| * Dans l'article "VOILE2,, subst. fém." VOILE2, subst. fém. A. − 1. Pièce de tissu résistant en fibres naturelles ou synthétiques, montée sur le mât d'un voilier, de façon à recevoir l'action du vent pour faire avancer l'embarcation. Bateau à voiles; marine à voiles; voiles d'évolution, de propulsion; voiles basses, majeures; voiles auriques, carrées, latines; voiles d'artimon, du beaupré, du grand mât, de misaine; manœuvrer des voiles; la voile bombe, claque, s'enfle, s'incline, ralingue; amener la voile; larguer, hisser les voiles. Je vois un port rempli de voiles et de mâts (Baudel., Fl. du Mal, 1857, p. 40).Les maisons, où l'on entrait en passant sur un petit pont de bois étaient, toutes alignées au bord d'un fossé qui descendait la rue, comme autant de barques, voiles carguées, amarrées dans le calme du soir (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 237).V. enverguer ex. de Hugo et de Verne. − P. anal. Ensemble des toiles qui garnissent et actionnent sous l'effet du vent les ailes d'un moulin à vent. Il adressa une requête aux meuniers, sollicitant de leur bienveillance les vieilles voiles de tous les moulins à vent de la contrée (Zola, Contes Ninon, 1864, p. 190). 2. Locutions ♦ À pleines voiles. Avec les voiles entièrement déployées. P. métaph. La France entière était sur un radeau; elle avait besoin, après trois années d'expédients et de misères, de se retrouver voguant à pleines voiles sous le plus noble pavillon (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 15, 1857, p. 315).Au fig. À pleines voiles. Totalement, sans restriction, de tout cœur. Il entre aussitôt, à pleines voiles, dans les raisons qu'on lui oppose (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 484). ♦ Toutes voiles dehors. Toutes voiles hissées pour atteindre la vitesse maximale. Au fig. Toutes voiles dehors. Avec ostentation. Toutes particularités que la situation de reine de Mmede Guermantes lui avait permis d'exhiber plus facilement, de faire sortir toutes voiles dehors (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 494). ♦ Mettre les voiles au vent, mettre un navire à la voile, mettre à la voile. Appareiller. Je disais donc, monsieur, que les vaisseaux anglais, Bien plus que nos vaisseaux, mettent au vent leurs voiles, Et sur l'eau portent moins de bois et de toiles (A. Dumas père, Christine, 1830, I, 1, p. 208).Un soir (...) à Jersey (...) une corvette mettait à la voile (Hugo, Quatre-vingt-treize, t. 1, 1874, p. 17).Au fig., pop., fam. Mettre les voiles. S'esquiver, partir précipitamment. Après quinze jours de cette comédie, M. Valmoral a voulu épater ses copains et sortir avec sa conquête. Il voulait mener Maxime dans une boîte de nuit. Moi, je le suppliais de mettre les voiles. Mais mon Maxime se marrait et il me traitait d'idiote (Cocteau, Théâtre poche, 1949, p. 93). ♦ Faire voile pour, vers. Naviguer vers, à destination de. Un navire faisait voile pour le Levant, toutes les précautions furent prises (Balzac, Facino Cane, 1836, p. 383). ♦ Faire force de voiles. V. force II C 3. ♦ Faire petites voiles. Naviguer doucement, avec une voilure réduite. Incertain de la direction de cette côte, qui n'avait jamais été explorée, je fis petites voiles au sud-sud-ouest (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 240). ♦ Mettre toutes voiles dehors, mettre voile à tout vent. Au fig. Mettre tout en œuvre pour réussir. Vraiment elle met toutes voiles dehors pour plaire (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 283). ♦ Avoir le vent dans/sur ses voiles. Au fig. Bien réussir dans ses affaires (d'apr. Ac. 1935). ♦ Avoir du vent dans les voiles. Au fig., fam. Être ivre au point de ne pas pouvoir marcher droit. La vraie comtesse (...) s'apprêtait à boire encore, bien qu'ayant déjà du vent dans les voiles (L. Daudet, Phryné, 1937, p. 78). ♦ À voile et à vapeur ; être, marcher à voile et à vapeur. V. vapeur1B 1. − Proverbe. Il faut tendre (la) voile selon le vent. Il faut savoir adapter ses projets, ses aspirations aux circonstances (d'apr. Besch. 1845). B. − P. méton. Bâtiment à voiles, voilier. Flotte de mille voiles. Enfin on signala la flotte de Castille, forte de quatre-vingts voiles, dont vingt galères de Séville, dix de Portugal (Mérimée, Don Pèdre Ier, 1848, p. 386). C. − 1. Navigation à la voile; durée de cette navigation. Être à un jour de voile. Plaignons-les, songeons aux dangers qu'ils vont courir. Truphénus seul parmi eux a quelques notions de la voile (A. Daudet, Port-Tarascon, 1890, p. 198). 2. Sport ou divertissement pratiqué sur un engin dont le mode de propulsion est le vent. a) Sport nautique dont la pratique consiste à manœuvrer, seul ou non, un bateau à voiles. Faire de la voile; club, école de voile. Claude Rosenthal (...) allait faire de la voile en Seine avec de jeunes boursiers (Nizan, Conspir., 1938, p. 124). b) Char à voile. Véhicule à quatre roues muni d'une voile utilisé pour des compétitions sportives sur les plages du Nord. En hiver, les planchistes ne ramènent pas trop « leurs chars ». Ils préfèrent remiser leur matériel en attendant les beaux jours. Ils ont tort car, sans se jeter à l'eau, ils peuvent hisser les voiles et jouer la fille de l'air. Il suffit pour cela de fixer le gréement (mât et voile) de leur planche sur ce char à voile biplace spécialement conçu à cet effet (Le Point, 19 janv. 1981, p. 26, col. 2). c) Planche à voile. V. planche I B 2 c. d) Vol à voile. V. vol1A 2 et C 2. REM. Voile-contact, subst. fém.,parach. Figure acrobatique de groupe. Le parachutisme de compétition offre une grande variété de figures et de disciplines. La voile-contact se pratique à huit ou à quatre et consiste, à plus de 2 000 mètres, à prendre appui sur le parachute d'un équipier et à constituer une chaîne en rotation (Magazine hebdo, 31 août 1984, p. 45, col. 3). Prononc. et Orth.: [vwal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1155 veilles « morceau de forte toile attaché aux vergues des mâts d'un navire » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 5113); ca 1160 voilles (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 202); 1176 la voile tendue (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 250); 1463 grant voille (Arch. Nord, B 3537, 125759 ds IGLF); 1687 la grand' voile, les basses voiles (Abbé F. T. Choisy, Journal du Voyage du Siam, p. 128 et p. 159); 2. loc. a) 1204 a plainne voille (Guiot, Bible, éd. J. Orr, 2363); 1555 mettre la voile au vent (Ronsard, Odes, éd. P. Laumonier, t. 7, p. 61); 1559 faire grande voile ou petite « porter toutes ses voiles ou une partie » (Id., Suite de l'hymne du Cardinal de Lorraine, 83, t. 9, p. 149); 1559 se mettre à la voile (Amyot, Périclès, éd. L. Clément, p. 57); 1678 se tenir sous voiles (Guillet 3epart., p. 342); 1678 forcer de voiles (ibid., p. 343); 1773 avoir toutes voiles dehors (Bern. de St-P., Voyage à l'Île de France, p. 25); b) 1306 faire voile « naviguer » (Joinville, Vie de Saint Louis, éd. N.-L. Corbett,127); 1572 faire voile à (Ronsard, La Franciade, I, 1117, éd. P. Laumonier, t. 16, p. 85); 1615 faire voile en (A. de Montchrestien, Traicté Œconomie Politique, p. 285); 1726 faire voile vers (Abbé J. J. Barthelemy, Voyage du Jeune Anacharsis, p. 443); 1727 faire voile pour (A. M. Ramsay, Les Voyages de Cyrus, p. 170); 3. loc. fig. 1559 aller à pleines voiles « aller vite » (Amyot, Caton, 7 ds Littré: son intention estoit d'aller à pleines voiles, en manière de parler); 1609 à pleines voiles « sans restriction » (Malherbes, Poésies, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 117: quand la faveur à pleines voiles, Toujours compagne de vos pas); 1652 mettre voile au vent « s'enfuir » (Corneille, D. Bertran de Cigarral, V, 6); 1831 mettre toutes voiles dehors (Balzac, Corresp., p. 503); 1858 faire force de voiles pour que... (Hugo, Corresp., p. 279); 1900 mettre les voiles (d'apr. Chautard Vie étrange Argot); 1916 avoir du vent dans les voiles (Barbusse, Feu, p. 262: il évoque la vision de la nuit où l'on est monté aux tranchées [...] y en avait du vent dans les voiles cette nuit là); 1925 se sentir du vent dans les voiles « se mouvoir avec rapidité » (Pourrat, Gaspard, p. 67). B. 1369 p. méton. « voilier » (Guillaume de Machaut, La Prise d'Alexandrie, éd. L. de Mas-Latrie, 2435). C. 1. 1797 « voyage sur un bateau à voiles » (Voy. La Pérouse, t. 4, p. 157: aucun voyage n'a été aussi vaste. Nous avons déjà passé un an sous voile); 1848 un jour de voile (Chateaubr., Mém., t. 1, p. 478); 2. 1855 sports (Le Sport, 12 avr. ds Petiot 1982: l'élite des régatiers à la voile). D. 1864 vol à voile « navigation aérienne », v. vol1. Du lat. pop. *vela « voile », plur. neutre pris pour un subst. fém. sing. de velum « voile de navire » (ordinairement utilisé au plur. vela, -orum). On rencontre en a. fr. le subst. masc. veil, issu directement du lat. velum: déb. xiies., Benoît de Saint-Maure, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 209. STAT. − Voile1 et 2. Fréq. abs. littér.: 5 294. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10 544, b) 9 264; xxes.: a) 6 643, b) 4 552. DÉR. 1. Voilerie, subst. fém.,mar. Atelier où l'on fabrique, où l'on répare les voiles. Art de confectionner les voiles. Travaux de voilerie (Lar. Lang. fr.). − [vwalʀi]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1resattest. a) 1691 « atelier où l'on confectionne les voiles » (Ozanam), b) 1872 « art de confectionner les voiles » (Littré), c) 1876 « magasin où l'on garde les voiles » (Lar. 19e); de voile2, suff. -erie*. 2. Voilette, subst. fém.,mar. ,,Petite voile et nom de la voile moyenne du grand mât, dans les galères françaises du XVIIes.`` (Jal.). − [vwalεt]. − 1reattest. 1593 (Du Chesne de La Violette, Le Grand miroir du monde, livre 6 ds Ritter, Les Quatre dictionnaires français, Genève, H. Kündig ds Extrait du B. de l'Inst. nat. genevois, t. XXXVI, p. 531: on y voit son Nautil qui apprend dedans l'eau A tirer l'aviron la coque de son bateau De sa queuë lui sort une peau tendrelette Qu'il tend, et qui lui sert d'une prompte voilette), attest. isolée, 1832 (Raymond); de voile2, suff. -ette (-et*). BBG. − Goug. Mots. t. 1. 1962, p. 211. − Kemna 1901, pp. 43-44 (et s.v. voilière). − Quem. DDL t. 36. |