| ÉCARQUILLER, verbe trans. A.− Ouvrir en écartant démesurément : Ducasse − un écarquillé. Il écarquille ses yeux tout ronds, il écarquille ses coudes pointus; il écarquille ses jambes qui tricotent; il écarquille sa bouche coupée en fente de tire-lire...
J. Vallès, Jacques Vingtras,L'Insurgé, 1885, p. 135. − P. métaph. Le phare écarquille la nuit (Céline, Mort à crédit,1936, p. 138). − Emploi pronom. à sens passif. Le tronc bas (...) se divisait presque à hauteur d'homme en cinq ou six maîtresses branches qui s'écarquillaient comme les doigts d'une main colossale (Green, Journal,1928-34, p. 257). B.− En partic., usuel. Écarquiller les yeux. Ouvrir tout grand les yeux avec attention ou étonnement. Les petites filles écarquillent leurs yeux et poussent de profonds soupirs (Musset, Lettres Dupuis Cotonet,1837, p. 524). − Emploi pronom. à sens passif. Les prunelles de Bouvard s'écarquillèrent (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 133). Rem. 1. La plupart des dict. gén. attestent le synon. vieilli écartiller. 2. On rencontre ds la docum. écarquillé, rare. a) Adj. Qui est démesurément ouvert et écarté. Du fond de la place débouchait Pandolphe (...) les dix doigts écarquillés et les yeux ronds de surprise (Gautier, Fracasse, 1863, p. 119). b) Adj. substantivé (en constr. d'attrib. ou d'appos.). Supra exemple. Prononc. et Orth. : [ekaʀkije]. Vedette de renvoi écartiller notamment ds DG, avec la mention ,,vieilli``. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1530 yeux esquarquillez (Palsgr., p. 457); 1594 escartillant les iambes (Satyre Menippee, éd. E. Tricotel, t. II, p. 75). Écarquiller, altération par assimilation consonantique de équartiller, dér. de quart*, préf. é-*, suff. -iller* (v. aussi écarteler). Fréq. abs. littér. : 141 (écarquillé : 99). Bbg. Catach (N.), Mettas (O.). Encore qq. trouvailles ds Nicot. R. Ling. rom. 1972, t. 36, pp. 363-366. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 191. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925] p. 150. |