| * Dans l'article "ÉCAILLE,, subst. fém." ÉCAILLE, subst. fém. A.− Gén. au plur. [L'écaille est considérée comme faisant partie d'un ensemble] 1. Domaine des sc. nat. a) Chacune des petites lames minces et plates, juxtaposées ou imbriquées, qui recouvrent, tout ou partie, la peau de certains poissons ou reptiles et de quelques oiseaux ou mammifères. Écailles de poisson, de serpent; couvert, revêtu d'écailles; écailles rondes, transparentes. Des écailles de sardine dans un panier vide (Queffélec, Recteur,1944, p. 30).Une peau de vipère, c'est rugueux, sec d'écailles, privé de la viscosité défensive de l'anguille (H. Bazin, Vipère,1948, p. 8): Une nuit qu'il faisait très chaud et qu'il lunait doucement, j'entraînai, sans le vouloir, Geneviève à la source. Elle ne parut pas tout d'abord s'émouvoir de ce voisinage; et déjà elle me montrait avec ravissement les écailles luisantes des carpes qui passaient dans l'eau illuminée de lune.
Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 47. − P. métaph. Staline devait dévorer Trotsky. Le vrai requin, le requin authentique a eu raison de celui qui gardait quelque chose d'humain sous ses écailles (Mauriac, Mém. intér.,1959, p. 137). b) Spécialement − BOT. Chacun des organes appendiculaires coriaces et imbriqués formant ou protégeant une partie d'un végétal. Les bulbes du lis, les cônes du sapin sont formés d'écailles; les boutons du marronnier d'Inde, la tige de l'orobanche sont garnis d'écailles (Ac.1835-1932).Les écailles (...) accompagnent les boutons des arbres (...) et leur servent de couverture (Baudrillart, Nouv. manuel forest.,t. 1, 1808, p. 45). − ENTOMOL. Petite plaquette fixée dans le tégument des ailes des lépidoptères par une pointe très fine et qui produit un effet de poussière brillante. Des écailles de papillon (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 91). 2. [P. anal. de forme] a) Élément qui fait saillie. Sur chacun des murs droits, taillés à coups de pic, grossièrement rabotés, les entailles laissées par le pic se hérissent en écailles éblouissantes (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1581). − Spécialement ♦ Domaine de la décoration.Motif ornemental en forme d'écaille de poisson, utilisé en architecture, en broderie, en tapisserie. Les quatre tours aux angles [du château] avaient des toits pointus recouverts d'écailles de plomb (Flaub., Trois contes,St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 77). ♦ Domaine militaire.Chacune des lamelles de métal qui recouvre ou forme une armure. Un croisé vêtu de ses écailles (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 252). b) Petite parcelle qui se détache d'une surface qui s'exfolie. S'en aller en écailles, se détacher par écailles. (Quasi)-synon. croûte, plaque.Le cœur lui battit avec force [à Granville] quand son père (...) frappa rudement à une porte cochère dont la peinture verte tombait par écailles (Balzac, Double fam.,1830, p. 64). − En partic. Éclat qui se détache d'un bloc de pierre que l'on travaille. Le piqueur procède (...) en abattant de petits fragments suivant deux lignes verticales rapprochées, en faisant éclater leur intervalle par écailles (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 286).[On] vit Michel-Ange, à soixante ans, abattre en un quart d'heure plus d'écailles d'un marbre très dur que n'eussent fait trois jeunes tailleurs (Mounier, Traité caract.,1946, p. 181). − MÉD. Plaque croûteuse qui se forme sur la peau, dans certaines maladies. Quand il vit (...) un homme dont le visage livide et comme muet était couvert d'écailles, il reconnut un lépreux (France, Puits ste Claire,1895, p. 155). ♦ [P. allus. aux écailles qui tombèrent des yeux de St Paul quand il recouvra la vue (Actes des apôtres 9, 18)] Il [Paul] se crut guéri (...) De petites croûtes ou écailles tombèrent, dit-on, de ses yeux (Renan, Apôtres,1866, p. 185).Au fig. Les écailles lui sont tombées des yeux. Il s'est rendu compte de son erreur, il découvre la vérité (cf. Ac. 1835-1932). Quelle révélation! Les écailles me sont tombées des yeux. Tout cela est aveuglant (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1185). B.− Gén. au plur. [L'écaille est un demi-ensemble] Chacune des deux valves d'un mollusque bivalve, formée d'une enveloppe dure et calcaire. Écailles de moule. Des bancs d'écailles d'huîtres larges comme des écuelles, que l'on appellerait portugaises (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 187). − P. métaph. L'abbé insistait, rabaissant l'écaille des paupières sur ses yeux trop expressifs (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 10). − Au fig., vx et fam. [P. allus. à la fable de La Fontaine, L'Huître et les plaideurs] Manger l'huître et laisser les écailles. Se réserver la meilleure part d'une affaire. Rem. Attesté notamment ds Littré, Rob. et Lar. Lang. fr. − P. anal. Enveloppe recouvrant la coque d'une noix. Les portes des forteresses seront plus vite brisées que des écailles de noix (Flaub., Trois contes,Hérodias, 1877, p. 172). C.− Gén. au sing. [L'écaille est considérée comme un ensemble] Plaque cornée qui constitue la carapace des tortues marines. Il y adhérait en quelque sorte comme la tortue en son écaille. La rugueuse cathédrale était sa carapace (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 92). − P. méton. Fragment de cette carapace utilisé dans la confection de certains objets. Lunettes, monture, peigne, tabatière d'/en écaille; incrusté d'écaille, monté en écaille; fausse écaille. Ce lorgnon d'écaille que je me souviens d'avoir trouvé sur son bureau (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 814).C'était un manteau en léger lainage bouclé, drapé sur les hanches et avec un gros anneau d'écaille à la ceinture (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 402). − P. anal., RELIURE. Veau écaille. ,,Veau utilisé en reliure dont la surface a été veinée de taches rouges et rendue brillante par l'application d'un produit approprié`` (Brun 1968). Prononc. et Orth. : [ekaj]. Également [ekɑ:j]. Passy 1914 propose [ekɑ:j]. Voir aussi Kamm. 1964, p. 91 : ,,a fermé et plutôt bref``. Fér. Crit. t. 2 1787 écrit écâille. Enq. : /ekaj/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1200 escailhes de dragon (Dialogues Grégoire, 251, 15 ds T.-L.); ca 1256 poissons a escailles (A. de Sienne, Régime du corps, 77, 23, ibid.); b) 1762 bot. « lame en forme d'écaille de poisson enveloppant certains organes de végétaux » (Ac., s.v. écaillé); 2. a) 1230 « armure » (Gaydon, 183 ds T.-L.) − 1606, Nicot; b) 1606 « chacune des lamelles de métal recouvrant certaines armures » (ibid.); 3. ca 1270 « lamelle de peau se détachant dans certaines maladies cutanées » (Huon de Cambrai, St Quentin, éd. A. Långfors et W. Söderhjelm, 1271), attest. isolée; de nouveau 1530 (Lefèvre d'Etaples, Bible, Job ds Gdf. Compl.); 4. 1611 « parcelle qui se détache d'une surface qui s'exfolie » (Cotgr.); 5. 1676 « motif décoratif en forme d'écaille de poisson » (Félibien, p. 39); 6. 1716 « poussière qui recouvre les ailes des papillons » (Réaumur ds Brunot t. 6, 1, p. 575, note 2). B. 1. a) 1416 « matière qu'on tire de la carapace des tortues » (Inv. du duc de Berry ds Gay), attest. isolée; de nouveau 1615 (Inventaire du château de Turenne ds Havard); b) 1539 « carapace de tortue » (Est.); 2. 1474 « valve de coquillage » (Inventaire de la Comtesse de Montpensier, éd. A.-M. de Boislisle, p. 14). De l'a. b. frq. *skalja, dont le type est répandu dans tous les parlers germ. : got. skalja (Feist), ags. sciel « écaille » (ODEE, s.v. shell), angl. shell « coquillage », m. néerl. schelle « écaille »; coquillage; carapace (de tortue) (Verdam), néerl. schil, m. b. all. schelle « écale; coquille, coquillage; écaille » (Lasch-Borchl.). En a. fr., la distinction des représentants de *skalja et de *skala (v. écale) est difficile à établir, en raison notamment de l'ambiguïté des graphies -ail- et -all-. Fréq. abs. littér. : 701. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 275, b) 1 151; xxes. : a) 742, b) 829. DÉR. Écaillure, subst. fém.a) Ensemble des écailles recouvrant, tout ou partie, un animal. Le type de l'écaillure est en rapport avec le genre de vie de l'oiseau (Perrier, Zool.,t. 4, 1932, p. 2966).b) P. anal. Petite plaque mince et légère qui se détache d'une surface. Leur charpente se montrait sous les écaillures du plâtre (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 169).− [ekajy:ʀ] ou [ekɑjy:ʀ]. − 1resattest. 1. a) 1539 escaillures « fragments d'un objet qui se détachent en écailles » (Est.) − 1611, Cotgr.; b) 1823 « partie écaillée d'une surface » (Boiste); 2. 1605 escailleure « ensemble des écailles » (Du Pinet, Dioscoride, II, 60 ds Gdf.), attest. isolée; de nouv. 1870 (Lar. 19e); de écaille, suff. -ure*. − Fréq. abs. littér. : 6. BBG. − Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 126. − Bruneau (Ch.). Romania. 1927, t. 53, p. 243. − Gottsch. Redens. 1930, p. 126. − Pohl (J.). La Maison ds les fr. marginaux. − Rigaud (A.). La Vraie cour des Miracles, Vie Lang. 1969, p. 336. − Staes (D.). Le Lang. de la manutention, Vie Lang. 1972, p. 468. − Walt 1885, p. 66. |