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ÂNONNER, verbe trans.
Péjoratif
A.− Emploi trans. [L'obj. désigne un texte] Lire ou réciter (généralement par ignorance ou incapacité) sans intonation expressive et/ou en hésitant sur les mots ou les syllabes. Ânonner en récitant sa leçon (Ac. 1835-1932) :
1. C'est un détournement de mineure et même de deux mineures. Au-dessous du Christ, là-bas, au fond, le Président, qui a la voix d'un vieux père noble édenté, ânonne pour les jurés une lettre d'amour, dont il souligne chaque mot pour les jurés avec une espèce de malignité de vieux juge, une sorte d'égaiement sinistre, particulier aux gens de justice, dans le silence d'émotion de la salle. E. et J. de Goncourt, Journal,1869, p. 502.
B.− Emploi abs. Lire ou réciter (par ignorance ou négligence) sans intonation expressive :
2. Allez donc entendre du La Fontaine, du Racine, récité dans une école quelconque! La consigne est littéralement d'ânonner, et, d'ailleurs, jamais la moindre idée du rythme, des assonances et des allitérations qui constituent la substance sonore de la poésie n'est donnée et démontrée aux enfants. Valéry, Variété 3,1936, p. 280.
P. ext., rare. [Sans nuance péj.] Lire ou réciter sans intonation expressive :
3. rascasse. − Bon! bon! (ânonnant pour s'en souvenir). Elle aimera le premier à qui elle parlera! Elle aimera le premier qui lui parlera! Elle aimera le premier qui ne lui parlera pas. Achard, Voulez-vous jouer avec moâ?,1924, I, 1, p. 24.
Rem. Pour l'emploi trans., cf. Ac. 1835, 1878 : ,,Il s'emploie quelquefois activement``; Ac. t. 1 1932 : ,,Il s'emploie aussi transitivement.``
PRONONC. : [ɑnɔne], j'ânonne [ʒ ɑnɔn]. Dub. transcrit la 1resyllabe avec [a] ant. Warn. 1968 signale la possibilité d'une prononc. avec [ɑ] post. et avec [a] antérieur.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1606 (Nicot : Asnonner : est delivrer d'un asnon ... et se dit proprement des asnesses; pullum asinarium parere); 2. 1606 « hésiter en lisant (à la manière d'un ânon, c.-à-d. d'un écolier ignorant) » (Hist. macar., II, 267 ds DG : Iceluy avec sa bouche ne fait que asnoner); 1691, 24 juill. « épeler, lire (qqc.) en hésitant » (Sévigné, Lettres, X, 45, éd. Monmerqué, t. 13, p. 48); qualifié de familier par Ac. 1762, Trév. 1771, Ac. 1798-1878, notation non répétée par Ac. 1932. Dér. de ânon*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 73.
BBG. − Bar. 1960. − Caput 1969. − Rog. 1965, p. 37.