| ÉVACUATION, subst. fém. A.− [En parlant d'une chose qui est rejetée ou expulsée; correspond à évacuer A] 1. [En parlant des excréments, de substances nocives accumulées dans une partie de l'organisme, etc.] Rejet, expulsion hors du corps par les voies naturelles ou par intervention chirurgicale. Une évacuation abondante; évacuation catarrhale; évacuation de sang; réflexe d'évacuation urinaire ou excrétoire. Pendant le sommeil, (...) le mouvement péristaltique des intestins languit (...) les évacuations alvines sont retardées (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p. 378).Le kyste suppuré peut se rompre et occasionner la mort (...) ou la guérison par l'évacuation au dehors (Brumpt, Parasitol.,1910, p. 235).Appareil à pneumothorax et évacuation de la plèvre (Catal. instrum. chir. [Collin], 1935, p. 10). Rem. Ac. 1798-1932 atteste un emploi au plur. pour désigner les matières évacuées. Le médecin, en voyant les évacuations, jugea que le malade était beaucoup mieux. 2. P. anal. [En parlant d'eaux usées, de gaz, de déchets produits par une usine, etc.] Évacuation de l'air vicié, de déchets radioactifs, d'effluents gazeux ou liquides. Synon. écoulement, rejet.Sur les navires de combat, (...) les tuyaux de décharge, les évacuations d'un certain nombre de pompes doivent rester au-dessous du pont blindé (Croneau, Constr. nav. guerre,t. 2, 1892, p. 181).Produire du plutonium en opérant à la plus basse température possible pour simplifier les problèmes technologiques d'évacuation de chaleur (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 108). Rem. 1. La docum. atteste qq. emplois au fig., en parlant de la pensée, d'idées, etc. La littérature n'est pas une évacuation déréglée des idées, une pêche miraculeuse au hasard du dictionnaire (Morand, Excurs. immob., 1944, p. 159). [L']évacuation de la présence en quelque sorte auto-affirmante de mon existence corporelle (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 20). Il n'y a pas de conversion s'il n'y a pas de don total. (...) Il faut l'évacuation totale du monde (Green, Journal, 1955-58, p. 5). 2. Ac. Compl. 1842 et certains dict. (Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. encyclop., Guérin 1892 et Quillet 1965) attestent, dans le domaine de la procédure, évacuation des procès « action de terminer tous les procès pendants devant une juridiction ». B.− [En parlant d'un lieu; correspond à évacuer B] 1. Abandon, retrait, sortie par ordre de l'autorité, de la force publique, ou en raison d'une nécessité quelconque. Évacuation d'un cinéma, d'une ville. Il faudrait évidemment demander l'évacuation des tribunes (Barrès, Cahiers,t. 6, 1907-08, p. 275).Le gouvernement a interdit les évacuations de villages (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 321): 1. Une escouade de sergents de ville venait de faire irruption dans le restaurant, et procédait à l'évacuation de la salle. Jacques et Jenny, serrés l'un contre l'autre, se trouvèrent pris dans le remous, poussés, bousculés, entraînés vers la porte.
Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 550. 2. En partic., domaine milit.Abandon, retrait d'une place ou d'une position, effectué par une troupe sous la pression de l'ennemi ou non. Évacuation des territoires occupés; tranchées d'évacuation. [Le sergent] surveille l'évacuation du cantonnement à cette fin que personne ne tire au flanc (Barbusse, Feu,1916, p. 149).La promesse d'une évacuation immédiate en échange de la reddition des troupes françaises qui se défendaient encore isolément (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 141): 2. ... il (...) fallait l'assentiment unanime des puissances. Or, la Russie a carrément refusé le sien : en exigeant, comme condition absolue, l'arrêt officiel des hostilités en Serbie et l'évacuation de Belgrade par les troupes autrichiennes; ce qui, en l'état actuel, était vraiment demander à l'Autriche une reculade inacceptable!
Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936p. 474. C.− [En parlant de pers.; correspond à évacuer C] 1. Action de faire partir, sortie d'un lieu par ordre de l'autorité, de la force publique, ou par une nécessité quelconque. Évacuation des habitants, de la population d'une ville. Ordre d'interdire les évacuations, c'est-à-dire de contraindre les femmes et les enfants à demeurer sous les bombardements (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 321).Système d'évacuation immédiate (...) organisé pour ceux qui montraient subitement des signes de la maladie (Camus, Peste,1947, p. 1371). 2. En partic., domaine milit.[En temps de guerre] Envoi vers l'arrière (de personnels blessés ou malades). Hôpital d'évacuation; billet, fiche d'évacuation. Modestes blessures qui n'ont pas été estimées dignes d'une évacuation (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 76).Les premières évacuations de gazés en 1915 (Josué, Godlewski dsNouv. Traité Méd.,fasc. 8, 1925, p. 340): 3. Tarkington, pour qui ses pieds douloureux, gonflés, faisaient maintenant de la moindre marche un supplice chinois, dut reconnaître qu'il lui fallait demander son évacuation.
Maurois, Les Silences du colonel Bramble,1918, p. 102. Prononc. et Orth. : [evakɥasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1314 méd. « action de vider » (H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, § 750); 2. 1690 milit. « action de sortir d'une place » (Fur.); 3. 1762 p. ext. « action de sortir d'un établissement, d'un lieu » (D'Alembert, Lettre à Voltaire, 4 mars ds Littré). Empr. au b. lat. evacuatio « action de vider ». Fréq. abs. littér. : 158. |