| VOLTIGER, verbe intrans. A. − [Corresp. à voltige A] Domaine des sports, des arts du spectacle. 1. ACROBATIE, CIRQUE. Effectuer des exercices de voltige acrobatique sur une corde lâche ou au trapèze volant. Un Génois, homme très-adroit, descendit tout à coup du haut des tours de Notre-Dame, en voltigeant sur une corde tendue, et portant deux flambeaux allumés (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 408). 2. ÉQUIT. Pratiquer la voltige à cheval comme exercice de manège ou de cirque. Sur ces chevaux, sautant de l'un à l'autre, voltigeant comme un clown de Franconi, galope Conquiaud (Goncourt, Journal, 1854, p. 132). B. − [L'idée dominante est celle de déplacements brefs, rapides et incessants] 1. ART MILIT., vieilli. [Le suj. désigne une troupe de cavalerie légère] Se déplacer rapidement d'un côté et de l'autre tout autour de l'ennemi, pour le harceler. Ce fut en vain que cette cavalerie légère essaya (...) d'arrêter l'ennemi en voltigeant autour de son arrière-garde (Mérimée, Don Pèdre Ier, 1848, p. 38). 2. [Le suj. désigne un insecte, un oiseau] Voler çà et là, de manière incessante et sur de courtes distances. Synon. voleter.[Le] papillon qui, déployant ses ailes, s'échappe promptement et voltige hardiment dans l'éther rayonnant (Nerval, Sec. Faust, Hélène, 1840, p. 258).Des troupes de corneilles, par centaines, voltigent, allant des sillons de la plaine jusqu'aux peupliers des routes (Barrès,Colline insp., 1913, p. 244). 3. P. anal. a) [Le suj. désigne une pers.] Synon. de virevolter.Quelques collègues dont la besogne consistait à voltiger d'auto en auto pour faire payer les amateurs (Queneau, Pierrot, 1942, p. 21).En partic. [Le suj. désigne le mouvement des mains, des pieds] Au fond de ce salon (...) est le clavecin où voltigeaient vos doigts délicieux (Musset, Mouche, 1854, p. 267). b) [Le suj. désigne une chose] − [une chose légère] Se soulever, rester en suspension tout en étant animé de petits mouvements au gré des souffles d'air. Feuilles mortes, papiers qui voltigent; cheveux, rideaux, voiles qui voltigent. Les roues soulevaient deux sillons de poussière qui voltigeaient longtemps derrière la voiture (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1199).Quelques flocons de neige voltigèrent, se posant délicatement, comme avec d'infinies précautions, sur la terre (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 96). − [une chose abstr.] Donner une sensation de déplacement continuel; passer, s'éloigner, puis réapparaître rapidement. Lumière, musique qui voltige. Sur les lèvres voluptueusement modelées, voltigeait un mélancolique et mystérieux sourire plein de douceur, de tristesse et de charme (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 187).Des conversations particulières voltigent encore dans le primitif dortoir (Barbusse, Feu, 1916, p. 202). 4. Au fig. [Le suj. désigne une pers.] Passer rapidement et superficiellement d'une chose, d'une personne, d'un sujet à l'autre, sans s'y arrêter, sans y accorder d'importance. Synon. s'éparpiller, papillonner, virevolter.L'universitaire joli-cœur (...) cause, (...) voltige, (...) papillonne, (...) parle dans le nez de la Princesse (Goncourt, Journal, 1863, p. 1315).Étant donné le soin minutieux de Flaubert, s'il fouille un motif, nous sommes étonnés de voir la nonchalance avec laquelle il déroule son histoire, saute les époques, et voltige lourdement de détail en détail (Cocteau, Poés. crit. I, 1959, p. 19). − En partic., domaine des relations amoureuses. Se montrer particulièrement volage. Synon. papillonner.Maître Alfred L'Ambert, après avoir longtemps voltigé de la brune à la blonde, avait fini par s'éprendre d'une jolie brunette aux yeux bleus (About, Nez notaire, 1862, p. 23). Prononc. et Orth.: [vɔltiʒe], (il) voltige [-ti:ʒ]. Étymol. et Hist. A. Ca 1525-30 milit. « aller de côté et d'autre » (Thenaud, Voy., éd. Schefer, p. 142 ds Gdf. Compl.: Ung soir mismes l'ancre pres une tour et avions conquis en voltegeant la moytié du chemin de Rege et Messine); 1601 (Cl. Fauchet, Fleur de la maison de Charlemaigne, p. 70: Que les chefs s'acoustumassent premierement, et puis leurs soldats, à garder l'ennemy de la campaigne de forcer leurs tranchées en voltigeant). B. Équit. 1. a) 1534 trans. voultiger [forme de l'Ouest] un cheval « (le) faire tourner en rond » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V.-L. Saulnier, chap. 13, p. 95, 15); 1540 voltiger son cheval (N. Herberay des Essars, Le Second livre de Amadis de Gaule, p. 13 ds Hug.) − 1715, Pomey d'apr. FEW t. 14, p. 626b; b) 1542 intrans. « faire de la voltige sur un cheval » (Rabelais, Gargantua, chap. 35 ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 1, p. 133); 2. 1548 p. ext. « faire des exercices d'acrobatie » (N. Du Fail, Baliverneries, éd. G. Milin, p. 5). C. 1. 1545 au fig. « passer d'un objet à un autre, ne pas se fixer » (J. Calvin, Instit. de la religion chrestienne, éd. J.-D. Benoît, I, t. 1, p. 226: la puissance, action ou mouvement qu'ont les creatures, n'est point une chose qui se pourmène et voltige à leur plaisir); 1580 (B. Palissy, De la ville de forteresse ds
Œuvres, éd. A. France, p. 144: mon esprit voltigeoit tantost en une ville et tantost en l'autre); 2. 1572 au propre « voleter çà et là (d'animaux ailés) » (J. Yver, Le Printemps d'Yver ds P. L. Jacob [P. Lacroix], Les Vieux conteurs fr., p. 626); 3. 1653 p. métaph. « (en parlant de choses légères) s'agiter doucement au souffle de l'air » (Le Père P. Le Moyne, Saint-Louys, p. 237). Empr. à l'ital.volteggiare, att. au sens A dep. av. 1470 (Luca Pulci), au sens de « voleter » dep. av. 1484 (Luigi Pulci) et comme terme d'équit. et d'escr. dep. le xvies. (v. Cort.-Zolli), dér. de voltare (volter*). Fréq. abs. littér.: 539. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 871, b) 1 300; xxes.: a) 664, b) 450. DÉR. Voltigement, subst. masc.[Corresp. à supra B 2 et 3] Action, fait de voltiger; mouvement qui en résulte. [Le] voltigement des lessives pendues, où le moindre souffle met en passant des bruits de voiles qui se gonflent (Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p. 233).− [vɔltiʒmɑ
̃]. Att. ds Ac. 1762 et 1835. − 1resattest. a) 1534 équit. (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V.-L. Saulnier, chap. 35, p. 207, 64), b) 1552 « fait de s'agiter au souffle de l'air (d'un objet léger) » (Id., Quart Livre, éd. R. Marichal, chap. 18, p. 103, 20), c) 1594 « action de voler çà et là (d'un animal ailé) » (J. Boucher [écrit Bouchet par erreur ds Gdf. Compl.], Serm. de la simulee convers. de H. de Bourb., p. 328 ds Gdf. Compl.); de voltiger, suff. -ment1*. BBG. − Hope 1971, p. 227. − Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t. 32, p. 183 (s.v. voltigement). − Vidos 1939, p. 338. |