AIGLE, subst. masc. ou fém.
Étymol. ET HIST. − 1. 1165
eigle, fém. « grand oiseau de proie diurne » (
Chret. de Troyes,
Guillaume d'Angleterre, éd. Foerster, 883 ds T.-L. : Une
eigle vint);
ca 1170
egle, masc. « id. » (
Livres des Rois, éd. Le Roux de Lincy, 123
ibid. : li
egles); fin
xiie-début
xiiies.
aille, masc. (
Gervaise,
Bestiaire, ms. Brit. Mus., add. 28 260, f
o95c ds
Gdf. Compl. : Quant li
aille est viel);
2. 1
remoitié
xiies. hérald. « aigle considéré comme emblême » (
Pèlerinage de Charlemagne à Jérusalem, éd. Koschwitz, 263 ds T.-L. : Virent Costantinoble [...] Les clochiers et les
aigles et les ponts reluisanz);
3. 1690 liturg. (
Fur. : On appelle aussi dans les Églises
aigle le pulpitre de cuivre qui est au milieu du Chœur, à cause qu'il représente une
aigle : et on dit dans les Chapitres, qu'un Chanoine est à l'aigle, quand il est Semainier, lors qu'il fait l'Office).
Soit emprunté à l'a. prov.
aigla fém. «
id. » (dep. Deudes de Prades,
xiiies. ds
Rayn. t. 1, p. 38 b; lat.
aquila, fém.) soit, plus prob., issu par un traitement partic., non pop. du lat.
aquila (ce mot désignant non seulement l'oiseau de proie mais aussi l'enseigne romaine) dont le processus serait le suiv. : au stade de l'étape régulière *
agwila, anticipation de
w (
cf. *
agwa [< lat.
aqua] *
augwa), d'où : *
aṷgwila, puis apr. réduction à *
aṷgila, assimilation de l'
ṷ
diphtongal par l'
i pénultième atone en
i̭
: d'où *
aigila. *
ai̭gla, aigle apr. syncope, voir
Fouché t. 3 1961, pp. 718-719. La forme rég. a. fr.
aille, supra demeure vivante en fr.-prov. (Suisse romande, fém.
alye, aye, masc.
alyo, ayo ds
Pat. Suisse rom., s.v. aigle). Masc. et fém. en a. fr. aux sens 1 et 2, prob. en raison de l'hésitation de genre dans l'emploi de l'art. devant un subst. à voyelle initiale; très souvent fém. au
xvies.; déclaré de genre masc. au sens 1, fém. au sens 2 par
Ac. 1694; le genre masc. au sens 1 l'emporte en fr. mod. peut-être p. anal. avec d'autres noms d'oiseaux de proie :
faucon, épervier ...