| VIEILLARD, -ARDE, subst. et adj. I. − Substantif A. − 1. Au masc. sing. Homme ayant atteint un âge avancé. Synon. aïeul, ancêtre, patriarche, vieux.Je ne suis plus qu'un pauvre vieillard, mangé de goutte et de rhumatismes, criblé de douleurs et d'infirmités (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 266).La face de M. Thibault rayonnait de renoncement et de mysticité, au point que l'on n'en apercevait plus les bouffissures ni les rides, au point que cette figure de vieillard avait la candeur d'un visage d'enfant (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 736). SYNT. Vieillard aimable, catarrheux, cynique, débauché, décharné, décrépi, gâteux, grincheux, impotent, infirme, malade, mourant, obstiné, original, ratatiné, respectable, ridicule, tremblant, valide, vénérable, (encore) vert, vicieux; affreux, admirable, auguste, beau, bon, doux, exécrable, gros, honnête, infortuné, malheureux, malin, noble vieillard; devenir un vieillard; vieillard de cent ans; vieillard en haillons, sans défense, sans pitié; vieillard à barbe blanche, à cheveux blancs. − SOCIOL. Homme très âgé dont le grand âge et l'expérience permet(tait) dans certaines sociétés, d'accéder au pouvoir et à la direction des affaires. Société dirigée par des vieillards. Il y avoit (...) un chef nommé fiscal, espèce de censeur public, élu par les vieillards (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 436).Au Queensland, tous les vieillards formaient un conseil qui réglait les affaires d'État (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 319). − [Dans une périphrase désignant un personnage précis] Le vieillard de Téos. Anacréon. De l'aveugle qui dit le courage homicide De ce divin guerrier, fils de la Néréide, Du vieillard de Téos et du Thébain Pindare (Moréas, Sylves, 1896, p. 224). ♦ Vieillard (de comédie). Personnage ridicule, se faisant facilement duper. Synon. barbon.Vieillard amoureux berné par une jeune femme rusée, c'est presque le thème du Barbier de Séville (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 126). 2. Gén. au masc. plur., empl. coll. Personne âgée, homme ou femme. Soyons doux et compatissants pour les vieillards, eux qui ne saluent plus que de loin toutes les joies, et qui regardent, d'un air pensif, défiler les prouesses de leurs beaux ans (Amiel, Journal, 1866, p. 265).Considéré naguère encore comme un vieillard, le sexagénaire passe actuellement à juste titre pour relativement jeune (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 800). ♦ Grand vieillard. Personne ayant atteint au moins l'âge de quatre-vingt cinq ans. Chez les grands vieillards les fractures de l'extrémité inférieure du radius et de l'épaule (...) constituent une indication de la méthode (Judet, Fractures membres, 1948, p. 21) On assiste aujourd'hui dans notre société à un phénomène nouveau: le groupe des personnes âgées est de plus en plus important, mais il est aussi en meilleure santé et plus actif que jadis. C'est la montée des « vieux jeunes », comme les gérontologues appellent maintenant les personnes du troisième âge, qui ont entre 65 et 74 ans, par opposition aux « vieux vieux » (75 à 84 ans) et aux « grands vieillards » (85 ans et plus) (Le Point,24 nov. 1980, p. 87, col. 1). − INSTIT. SOC. ♦ Pension pour vieillards. Aide accordée aux personnes âgées. La loi du 22 floréal (...) institua l'assistance médicale gratuite à domicile, les pensions aux vieillards, les secours aux mères de familles nombreuses (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 412). ♦ (Établissement) pour vieillards. (Établissement) accueillant des personnes âgées et leur assurant le gîte, le couvert et les soins nécessaires à leur état de santé. Foyer, hospice de vieillards. M. Bellaguet s'était offert plusieurs fois à la placer dans une maison de vieillards, mais elle s'y était refusée avec tant de force qu'il avait dû y renoncer (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 139).Mon frère! Il m'enverrait à l'asile des vieillards plutôt que de me loger chez lui (Montherl., Célibataires, 1934, p. 747). 3. Au fém., rare. Femme très âgée. a) [Avec une nuance péj.] Ernée est une affreuse petite ville bête et plate où il y a une vieillarde hideuse qui tient une horrible auberge (Hugo, Fr. et Belg., 1885, p. 51). b) [À l'époque mod., tend à devenir un simple substitut intensif de vieille] J'ai causé avec un vieillard et une bonne vieillarde de ce temps-là (Dupanloup, Journal, 1851-76, p. 69).À 34 ans, vous n'êtes pas une vieillarde. L'auriez-vous oublié? (Elle, 19 juill. 1976, p. 25, col. 3). 4. P. comp. et p. métaph. Avoir l'aspect d'un vieillard, une démarche, des idées de vieillard; ressembler à un vieillard, paraître un vieillard; être comme un vieillard. D'une voix chevrotante comme celle d'un vieillard, je répondis par un remerciement négatif (Balzac, Lys, 1836, p. 38).Sa haute taille courbée, sa démarche fléchissante, lui donnaient l'allure d'un vieillard (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 216). B. − 1. P. anal. Individu jeune ayant l'aspect physique ou la mentalité d'un vieillard. Contrainte par ses parents à un mariage de convenance avec un jeune vieillard (Bourget, Irrépar., 1884, p. 46).Des vieillards de quinze ans briguent la succession (...), suivent au collège des cours de bonneteau politique (Bernanos, Gde peur, 1931, p. 21). 2. Au fig. ou p. métaph. a) [Pour désigner un inanimé concr.] [Le chêne] est le vieillard des bois (Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p. 242).Les chambres vraiment sont de bons vieillards Et ce sont aussi de bonnes aïeules (Rodenbach, Règne sil., 1891, p. 23). b) [Pour désigner un inanimé abstr.] Le Temps, injurieux vieillard (Baudel., Fl. du Mal, 1860, p. 65).Rien ne vit plus en nous: nos amours et nos haines Sont de pâles vieillards sans force et sans vigueur (Gautier, Poés., 1872, p. 214). II. − Adj. (ou en appos.) A. − [En parlant d'une pers. ou d'un coll.] Ce peuple vieillard compte ses années par celles du globe; il est l'aîné de tous les peuples de la terre (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 300).Par la gravité de ses mœurs et l'austérité de sa vie, il se montre déjà vraiment vieillard (Billy, Introïbo, 1939, p. 147). B. − [En parlant d'un inanimé] J'ignore quelle est la fatale influence, quel espoir de vertige plane sur notre gouvernement. Est-ce la froideur vieillarde? (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830, p. 101). REM. 1. Vieillardeau, subst. masc.,rare. Synon. de vieillard (avec une valeur diminutive et péj.) Deux vieillardeaux évêques (...) se promenaient (...) dans le parc de Saint-James (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 447). 2. Vieillardement, adv.,rare. À la manière d'un vieillard. S'habiller vieillardement. Je tousse si vieillardement, que je dois justement redouter par la chaleur qu'il fait de passer d'un endroit chaud à un endroit frais (Balzac, Lettres Étr., t. 1, 1837, p. 419). Prononc. et Orth.: [vjεja:ʀ], fém. [-aʀd]. Ac. dep. 1694: vieillard. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1155 subst. (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 5033: li sage hume et li veillart); b) 1370 au plur. désignant les personnes âgées (Oresme, Ethique, éd. A. D. Menut, p. 424); c) 1788 fém. (Fér., qui le qualifie de ,,grossier barbarisme``); 2. a) 1775 nom d'une espèce de singe (Valm.); b) 1779 nom d'une espèce d'oiseau (Buffon, Hist. nat. des oiseaux, t. 6, p. 398). Dér. de vieil, v. vieux; suff. -ard*; l'anc. lang. a empl. vieillard comme adj. du xiies. au xvies. (v. Gdf. et Hug.) encore empl. sporadiquement, supra. Fréq. abs. littér.: 6 399. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 13 579, b) 9 716; xxes.: a) 8 495, b) 5 309. Bbg. Glaser (K.). Le Sens péj. du suff. -ard en fr. Rom. Forsch. 1910, t. 27, p. 939. |