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* Dans l'article "VIELLE,, subst. fém."
VIELLE, subst. fém.
HIST. DE LA MUS.
A. − [Dans le haut Moy. Âge] Instrument à cordes et à archet, ancêtre de la viole, qui se jouait appuyé sur l'épaule ou plus rarement serré entre les genoux. La vièle, grâce à ses cinq cordes, avait en moyenne une tessiture plus large que le rebec (P. Bec, Vièles ou violes ?1992, p. 323).
B. − Vielle (à roue). Instrument dont la caisse sonore a la forme d'un luth, dont les cordes (deux cordes mélodiques et deux ou quatre cordes faisant office de bourdon) sont mises en vibration par une roue actionnée au moyen d'une manivelle et qui était en usage du Moyen Âge au xviiies. et aujourd'hui dans la musique folklorique de la Bretagne et du Centre. La vielle grince, nasille, résonne; jouer de la vielle; moudre, tourner la vielle. Quand il prenait sa vielle, celui-là, et qu'il en sonnait, on se sentait des fourmis aux jarrets et les doigts de pied marquaient d'eux-mêmes la reprise (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 136).V. ménétrier ex. de Genevoix.
Prononc. et Orth.: [vjεl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Arts et litt., 1935, p. 36-16: vièle (v. P. Bec, loc. cit.). Cette orth. est choisie lorsqu'il s'agit de l'instrument à archet. Étymol. et Hist. 1. 1155 vïele « sorte de grand violon dont les cordes sont mises en vibration par un archet » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 3700); 2. 1636 « instrument de musique dont les cordes sont mises en vibration par une roue » (Monet) [cf. 1549 (Est.: une vielle de quoy jouent communeement les aveugles)]. Forme fr. corresp. à l'a. prov. viola (viole*). Sur les rapports entre vielle et viole*, v. Adenet le Roi, Cleomadès, éd. A. Henry, p. 722 et P. Bec, Vièles ou violes? (v. réf. supra). Fréq. abs. littér.: 60.
DÉR. 1.
Vieller, verbe intrans.Jouer de la vielle. On entend aussi les jongleurs, qui chantent et qui viellent (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 197). [vjele], [vjε-], (il) vielle [vjεl]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. ca 1140 (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 837); terme du domaine d'oïl (cf. l'hapax a. prov. vïelar av. 1280, Daude de Pradas, Poésies, éd. A. H. Schutz, XIV, 56), dér. de vielle*. Cf. aussi l'a. prov. violar (dep. fin xiies.) auquel corresp. l'a. fr. vïoler (xiiies.), v. FEW t. 14, p. 367b et P. Bec, Vièles ou violes? pp. 200-207.
2.
Vielleur, -euse, vielleux, -euse, subst.Joueur, joueuse de vielle. Entrée d'un café à la devanture soutenue par des piliers de bois (...). Devant le café, un vielleur, une marchande d'oublies, de petits Savoyards (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 159).[Un] vielleux au milieu d'un carrefour assemblera plus de gens que ne ferait un bon prêcheur évangélique (A. France, Rabelais, 1909, p. 45). [vjεlœ:ʀ], [vjεlø], [vje-], fém. [-ø:z]. Ac. 1694-1878: vielleur (id. ds Littré); 1935: vielleur ,,on dit aussi au masculin vielleux``. Rob. 1985: ,,La forme vielleux est régionale``. − 1resattest. a) ca 1180 vielur (Thomas, Tristan, fragm. ms. Oxford, Douce, éd. B. H. Wind, 772), 1778 vielleuse (Ac.), b) 1532 vielleux (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, XX, 77, p. 161); de vielle, a suff. -eur2*, b -eux* à valeur péj. (Nyrop t. 3,234).