettre au ban « proscrire »
(Ac.); maintenu au fig. 1932
mettre quelqu'un au ban de l'opinion publique (Ibid.).
De l'a. b. frq. *
ban « loi dont la non-observance entraîne une peine » (a. h. all.
ban « commandement sous menace de peine, défense, juridiction et son domaine », a. nord.
ban « défense »,
Kluge20) à rattacher au verbe germ. *
bannan « commander ou défendre sous menace de peine », qui lui-même remonte à la racine indo-européenne *
bhā- « parler » par l'intermédiaire d'une forme de présent *
bh-en- (
IEW t. 1, p. 106); l'orig. frq. est corroborée par le fait que le mot apparaît d'abord sur le domaine gallo-roman (a. fr.,
supra et prov. Giraud de Borneil dans
Rayn.) d'où il passe en a. ital. (
banno, xiiies. dans
DEI) et en a. esp. (
bando, 1300 dans
Cor.). Le frq.
ban est attesté sous la forme
bannus ou
baǹnum en lat. médiév. dep. le
vies. au sens de « amende infligée à cause d'un délit contre le pouvoir public » (
Grégoire de Tours,
Franc., 5, 26 dans
TLL s.v., 1716, 46) et, postérieurement, aux divers sens relevés en fr. : 1 a 775 (
Diplomata Karolin. I, n
o91 dans
Nierm.); 1 b
viies. (
Lex Ribuar., rec. A tit. 65; rec. B tit. 67.
ibid.); 2. 983 (spéc. « aire soumise à la justice établie dans un château fort »
Privilegium Bened. VII pap., Heinemann, CD. Anhalt, n
o71, p. 55,
ibid.); 3 801-813 (
Capitulare Aquisgr., c. 13, I, p. 172,
ibid.).