| * Dans l'article "VOMIR,, verbe trans." VOMIR, verbe trans. A. − [Le suj. désigne un animé] 1. a)
α) Rejeter par la bouche, spasmodiquement, des matières contenues dans l'estomac. Synon. débagouler (vulg.), dégobiller (pop.), dégueuler (vulg.), renarder (pop., vieilli), rendre.Vomir son repas. J'ai dégueulé tout ce que j'ai pu (...). J'ai tout vomi la tambouille d'au moins huit jours auparavant (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 392). − Se faire vomir.[Mathilde] combattait l'effet de l'opium avec de la cocaïne (qui en est en quelque sorte l'antidote) puis fumait de nouveau jusqu'à retrouver l'état souhaité, − comme ces goinfres qui se font vomir pour pouvoir encore manger (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 37).
β) Empl. abs. Vomir par-dessus bord; avoir envie de vomir, arrêter de vomir. Le cheval qui en est atteint [d'une déchirure de l'estomac] vomit, manifestation qui lui est interdite sans lésion grave de l'œsophage ou de l'estomac (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 52).V. nauséeux ex. 1. − Vomir de + subst.Garcia possédé par toute cette réverbération, près de vomir d'éblouissement et de chaleur, découvrit le cimetière (Malraux, Espoir, 1937, p. 540). − Loc. verb. Donner envie de vomir, être à (faire) vomir. Donner la nausée, physiquement ou moralement. Mes compatriotes me donnent envie de vomir (Flaub., Corresp., 1870, p. 142).Une marmite où bout la soupe des chiens exhale une vapeur fétide qui vous prend à la gorge et vous fait tousser... C'est à vomir! (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 34). b) Rejeter par la bouche des matières organiques. C'est lui qui vient de cracher ou de vomir tout ce sang. Il en rejette encore, avec des efforts effroyables (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 35).Rieux trouva son malade (...) vomissant avec de grands arrachements une bile rosâtre dans un bidon d'ordures (Camus, Peste, 1947, p. 1231).V. glaire ex. 1. 2. Au fig. a) Rejeter avec dégoût et violence. Synon. abhorrer, exécrer, honnir.Si la France reste la France, elle vomira les menteurs (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 389).Il n'y a nullement lieu de chercher à « excuser » Claudel. Je l'aime et le veux ainsi, faisant la leçon aux catholiques transigeants, tièdes, et qui cherchent à pactiser. Nous pouvons l'admettre, l'admirer; il se doit de nous vomir. Quant à moi, je préfère être vomi, que vomir (Gide, Journal, 1931, p. 1096). − [P. réf. à l'Apocalypse 3/16] Il n'y a que deux sortes de guéris à Lourdes: les croyants que la foi transporte ou les impies déclarés. Les tièdes sont invariablement vomis (Bloy, Journal, 1905, p. 280). − Empl. pronom. réciproque. De cette tolérance, de cette politesse, de cette charité, enfin, qui seules permettent aux hommes de vivre (...) sans se vomir les uns les autres (Toulet, Mariage Don Quichotte, 1902, p. 153). b) Proférer avec violence des paroles ignobles, menaçantes. Pancol (...) se mit à se promener de long en large vomissant des imprécations et des blasphèmes (Fabre, Courbezon, 1862, p. 404).Ce journal de gredins, qui m'insultent journellement, qui vomissent contre moi des injures immondes! (Rolland, J.-Chr., Rév., 1907, p. 495). − Loc. verb. Vomir son venin contre qqn. ,,Dire tout le mal possible d'une personne`` (Ac.). B. − [Le suj. désigne un inanimé] Parfois péj. 1. Lancer, projeter au-dehors. Synon. cracher.Vomir de la fumée, de la musique, de la vapeur. Les mitrailleuses, mises en batterie à l'autre bout [de la rue], vomirent une grêle de balles (Zola, Débâcle, 1892, p. 214).Dans le bras canalisé, une drague halète, vomissant une purée noire sur les berges d'en face (H. Bazin, Qui j'ose aimer, 1956, p. 245). 2. [Le suj. désigne un lieu occupé par un certain nombre de pers.] Donner une issue à, laisser sortir. Synon. déverser.C'était l'heure où les ateliers de nouveau se remplissent et le métro absorbait et vomissait des fourmis à tête d'homme (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 274).La mer achevait de vomir les derniers baigneurs (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 15). REM. 1. Vomissage, subst. masc.Synon. rare de vomissement, vomissure.Au fig. Ce qui se passe dans la capitale n'est pas fait pour m'égayer. J'ai un tel dégoût de ce qu'on y applaudit et de toutes les turpitudes qu'on y imprime, que le cœur m'en soulève rien que d'y songer. Est-ce beau le tapage que l'on fait autour des deux ineptes vomissages des sieurs Lacordaire et Guizot! (Flaub., Corresp., 1861, p. 419). 2. Vomisseur, -euse, adj. et subst.(Celui ou celle) qui vomit. a) [Corresp. à supra A] On peut également en déceler [de l'acétone dans les urines] dans d'autres circonstances, chez certains enfants vomisseurs par exemple, ou chez certains dénutris (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 636).Au fig. Il informe son public (qui sera, un jour, le public de François Coppée,) que je suis un « crapaud visqueux et répugnant » (...), « un pleutre », un « polisson », un « poltron », un « vomisseur d'injures » (Bloy, Journal, 1897, p. 252).b) [Corresp. à supra B] La cité d'Hénoch (...), la ville vomisseuse de fumée (Claudel, Ville, 1901, III, p. 486). 3. Vomitique, subst. masc.Synon. rare de vomisseur (supra a).On dégueulait sans manières, au petit bonheur... Y avait qu'un seul cabinet au coin de la cursive... Il était déjà rempli par quatre vomitiques affalés, coincés à bras le corps (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 146). Prononc. et Orth.: [vomi:ʀ], [vɔ-] (il) vomit [-mi]. Littré, Lar. Lang. fr., Martinet-Walter 1973 [vɔ-]; Barbeau-Rhode 1930 [vo-], [vɔ-]; Warn. 1987 [vɔ-], [vo-]; Rob. 1985 [vo-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1174-76 « rejeter par la bouche les matières contenues dans l'estomac » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 3668); 1623 [éd.] vomir tripes et boyaux « vomir en abondance, longuement et avec beaucoup d'efforts » (Sorel, Francion, p. 382); b) 1690 faire vomir qqn « exciter le dégoût (de quelqu'un, physique ou moral) » (Fur.); 1761 être à faire vomir « être dégoûtant » (Gaudet, Bibliothèque des Petits-Maîtres, p. 181); c) 1316-28 vomir le feu (en parlant d'un cheval) (Ovide Moralisé, éd. C. de Boer, II, 233); 1573 « rejeter par la bouche (du sang) » (Garnier, Hippolyte, 2348 ds Tragédies, éd. W. Foerster, II, p. 79); 2. 1240-80 « proférer des choses odieuses, injurieuses » (Baudouin de Condé, Dits et Contes, éd. A. Scheler, t. 1, p. 66); 1727 [éd.] vomir feux et flâmes « proférer des paroles violentes » (Lesage, Diable boiteux, t. 2, p. 254); 3. a) 1508 (en parlant de choses) « laisser sortir, lancer, projeter au-dehors » (Fossetier, Cron. Marg., ms. Brux. 10511, VII, II, 26 ds Gdf., s.v. vomisseure); b) 1674 fig. « rejeter hors de son sein (en parlant d'une région) » (Racine, Iphigénie, V, 4); c) 1810 « évacuer (en parlant d'un lieu occupé par des personnes) » (Chateaubr., Martyrs, t. 3, p. 226); 4. 1553 vomir les tièdes « rejeter ceux qui n'ont pas assez de zèle pour le service de Dieu » (Bible, Impr. Gérard, Apoc. 3, 16). Du lat. pop. *vomīre, lat. class. vomere « vomir, rejeter en vomissant, cracher », « rejeter » (au propre et au fig.); le traitement du -o- indique que le mot est resté sous l'infl. du lat. écrit, car le terme était surtout employé par les médecins, qui utilisaient souvent le latin. Fréq. abs. littér.: 661. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 701, b) 983; xxes.: a) 1 165, b) 982. Bbg. Quem. DDL t. 27. |