| VOLATILISER, verbe trans. A. − CHIM., PHYS. Faire passer à l'état de gaz, de vapeur. Synon. évaporer, sublimer, vaporiser.La lave bouillonnante emplissait le corral, volatilisait l'eau du petit rio qui le traversait (Verne, Île myst., 1874, p. 599).Le principe de l'opération [dorure au mercure] consiste à enduire la pièce à dorer d'amalgame d'or et à volatiliser le mercure par la chaleur (Gasnier, Dépôts métall., 1927, p. 50).V. infusible ex. de Cournot. − Empl. pronom. Projeté sur les charbons ardens, il [l'arsenic blanc] se volatilise en une fumée blanche (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 101).Le parfum se volatilise (Claudel, Tobie et Sara, 1940, II, 7, p. 1256). B. − Souvent au passif. Faire disparaître, anéantir rapidement. 1. [En parlant d'une chose concr. ou d'une pers. physique] Son train stoppé en avant de la gare d'Altona avait été volatilisé (...) son convoi commença à se liquéfier par le wagon de queue, et, tout aussitôt, tout entra en fusion (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 286).Toute une ville [Hiroshima] volatilisée, ça devrait tout de même les gêner [les Américains]! (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 221). ♦ Empl. pronom. Le firmament avait changé d'aspect. Les flots d'encre s'étaient volatilisés et taris, les aspérités des nuages s'étaient fondues (Huysmans, À rebours, 1884, p. 166).Nadine (...) s'était volatilisée; c'est ici qu'elle devait être, tout juste ici, et elle n'y était pas (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 198). − En partic. Voler. Synon. escamoter, subtiliser.Mais oui, madame (...) Dix billets de mille, hier, volatilisés, soufflés sur la table même du patron (Estaunié, Appel route, 1921, p. 177). 2. [En parlant d'une chose abstr. ou d'une pers. considérée du point de vue psychique] Des messieurs très contents d'eux-mêmes, mais qui se seraient effrités instantanément, et volatilisés sur l'heure, si l'on avait dit auprès d'eux un seul petit mot qui fût vrai (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 197).Tu as une façon de volatiliser tout mot un peu profond que je te dis, de le rendre inexistant, soit en n'y répondant pas, soit en répondant à côté (Montherl., Fils personne, 1943, II, 4, p. 305). − Empl. pronom. Je crains tant que parmi notre alchimie exquise Le vrai du sentiment ne se volatilise, Que l'âme ne se vide à ces passe-temps vains (Rostand, Cyrano, 1898, III, 6, p. 130).Comment un tel amour a-t-il pu se volatiliser? (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 528). REM. 1. Volatilisant, -ante, part. prés. en empl. adj.,chim., phys. Qui fait passer à l'état de gaz, de vapeur. Grillage volatilisant. Fusion réductrice et volatilisante (...): elle donne du métal et de l'oxyde volatil que l'on recueille (Guillet, Techn. métall., 1944, p. 121). 2. Volatilisé, -ée, part. passé en empl. adj.,chim., phys. Qui est passé à l'état de gaz, de vapeur. L'éther volatilisé embaumait la chambre (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 591).Il régnait une odeur (...) d'alcool pur volatilisé (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 34). Prononc. et Orth.: [vɔlatilize], (il) volatilise [-li:z]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1611 trans. « transformer en vapeur » (Cotgr.); 1781 pronom. petits globules qui se volatilisent (Barruel, Les Helviennes, p. 20); 1784 part. passé adj. les parties volatilisées de l'or (Bern. de St-P., Ét. nat., t. 2, p. 318); 2. 1799 id. fig. « qui a acquis de la subtilité » pensée ... subtilisée ou volatilisée (Courier, Lettres Fr. et Ital., p. 668); 1832 trans. « rendre une chose si subtile, si ténue, qu'elle en arrive presque à disparaître » (Hugo, N.-D. Paris, p. 209); 1846 pronom. « devenir subtil, délicat à l'excès » d'où « disparaître très rapidement » la fumée se volatilisant dans l'air (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, p. 264); 3. 1921 fig. « dérober, escamoter » (Estaunié, loc. cit.). Dér. sav. de volatil*; suff. -iser*. Fréq. abs. littér.: 65. DÉR. Volatilisable, adj.,chim., phys. Qui peut passer à l'état de gaz, de vapeur. L'huile est pompée au sommet d'un évaporateur dans lequel se dégagent les parties volatiles. La partie non vaporisée se rassemble au bas de l'appareil et est traversée par un courant de vapeur qui entraîne les dernières portions volatilisables (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 81).− [vɔlatilizabl̥]. − 1reattest. 1823 phys. (Bégin, Boisseau, Jourdan..., Dict. des termes de méd., chir., art vét. ds Fr. mod. t. 37, p. 40); de volatiliser, suff. -able*. BBG. − Blochw.-Runk. 1971, p. 355. − Gohin 1903, p. 363. − Quem. DDL t. 21. |