| * Dans l'article "VOLEUR, -EUSE,, subst. et adj." VOLEUR, -EUSE, subst. et adj. I. − Substantif A. − [À propos d'une pers.] 1. [Corresp. à voler2I A et II A] Personne qui s'empare, qui a tendance à s'emparer de ce qui appartient à autrui; celui, celle qui dépossède autrui. Synon. brigand, larron (vieilli), malfaiteur.Bande, chef de voleurs; avoir peur des voleurs; prendre pour un voleur. Il lui mit brutalement la main sur la bouche. − Veux-tu te taire, voleuse de chameaux, vilaine petite mouche. Il l'avait prise par le bras (Benoit, Atlant., 1919, p. 284).Sein n'était qu'une minuscule paroisse et pas tellement chrétienne! Des naufrageurs, des voleurs de matelots! (Queffélec, Recteur, 1944, p. 94).V. cleptomane ex. de Larbaud, larcin ex. de Zola. ♦ Au voleur! [Appel à l'aide d'une pers. que l'on vient de déposséder de son bien] Une Voix: Au voleur! Au voleur! Il a pris la nappe brodée de mon mariage! (Camus, État de siège, 1948, 1repart., p. 225).P. métaph. ou au fig. François déclare qu'il n'a pas de plus grand ennemi que son corps. Bernard crie au voleur! au voleur! pour se défendre contre une dame, son hôtesse (Zola, Rêve, 1888, p. 32). − [Le compl. désigne un lieu où sont déposés de l'argent, des richesses] Je sortis à reculons de la pièce condamnée, tout pâle, tenant le rouleau de cartes serré contre moi, comme un voleur de tombeau que pousse la faim nue (Gracq, Syrtes, 1951, p. 211). − P. anal. ou au fig. Nous rêverions (...) à la maison ailée [le moulin à vent] qui geint à la moindre brise et qui subtilise les énergies du vent. Le meunier, voleur de vent, avec de la tempête fait de la bonne farine (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 71). − Vinaigre* des quatre voleurs. − Voleur, voleuse d'enfant(s). Personne qui enlève un/des enfant(s). Synon. ravisseur.Yvonne (...): Il n'y a rien d'extraordinaire à ce que des maniaques, des fous, des romanichels, des voleurs d'enfants, une famille qui habite une roulotte... (Cocteau, Parents, 1938, i, 2, p. 189). ♦ P. métaph. L'avare se joint par la pensée au cercle actif des métiers. Le désordre là et le doute là, c'est le plus subtil des voleurs. L'homme qui se lasse de son travail, ou qui seulement ne l'aime point, cet homme prend dans ma bourse, sans allonger le bras (Alain, Propos, 1931, p. 1000). 2. Personne qui a pris l'habitude de commettre des vols dont elle tire ses ressources. Il citait les voleuses de profession, celles qui faisaient le moins de mal, car la police les connaissait presque toutes. Puis, venaient les voleuses par manie (...), une névrose nouvelle qu'un aliéniste avait classée, en y constatant le résultat aigu de la tentation exercée par les grands magasins (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 632). ♦ Voleuse à l'abecquage*. Voleuse à l'aile. V. aile III A 2.Voleur, voleuse à l'étalage. V. commissariat ex. 3.Voleur, voleuse à la tire. Synon. de pickpocket.Charles et trois de ses collègues (...) étaient mêlés aux ivrognes ramassés dans le quartier, à de petits voleurs à la tire, à des mecs pris à faire le truc sur le boulevard (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 468). ♦ Voleur de grand chemin*. Synon. brigand.P. anal. Il n'était pas avide, mais seulement fatigué (...). Quatre mille francs tout de suite... Et puis il se ressaisit, et ce fut pour éclater. − Des voleurs de grands chemins! Des détrousseurs! Des bandits! Et je vais le leur écrire (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 175). ♦ Voleur domestique. Personne qui commet un vol domestique. À de très rares exceptions près (...), un cuisinier et une cuisinière sont des voleurs domestiques, des voleurs gagés, effrontés, de qui le gouvernement s'est complaisamment fait le recéleur, en développant ainsi la pente au vol (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 149). ♦ Comme un voleur. À toute allure, comme pour éviter de se faire remarquer et appréhender. Synon. furtivement.Venir comme un voleur. Violaine: Tout beau, maître Pierre! Est-ce ainsi qu'on décampe de la maison comme un voleur sans saluer honnêtement les dames? (Claudel, Annonce, 1912, prol., p. 12).P. métaph. ou au fig. D'où venait ce sentiment d'ennui qui se glissait comme un voleur entre tous les états contraires de son esprit? (Jouve, Paulina, 1925, p. 47). ♦ Être fait comme un voleur. Avoir ses vêtements en mauvais état, en désordre; présenter un aspect inquiétant. Alors vous avez perdu votre nécessaire d'argent! (...) Et votre linge?... Aussi?... Votre trousseau tout entier... Mon Dieu! quelle déroute!... Vous êtes fait comme un voleur! (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 129). ♦ Jouer au gendarme et au voleur. V. gendarme B 1. 3. [Corresp. à voler2I B] Personne qui s'empare de ce qui peut être considéré comme étant la propriété morale d'autrui. Tous ces gens qui tremblent dans des chambres sombres, entourés de leurs chers défunts, suppose que j'assume tous leurs crimes. Suppose que je veuille mériter le nom de « voleur de remords » et que j'installe en moi tous leurs repentirs (Sartre, Mouches, 1943, ii, 1ertabl., 4, p. 65). − Domaine des relations soc., amoureuses.Pour moi, je craindrais plus, comme péril urgent, La voleuse de cœurs que le voleur d'argent (Hugo, Ruy Blas, 1838, iv, 5, p. 431).Personne ne lui contestait son droit, est-ce que Joseph Quesnel le traitait de voleur, parce qu'il avait couché avec une femme dont un autre payait les robes et le toit? (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 480). − P. anal. Quant à l'enfant, le voilà auprès du bon Dieu bien avant nous. C'est un petit voleur de Paradis (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 431). 4. [Corresp. à voler2I D et II C] Personne qui s'approprie et donne comme sien le fruit de l'activité intellectuelle d'un écrivain. Synon. compilateur, copieur, plagieur.Avec les voleurs (...), avec les gens comme Zola... il est besoin de cacher un peu ce qu'on fait (Goncourt, Journal, 1881, p. 136). 5. [Corresp. à voler2I E] Personne qui abuse de la confiance de quelqu'un. Synon. escroc.La loi devrait donner une espèce de défense à l'homme de lettres contre ce voleur de confiance qu'on appelle un éditeur (Goncourt, Journal, 1861, p. 995).V. larron ex. 2. 6. [Corresp. à voler2II B] Personne qui lèse une autre personne dans ses intérêts pécuniaires, sans la priver pour autant de la possession d'un objet matériel, d'une réalité d'ordre spirituel. Synon. aigrefin, escroc, filou.Comme, d'un ton mielleux, il lui dit: « Une messe à sept heures du matin, à huit, à neuf heures, c'est tant », elle le traite de commerçant et de voleur (Renard, Journal, 1902, p. 748). − Personne qui lèse sciemment une autre personne en prenant sur elle un bénéfice excessif ou en ne lui donnant pas ce qui lui est dû. La causerie est tombée sur Tessandier et Segond-Weber, que Porel déclare de vraies voleuses, des acheteuses de bijoux ne payant jamais les bijoutiers, qui finiraient en police correctionnelle, si elles étaient de simples grisettes (Goncourt, Journal, 1893, p. 369).J'expliquai (...) qu'il m'avait proposé des livres. − Tu sais que son père, qui est un marchand d'antiquités, est un voleur (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 47). ♦ [En constr. antéposée avec valeur expr.] Ces voleurs de joailliers imitent si bien les pierres, qu'on n'ose plus aller voler dans les boutiques de bijouterie (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 337).Elle (...) réclamait la république et la guillotine, pour débarrasser la terre de ces voleurs de riches, engraissés du travail des meurt-de-faim (Zola, Germinal, 1885, p. 1476). B. − [À propos d'un animal] 1. [Corresp. à voler2I A] Mammifère, oiseau s'emparant, par la ruse ou par la force, d'un autre animal, d'une réalité naturelle, d'un objet fabriqué. Un pluviomètre ayant été volé dans une tente, un sorcier (...) avait si furieusement agité une sonnette au bout d'une corne qu'une hyène était venue rapporter le pluviomètre. Cette hyène était la voleuse (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 114). 2. [Corresp. à voler2II B] HIPP. (Beau) voleur a) Cheval ayant belle apparence, doué d'un cachet de finesse, d'énergie, de vigueur, mais manquant d'excitabilité physiologique et dont le rendement est insuffisant (d'apr. Tondra Cheval 1979). b) ,,Cheval sous-estimé qui fait une grosse cote`` (Esn. 1966). C. − [À propos d'un inanimé] 1. [Corresp. à voler2I A] a) [L'inanimé désigne une réalité naturelle] − Région. (Lorraine romane). Raisin blanc, qui semble se cacher sous les feuilles de la vigne (d'apr. France 1907). − ,,Épi à barbes aiguës d'une graminée sauvage très commune en plaine sur les bords des chemins`` (Rob. 1985). Deux enfants (...) jouaient à s'enfoncer dans le cou de ces épis d'herbes, qu'on nomme à la campagne des « voleurs » (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 583). b) [L'inanimé désigne un objet fabriqué] − PUBLIC. Voleur de lumière. ,,Matériel ne comportant aucun éclairage propre, mais paraissant lumineux par utilisation d'une source d'éclairage extérieure`` (ac. sc. comm. 1987). − TYPOGR., au plur. ,,Bouts de papier qui produisent des moines [sur la feuille imprimée]`` (Chautard 1937, p. 122). Synon. larron (v. ce mot II B). 2. [Corresp. à voler2I A et II A] − Arg., région. (Flandre, Ouest, Suisse romande). ,,Fil qui se détache de la mèche d'une chandelle et consomme en pure perte le suif`` (France 1907). − TECHNOL. Voleur de fenêtre. ,,Type de brouilleur qui réémet le signal reçu avec une puissance supérieure à celle de l'écho radar normal et décale progressivement le signal par rapport à l'écho réel de façon à fausser les mesures de distance d'un radar de conduite de tir`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983). 3. [Corresp. à voler2I B; en constr. antéposée avec valeur expr.] Quéq'tu veux qu'nous fichions dehors d'un temps pareil? Ah! garce de pluie! voleur de temps! Dire que v'là pus d'deux s'maines qu'on crève dans sa peau pour qu'au jour d'aujourd'hui que nous sommes en balade, nous puissions même pas ficher un pied dehors! (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 107). 4. [Corresp. à voler2II B] − Arg. typogr. Ligne à voleur. V. ligne II D 3 e. −
ŒNOL. Outil utilisé pour enlever du bois à l'intérieur d'un fût, sur les douelles situées à proximité de la bonde, pour donner ainsi à ce fût l'apparence trompeuse d'une contenance réelle qu'il n'a pas (d'apr. Ren. Vin 1962). II. − Adjectif A. − [Corresp. à voler2I A et II A] Qui s'empare, qui a tendance à, qui a l'habitude de s'emparer de ce qui appartient à autrui; qui dépossède autrui, qui a tendance à, qui a l'habitude de le déposséder. 1. [À propos d'un être humain, d'un attribut de la pers.] Voleur comme une pie. Il croyait sentir les petites mains voleuses qui se glissaient au fond de ses poches, il n'avait plus de tranquillité (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 95).Du linge; des affaires de toilette. Je ne suis pas bien sûr de lui rendre jamais tout cela. Mais ce qui prouve que je ne suis pas voleur, c'est que les papiers que voici vont m'occuper bien davantage (Gide, Faux-monn., 1925, p. 997). 2. [À propos d'un animal] Pie voleuse. Alors commence la discussion quotidienne au sujet du chien qui devient sourd, de la chatte qui est voleuse (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 181). B. − [Corresp. à voler2I B] Qui manifeste l'habitude de, une propension à s'emparer, sans en avoir le droit, de ce qui peut être considéré comme la propriété morale d'autrui. Une femme lui dit Tu n'invoques personne Crois-tu donc au hasard qui coule au sablier Voleur (Apoll., Alcools, 1913, p. 92). − Domaine des relations amoureuses.L'image d'une femme y était entrée [dans sa pensée], occupant toutes les avenues, se mêlant à tous les détours, souveraine, voleuse, inexpugnable (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 87). C. − [Corresp. à voler2II B] Qui manifeste l'habitude de, une propension à léser sciemment une personne dans ses intérêts pécuniaires, lors d'une transaction. Synon. malhonnête; anton. honnête.Toutes deux rivales (...) demandaient des prix impudents, puis, après des marchandages furieux de bouchères voleuses, donnaient un peu d'elles (...), pour décider les gros achats (Zola, E. Rougon, 1876, p. 330).Une domestique voleuse réclame ce qui ne lui est pas dû (Bloy, Journal, 1895, p. 171). Prononc. et Orth.: [vɔlœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1480 fauconn. « chasseur au vol » (G. Coquillart, Monologue Coquillart, 28, éd. M. J. Freeman, p. 273: chasseurs, volleurs, tous telles gens); 2. 1690 (Fur.: on appelle un oiseau bon voleur, ou beau voleur, quand il vole bien et sûrement). B. 1. a) [1516 « personne qui s'empare du bien d'autrui » (Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier[d'apr. le ms. Paris B.N. Dupuy, vol. 743, de la 2emoit. du xvies.], éd. V.-L. Bourrilly, p. 33: audict an [1516] [...] courroient parmy le royaume de France plusieurs maulvais garçons appelez voleurs, rependeuz en divers lieux [...] lesquelz [...] pilloient et tueoient [...] dont il y en eut ung, prisonnier à la Conciergerie, nommé Nicolas); 1526 (ibid., p. 229: audict an [1526], le mecredy dix septiesme janvier, un nommé Nicolas, qui estoit le maistre des voleurs)] 1526 (Chronique parisienne de Pierre Driart, éd. F. Bournon, p. 113: le XVIIejour du moys de janvier [1526], fut bruslé [...] ung quidam nommé Nicolas, volleur, lequel avoit esté environ dix ans en prison); 1547 (N. Du Fail, Propos rustiques et facecieux, éd. J. Assézat, t. 1, p. 27: brigans, voleurs); 1549 (Est.: voleurs [...] voleurs de benefices); 1585 adj. (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, t. 2, p. 103: la teste d'un Gentil-homme voleur); 1599 (Lasphrise, La Nouvelle tragi-comique ds Anc. théâtre fr., t. 7, p. 471: un noble au sang voleur); b) α) 1585 au voleur! (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, t. 2, p. 102: criant, au voleur, au larron);
β) 1643 fait en voleur « qui a un aspect inquiétant, des vêtements en mauvais état ou en désordre » (Corneille, Suite du menteur, I, 1); 1808 fait comme un voleur (Hautel);
γ) 1674 expr. biblique comme un voleur « à l'improviste, sans prévenir » (Boileau-Despréaux, Epistres, III, 44, éd. A. Cahen, p. 23: le jour fatal est proche et vient comme un voleur [cf. I Thess. 5, 2]); 1683 (Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche, éd. J. Truchet, p. 237: Je viens, dit Jésus-Christ, comme un voleur [cf. Apoc. 3, 3]);
δ) 1845 jouer au gendarme et au voleur (Flaub., 1reÉduc. sent., p. 19); c) 1648 voleur de grand chemin (G. Patin, Lettres, éd. P. Triaire, p. 603); 1668 voleur domestique (Racine, Les Plaideurs, II, 14); 1828-29 voleur à la tire (Vidocq, Mém., t. 4, p. 322); 1832 voleuse d'enfants (Hugo, N.-D. Paris, p. 263); 2. a) 1578 fig. (Ronsard,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 17, p. 330: Les soudars m'ont pillé, tu as ravy mon cœur: Tu es plus grand voleur); b) 1620 « plagiaire » (Th. de Viau,
Œuvres poét., 1repart., éd. J. Streicher, p. 9); c) 1690 « personne qui lèse autrui (dans une transaction commerciale) » (Fur.). A dér., au moy. du suff. -eur2*, de voler1* empl. comme terme de fauconn. B issu de A p. métaph., selon un développement sém. analogue à celui qu'a connu le lat. involare (> embler*), le vol (action de dérober) étant comparé à la chasse au vol. Fréq. abs. littér.: 2 145. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 940, b) 4 072; xxes.: a) 3 710, b) 2 199. DÉR. Volereau, subst. masc.,vx, fam. Voleur sans envergure; voleur qui manque d'habileté. [Le brigandage, en Grèce] est une source de gains illicites pour un certain nombre de volereaux qui s'associent au nombre de trente ou quarante pour dévaliser un voyageur tremblant, ou quelques villageois qui reviennent du marché (About, Grèce, 1854, p. 352).− [vɔlʀo]. Att. ds Ac. 1798-1878. − 1reattest. 1651 (C. Macheret, J. de ce qui s'est passé de mémorable à Lengres, éd. E. Bougard, t. 2, p. 136 ds Fonds Barbier: bagage, femmes, enfans et plusieurs volereaux qui butinoient); de voleur, suff. -eau* (cf. Nyrop t. 3, § 56 et § 391). |