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YÉ-YÉ, YÉYÉ, adj. inv. et subst.
A. −
1. Subst. et adj. (Chanteur, musicien français) qui, au début des années 1960, s'inspirait des rythmes de chansons anglo-saxonnes adaptées en français contenant généralement la double onomatopée yea yea traduite en yé yé. Musicien, orchestre yéyé; génération des yéyés. Les chanteurs yé-yé, respectueux des coutumes, se sont toujours contentés d'utiliser les vieilles recettes éprouvées par leurs aînés (Arts loisirs, 30 mars 1966, p. 7, col. 1).En juin 64, B.B., notre Brigitte Bardot nationale (...) déclare: « Oui, j'aime le rock, tout ce qui est rythme est pour moi synonyme de vie. Je ne reproche qu'une seule chose aux yéyés français, la pauvreté de leurs textes! (...) » (J. Barsamian, Fr. Jouffa, L'Âge d'or du yéyé, 1983, p. 169).
2. Subst. Adepte de cette musique dont le développement prit une grande ampleur à cette époque (rassemblements massifs, lancement d'une mode, d'un langage, de journaux, etc.). Race qui depuis 1962 a envahi notre pays, et qui se caractérise par son air particulièrement idiot et la manière dont tous ses ressortissants se trémoussent et battent des mains quand leurs grands prêtres ou prêtressesles idolesse produisent sur les planches. Pour moi un yéyé est un ennemi (L'Aurore, 9 nov. 1964, p. 6).
Rem. Le subst. peut rester inv. ou au contraire prendre la marque du plur.
B. − Adj. [En parlant d'une chose]
1. Qui concerne la musique et le style de ces chanteurs et de leurs fans. Chanson, disque, magazine, mode, musique, presse yéyé; époque, expression, génération, image, période, phénomène, révolution, style, univers, vague, vogue yéyé. Le courant yéyé, électrique ou acoustique, révolté ou amoureux, est le plus étonnant des phénomènes de l'histoire de la chanson française (J. Barsamian, Fr. Jouffa, L'Âge d'or du yéyé, 1983, p. 9).
2. Où se retrouvent les fans, où se produisent les musiciens de cette musique. Concert, boîte yéyé. Du gala yé-yé de la Nation 1963 à « Campus », le chemin parcouru par Europe 1 est bon (Le Monde, 30 janv. 1969, p. 15, col. 4).
C. − Subst. masc. sing. Phénomène yéyé; ensemble des caractéristiques concernant les chanteurs et les partisans de cette musique. Époque, histoire du yéyé. Il peut y avoir dans le yé-yé les ferments d'une non-adhésion à ce monde adulte d'où suinte l'ennui bureaucratique, la répétition, le mensonge, la mort (...) L'exaltation du ye-yé peut porter en germe la fureur du blouson noir, le refus solitaire du beatnik, mais aussi elle peut être la préparation purificatrice à l'état de salarié (Le Monde, 7-8 juill. 1963, p. 12, col. 4).Après lui [Michel Polnareff] et après, sans doute aussi, les événements de Mai 68, le yéyé proprement dit disparaît (J. Barsamian, Fr. Jouffa, L'Âge d'or du yéyé, 1983, p. 299).
En partic. Musique, chanson yéyé. Chanter, jouer du yéyé. [La radio française] est passée du yé-yé au dialogue (Le Figaro, 14 janv. 1969, p. 22, col. 1).
Prononc.: [jeje]. Le yéyé, les yéyé, sans liaison. Étymol. et Hist. 1. 1963 subst. « style d'expression musicale et phénomène social qu'il engendre dans la jeunesse des années 60» (E. Morin, « Salut les copains ». II. − Le yé-yé ds Le Monde, 7-8 juill. 1963, p. 12, col. 4); 2. 1963 empl. à valeur adj. langage « yé-yé » (Combat, 29 oct., p. 2, 6 ds Blochw.-Runk. 1971, p. 294); 3. 1964 « interprète ou amateur de ce style musical » (S. Gainsbourg, Chez les yé-yé, Paris, Sté Nouv. des Éd. Musicales Tutti). Empl., comme terme caractérisant, de l'interj. yea ou redoublée et usitée dans des chansons (d'abord des adapt. fr. de chansons anglo-sax., cf. p. ex. Viens danser le twist, paroles fr. de G. Gosset, éd. Pigalle, trad. de Let's Twist Again, 1961, cf. aussi E. Morin, loc. cit.: à travers le rythme, cette musique syncopée, ces cris de yé-yé, il y a une participation à quelque chose d'élémentaire, de biologique) où elle représente l'anglo-amér. yea(h), var. de l'angl. yes utilisée fréq. comme exclam. par les interprètes ou les auditeurs de musique de jazz et de chant des Noirs amér., puis dans les chansons de rock and roll.