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ÉCHAPPER, verbe.
A.− Emploi intrans.
1. Cesser d'être pris ou retenu.
a) [Le suj. désigne une pers.; un compl. indir. marque l'éloignement par rapport à une chose ou à une pers.]
[Le compl. indir. représente un lieu] Vieilli. S'enfuir d'(un endroit). Échapper de prison (Littré).
[Le compl. indir. représente un danger] Tirer d'(un danger, une maladie). Ce n'est rien, elle en échappera, si elle ne meurt pas du... (Mérimée, A. Guillot,1847, p. 93):
1. ... le désir bien naturel de revoir les croisés qui avaient échappé aux dangers de la route, y conduisait tous ceux qui avaient parmi eux des parens ou des amis... Montalembert, Hist. de Ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. 187.
[Le compl. indir. représente une pers.] Fausser compagnie à, se soustraire à. Échapper à ses gardiens.
Au fig. Se détacher de :
2. Tu la connais, c'est celle qui est de ton âge, et qui t'attendait comme tu sais : mais c'est passé, et son attente pour un autre qui lui échappe également. E. de Guérin, Journal,1834, p. 27.
b) [Le suj. désigne une chose] Cesser d'être tenu. Or le hasard voulut qu'en causant, en riant et en gesticulant, cet éventail vînt à lui échapper (Musset, Mouche,1854, p. 283).Mais, à peine eut-il regardé, qu'il poussa un cri et que le cliché faillit lui échapper des mains (Verne, Île myst.,1874, p. 416).
P. anal. Être émis de façon incontrôlée :
3. C'est qu'aux premières affres de la nausée une grande détresse s'empare de moi (...) Les yeux dilatés, j'avale précipitamment une salive abondante et salée, tandis que m'échappent d'involontaires cris de ventriloque... Colette, Sept dialogues de bêtes,1905, p. 65.
Au fig. Ne plus être soumis à l'autorité, à la loi (de quelqu'un ou de quelque chose). Le pouvoir lui échappe (Lar. Lang. fr.).
Faire défaut après avoir été acquis. Le titre [de champion de France amateurs et indépendants] lui échappa [à Louis Claillot] (L'Œuvre,14 mars 1941).
En partic. Sortir de la mémoire. René Fitament et son compagnon, dont le nom m'échappe (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 188).
2. Ne pas être pris.
a) [Le suj. désigne un être vivant] Se dérober, éviter. Les circonstances le servirent singulièrement. Il échappa à la conscription, à titre de fils aîné d'une femme veuve (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 50):
4. En admettant d'ailleurs que la mortalité due à l'inoculation soit moindre que celle qui est causée par la maladie naturelle, la différence n'est pas suffisante pour compenser les chances qu'ont les animaux d'échapper à la contagion. Nocard, Leclainche, Les Maladies microbiennes des animaux,1896, p. 306.
Au fig. Benozzo Gozzoli ne put échapper à l'influence des écrivains et des mécènes que parce qu'il menait cette vie-là (Faure, Hist. art,1914, p. 375).Pourtant, Spielmann et ses collègues ne désespérèrent point d'échapper à ce funeste dilemme (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 282).
b) [Le suj. désigne une chose] Être hors de. Ces lattes sont maintenues par des vis aux cornières et chevrons intermédiaires; la tête de ces vis échappe à l'ardoise par le relief de l'aile inférieure (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 346).
Au fig. Ne pas être concerné. Nous le savons, les intérêts ne se réglementent point; ils échappent à la loi (Doc. hist. contemp.,1864, p. 24).
N'être pas saisi par l'intelligence. Je me sens incapable d'aucune appréciation raisonnable, modérée, de faits dont le véritable sens m'échappe peut-être (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1131).
N'être pas remarqué :
5. L'exploitation en grand la mieux préparée fait parfois apparaître des défauts ou des facilités qui ont pu échapper aux études. Brunerie, Les industr. alim.,1949, p. 182.
Spéc. Échapper à la vue :
6. Il est très essentiel d'accoutumer les hommes à penser qu'il y a, dans la nature, des causes et des effets qui échappent à leur vue, et même à tous leurs sens. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 136.
B.− Emploi trans., vx. Laisser tomber. Il semblait qu'un coup de vent fît voltiger de son tapis vert sur toute la France les « petits papiers » que ses mains tremblantes échappaient (Barrès, Leurs fig.,1901, p. 126).
P. ext. Éviter. Le Roman est aujourd'hui notre poème épique (...) quoique vous fassiez, vous ne pourrez absolument pas l'échapper (Liszt, Corresp.[avec ctesse d'Agoult], 1833-40, p. 42).
Expr. usuelle. L'échapper belle. Éviter un danger à la dernière minute. Avoir été blessé à G..., ça ne serait même pas à dire, − quoi qu'il l'eût échappé belle (Benjamin, Gaspard,1915, p. 74).
Rem. Certains auteurs accordent le part. passé d'après belle. Au fond il l'avait échappée belle (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 132).
C.− Emploi pronom.
1. [Le suj. désigne un être vivant] Se sauver, s'enfuir. Dans une de ces stations, le cheval le plus fringant de la bande s'est échappé, il a fallu le poursuivre longtemps (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 404).
P. anal. S'esquiver, sortir d'une manière discrète. J'étais allée à la Madeleine, pour entendre le commencement d'une conférence de l'abbé Levasseur, en me disant que je m'échapperais ensuite (Zola, Fécondité,1899, p. 413).
2. [Le suj. désigne une chose] Sortir, se dégager. Les produits brûlés s'échappent par une cheminée C ou réchauffent une argile à fritter (C. Duval, Verre,1966, p. 53).
Prononc. et Orth. : [eʃape], (je m')échappe [eʃap]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1100 intrans. Se uns escapet morz ies e cunfunduz « s'enfuir » (Roland, éd. J. Bédier, 3955); ca 1140 Et tendrai quatre pomes ... en mon poing ... Se pome m'en eschapet « [d'une chose] cesser d'être retenu » (Pèlerinage Charlemagne, 503 ds T.-L.); ca 1160 pronom. un poi de gent s'en eschapa, (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 3183); ca 1200 trans. les laiz de la mort ne püent il eschapeir (Moralités sur Job, 363, 37 ds T.-L.); 1559 fig. Perseus ... se laissa echapper de la bouche des paroles si lasches (Amyot, P. Alm., 44 ds Littré); 1580 Un seul exemplaire de Tacite n'a peu eschapper la curieuse recherche de ceux qui desiroyent l'abolir (Montaigne, I, 23 ds Hug.); 1640 l'échapper belle (Oudin Curiositez). Du lat. vulg. *excappare, dér. du b. lat. cappa « sorte de coiffure; manteau, chape, froc », v. chape, proprement « quitter la chape, jeter le froc aux orties » ou « sortir de la chape en la laissant aux mains du poursuivant ». Cette 2ehyp. est retenue par Väänänen, Mél. Gardette, 1966, p. 482. Fréq. abs. littér. : 9 602. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 13 628, b) 14 534; xxes. : a) 12 743, b) 13 753. Bbg. Falk (P.). L'Échapper belle. St neophilol. 1938/39, t. 11, pp. 1-38. − Gottsch. Redens. 1930, p. 53, 116, 287, 343. − Grevisse (M.). L'Auxil. avec échapper. Fr. monde. 1965, no30, p. 29. − Hasselrot (B.). Z. rom. Philol. 1942, t. 62, p. 196. − Lerch (E.). L'Échapper belle... Rom. Forsch. 1940, t. 54, pp. 202-226. − Pichon (É.). Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 175-179. − Roques (M.). Romania. 1940, t. 66, p. 112.