| VOÛTER, verbe trans. A. − Empl. trans. 1. Couvrir d'une voûte; terminer une construction en forme de voûte. Après avoir voûté trois mille mètres d'égouts sur tous les points de la ville, de la rue Traversière-Saint-Antoine à la rue de Lourcine, (...) l'ingénieur Duleau est mort (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 525).Les Grecs n'ont pas jugé à propos de voûter leurs édifices (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 78). 2. a) Courber momentanément ou durablement son dos vers l'avant. Tiennot, qui conduit, ne dit rien; il voûte son dos. Baptiste voûte le sien pareillement (Renard, Lanterne sourde, 1893, p. 240).La vision rouge du cardinal-archevêque de Paris (...) voûtant sa haute taille, la penchant tout d'un côté (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 104).[P. méton. de l'obj.] Vos Rites, jalonnés de sales bibliothèques, Ont voûté mes vingt ans, m'ont tari de chers goûts (Laforgue, Complaintes, 1885, p. 71). b) MARÉCHALERIE. ,,Rapprocher les branches d'un fer à cheval`` (St-Riquier-Delp. 1975). B. − Empl. pronom. 1. Qqn se voûte.Courber son dos vers l'avant, notamment sous l'effet de la fatigue ou de l'âge. Jean tire deux fois. Benga se voûte brusquement, mais ne tombe pas (Sartre, Engrenage, 1948, p. 197).V. parchemin C ex. de Aymé.[P. méton. du suj.] Son dos s'était voûté, ses jambes le soutenaient à peine, molles comme celles d'un homme qui va avoir la grippe (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 562). 2. Qqc. se voûte.Présenter une forme de voûte. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [vute], (il) voûte [vut]. Ac. 1694, 1718: vouter ; dep. 1740: voûter. Étymol. et Hist. 1. Ca 1213 vostez « couvert d'une voûte » (Fet des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 45, 34); fin xiiies. [ms.] voltez (Renart, éd. M. Roques, X, 9752, var. ms. H); 1437 vaulter « couvrir d'une voûte » (Charte de Chaalis, D. Gren., 315, no48, B. N. ds Gdf. Compl.); 2. 1437 vostee « en forme de voûte » (Reedif. du pont, A. Orléans, ibid.); 1539 vouter « courber, donner une forme cintrée » (Est.); 1539 se vouter « prendre une forme cintrée, se courber » (ibid.); 1680 (Rich.: Vouter. C'est forger un fer qui soit creux pour les chevaux qui ont le pié comble); av. 1560 vouter « donner à une partie du corps une courbure anormale vers l'avant » (Dubell., IV, 65, recto ds Littré); 1575 se dit d'une personne dont le dos devient courbe (Paré,
Œuvres, XVII, 8, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 611a: Ceux qui sont voutés, ayant l'espine courbée). Dér. de voûte*; suff. -é*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 66. DÉR. 1. Voûtement, subst. masc.a) Archit. ,,Ensemble, système des voûtes d'un édifice ou d'une partie d'édifice`` (GDEL). b) Fait pour une personne d'être voûtée. Le front agrandi et comme allégé, penchait en avant; sur la nuque, un foulard, plié en long, soulignait le voûtement des épaules (Martin du G., In memor., 1921, p. 574).− [vutmɑ
̃]. − 1reattest. 1864 (Goncourt, Journal, p. 91); de voûter « se courber (de quelqu'un) », suff. -ment1*; cf. au xvies. voultement « voûte » (ds Gdf.). 2. Voûture, subst. fém.,région. (Berry), vieilli. Voûte que forme la végétation. − De quoi te plains-tu? me disait cependant Huriel (...). Est-ce qu'on ne respire pas autrement sous ces grandes voûtures de branches? (Sand, Maîtres sonneurs, Paris, Garnier, 1980 [1853], p. 158).− [vuty:ʀ]. − 1reattest. 1364 volture « voûte, arcade » (Guillaume de Machaut, Voir-Dit, éd. P. Paris, 2637) − 1660, Oudin, Fr.-Esp., conservé dans le parler berr., v. FEW t. 14, p. 621a; de voûter, suff. -ure1*. |