| VIRIL, -ILE, adj. A. − [P. oppos. à féminin] 1. Qui est propre à l'homme, au sexe masculin; qui est caractéristique de l'homme d'un point de vue physique. Synon. mâle, masculin.Air viril; beauté, figure virile; traits virils. Vin d'homme [un vin du Rhin], il ne doit être touché que par des lèvres viriles et ne circuler que dans de mâles poitrines (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1837, p. 128).Toutes les opérations viriles et féminines sont respectivement des dépendances de la charrue ou du pot-au-feu (Proudhon, Pornocratie, 1865, p. 10).V. femme ex. 1. 2. Qui concerne uniquement des personnes du sexe masculin. Sport viril; amitié, camaraderie virile. Les Misérables sont un roman sans femmes, je veux dire sans amours autres qu'épisodiques et conventionnelles (...). Le roman héroïque est un roman viril (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p. 253).Pour certains d'entre nous, le visage de nos frères défigurés par les balles, la grande fraternité virile de ces années ne nous quitteront jamais (Camus, Actuelles I, 1944, p. 24). 3. Relatif au sexe masculin. Attributs virils; parties viriles. Il n'est pas une manifestation de l'instinct sexuel, surtout de l'instinct viril, qui ne s'accompagne d'agressivité (Mounier, Traité caract., 1946, p. 557). ♦ Membre viril. V. membre I B 1 b. 4. [En parlant d'un homme] Qui a un comportement sexuel, un instinct sexuel normalement développé. Anton. efféminé.Homme viril, pas très viril. Qu'est-ce à dire Non seulement ma barbe pousse mais ma moustache aussi (...) Je me sens viril en diable Je suis un étalon De la tête au talons Me voilà taureau (Apoll., Tirésias, 1918, I, 1, p. 886).[Le petit garçon] liquidera normalement le complexe d'Œdipe pour devenir plus tard un homme totalement viril qui saura conquérir la femme aimée (Choisy, Psychanal., 1950, p. 81). − [En parlant de ce comportement, de cet instinct] Synon. érotique, sexuel.Désirs virils. Ivresse à caresser les seins durs, les ventres étroits, les genoux émouvants des femmes, besoins virils, âme gâtée, il hésitait. Il hésita toute sa vie (Faure, Hist. art, 1914, p. 401).Toutes ces qualités dont plusieurs sont réputées mâles, me laissaient perplexe. Leurs habitudes érotiques, leurs préférences n'étaient guère plus concluantes. Les traditions incestueuses des Maloret portaient-elles témoignage de l'ardeur virile des chefs de famille? (Aymé, Jument, 1933, p. 274). B. − [P. oppos. à enfantin, puéril] Qui est relatif, propre à l'homme adulte. Force, jeunesse virile. Nul autre passager que les deux petits Anglais. Nous nous apercevons alors qu'ils voyagent sans gouverneur (...). Cette précocité virile dans les enfants anglais nous frappe encore à Douvres, dans le petit interprète de l'hôtel. Il y a grand avantage à avoir ainsi voyagé seul et reçu l'éducation des choses et de l'expérience (Michelet, Journal, 1834, p. 122).L'âge viril commence à l'instant, quel qu'il soit, Où l'on ne compte plus sur d'autre appui que soi (Augier, Jeunesse, 1858, p. 330). − ANTIQ. ROMAINE. Robe* virile. Toge* virile. C. − [En parlant d'une pers. adulte, de son comportement, de ses attitudes, indépendamment du sexe] 1. Qui a les caractéristiques culturellement attribuées à l'homme adulte (rigueur, force, énergie morale, intellectuelle et physique). La femme est un être inférieur, elle obéit trop à ses organes. Pour moi, la femme n'est belle que quand elle ressemble à un homme! « Aussi ces petites duchesses qui sont viriles par la tête ont-elle écrit des chefs-d'œuvre... Oh! c'est beau, d'un bout à l'autre (...) » (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 618).Il croyait viril d'imposer ses caprices; mais on lui cédait comme à une femme nerveuse (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 109). 2. Qui est propre aux hommes, caractéristique des hommes adultes. Aspect, effort, esprit, geste, goût, héroïsme, idéal, style, regard, tempérament, ton, travail viril; action, activité, allure, âme, autorité, brutalité, colère, conduite, conscience, éducation, élégance, énergie, fierté, grâce, joie, imagination, intelligence, maturité, morale, pensée, plume, pudeur, sagesse, tendresse, voix virile; sentiments virils; manières, qualités viriles. Mes condisciples étaient (...) tous les individus placés à un degré de civilisation inférieure, portés à une sorte d'affection virile, à une estime exagérée de la force corporelle, à un certain mépris des femmes et de ce qui leur paraît féminin (Renan, Souv. enf., 1883, p. 137).C'était un garçon d'une vingtaine d'années avec un petit visage impertinent qu'il essayait de rendre viril en laissant friser le long de chaque oreille des pattes blondes taillées en forme de yatagan (Green, Chaque homme, 1960, p. 208).V. femme ex. 21. − P. métaph. Routes de brises et d'orages, routes viriles dans les champs humides, routes féminines dans les villes (Éluard, Capitale douleur, 1926, p. 118). 3. DR. CIVIL. Part virile. V. part1I B 3 a.Portion virile. V. portion B. Prononc. et Orth.: [viʀil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xives. « qui appartient à l'homme en tant que mâle » membre virili (Venj. N. Seigneur en Prose, éd. A. E. Ford, 1099); 1549 membre viril (Fousch, 300A ds R. Ling. rom. t. 49, p. 490); 1503 [éd.] semences genitables ou viriles (Champier, Prophet. des Sebilles ds Gdf. Compl.); 2. 1495 [éd. 1531] « digne d'un homme, ferme, énergique » Par coustume virile (J. de Vignay, Mir. hist. ds Delb. Notes mss); 3. 1534 « qui est propre à l'homme dans la force de l'âge » En son eage virile (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, chap. III, p. 31, ligne 14); d'où 1701 robe virile « toge que les jeunes Romains prenaient à leur majorité » (Fur.); 1835 toge virile (Ac.); 4. fin xvies. dr. portion virile (C.G.I., p. 925 ds La Curne). Empr. au lat. class.virilis « d'homme, de mâle; fort, vigoureux », dér. de vir « homme ». Fréq. abs. littér.: 615. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 503, b) 1 016; xxes.: a) 961, b) 1 063. DÉR. 1. Virilement, adv.De façon virile, énergique. Agir, se conduire virilement. Les jeunes femmes portent une espèce de toque russe en fourrure (...). Quelques audacieuses beautés (...), virilement, hardiment, coiffent le chapeau d'homme en feutre vert (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 504).− [viʀilmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1460-63 combattre ... virilement (Guillaume Coquillart, Trad. de la guerre des Juifs ds
Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, t. 2, p. 317); de viril, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 24. 2. Virilisme, subst. masc.a) Méd. État d'une personne du sexe féminin qui présente un développement des caractères sexuels secondaires de type masculin (pilosité développée, voix grave, psychisme de type masculin, etc.) et une régression des caractères sexuels secondaires de type féminin (manque de développement ou régression des seins, absence ou arrêt de la menstruation, etc.). Virilisme pilaire; virilisme physique, psychique. Le virilisme relève soit de l'administration de fortes doses de testostérone ou de cortisone, soit d'une production excessive d'hormones androgènes (Méd. Biol.t. 31972).V. hirsutisme ex. de Mounier.b) Zool. ,,État d'une femelle qui possède les caractères mâles, tant dans l'aspect physique que dans le comportement`` (Villemin 1975). − [viʀilism̭]. − 1reattest. 1924 méd. (Le Gendre ds Nouv. Traité Méd. fasc. 7, p. 390); de viril, suff. -isme*. BBG. − Blumenthal (P.). Die Linguistik des Weingeschmacks. Z. fr. Spr. Lit. 1979, t. 89, pp. 111-112. − Demarolle (P.). Contribution à l'ét. lexicol. d'un ms. de la B.M.de Nancy. Actes du 4eColloque Internat. sur le Moy. Fr. Publ. par A. Dees. Amsterdam, 1985, p. 7 (s.v. virilement). − Quem. DDL t. 10; 20 (s.v. virilisme). |